Face aux multiples attaques des villages du Mali par les terroristes, le Parti pour la renaissance nationale (PARENA) exprime son ras-le-bol. Tiébilé Dramé et les siens appellent les autorités de la transition à « rassembler le pays pour endiguer l’insécurité et sauver la nation ».
Le président du PARENA a repris du service avec son décompte de personnes victimes d’attaques terroristes dans le pays. Les tueries de masse perpétrées à Ouatagouna, Dirga, Kaarou et Daoutegeft, le 8 août dernier, par les groupes terroristes qui ensanglantent le Sahel depuis plusieurs années, n’ont pas laissé indifférent le patron du parti du Belier blanc.
Dans une déclaration sur la situation sécuritaire au Mali, Tiébilé Dramé, plus de 50 villageois ont été massacrés, victimes d’une violence aveugle que rien ne saurait justifier. De très nombreux blessés ont été recensés, des troupeaux de bovins, d’ovins et de caprins ont été enlevés.
Tout en adressant ses condoléances attristées aux familles endeuillées et ses veux de prompt rétablissement aux blessés dans un esprit de solidarité aux populations de la zone des trois frontières (Burkina, Mali et Niger), le Parti du bélier blanc est, par ailleurs, vivement préoccupé par la persistance et l’aggravation de l’insécurité dans plusieurs régions du Mali. Il interpelle notamment le gouvernement de transition sur la détérioration de la situation sécuritaire au Centre devenue une menace pour la cohésion de la Nation.
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« Le nombre d’écoles fermées est un des principaux indicateurs de l’insécurité : plusieurs centaines d’écoles sont fermées affectant quelques milliers d’enseignants et des centaines de milliers d’enfants qui se retrouvent à la rue. Plusieurs villages du centre du Mali sont coupés du reste du pays depuis le début de la saison des pluies. Sous blocus des groupes armés terroristes, les habitants de ces villages sont interdits de travaux champêtres et de toutes formes de relations avec leurs voisins. Le bétail des paysans est emporté. Les femmes et les jeunes filles sont contraintes de porter le voile par des assaillants armés », a pointé du doigt le président du comité exécutif du PARENA.
Situation sécuritaire critique
Tiébilé Dramé insiste que ces informations sont régulièrement portées à la connaissance des autorités civiles et militaires. Des exemples de cette dégradation sécuritaire ne cessent de s’allonger. Périodiquement, des affrontements sanglants opposent les assaillants djihadistes et les donsos dans cette partie du Centre. L’asphyxie des villages d’exploitants agricoles de l’Office du Niger aura des conséquences sur la production céréalière. Les tensions actuelles dans plusieurs villages rappellent ce qui s’est passé à Farabougou l’an dernier.
Pendant plus de trois mois (entre décembre et mars 2021) des érudits du Haut Conseil Islamique dépêchés à Farabougou avait réussi à apaiser les tensions et jeté les bases d’un accord entre acteurs locaux. Les tensions persistent dans toute la zone. Les habitants sont devenus des otages impuissants. Ainsi, depuis le 8 juillet, les entrées des villages de Diambé, Songo et Barikoro (secteur de Diabaly) sont bloquées par des hommes armés. Deux notables dont le chef des donsos, Ngoloba Coulibaly ont été tués.
Dans la nuit du 8 au 9 août, le puits à grand diamètre de Songo, source d’approvisionnement du village en eau depuis des décennies, a été dynamité. Des explosifs ont été posés sur le pont, unique voie reliant Songo à Diabaly. Les 10 et 11 août, les habitants de Songo ont été réveillés, terrorisés par des coups de feu tirés par des hommes armés postés aux environs du village.
A 50 kms de Ségou, le village de Dlonguebougou, dans la commune de Doura est sous blocus depuis le 5 juillet. Les travaux champêtres sont suspendus. Interdiction stricte de cultiver. Le 3 août, deux chasseurs ont été exécutés par les djihadistes dans un bois proche du village. Selon des témoignages des villageois, le 7 août, à la recherche des corps, 20 donsos sont morts suite à l’explosion des cadavres sous les habits desquels des explosifs avaient été enfouis.
En exprimant sa solidarité avec tous les villages sous embargo, le PARENA en appelle au sursaut de toute la Nation devant la « Farabougouïsation » rampante du Centre qui risque de s’étendre à d’autres régions.
Le PARENA poursuit que chaque jour apporte son lot de mauvaises nouvelles relatives à l’insécurité dans les régions de Mopti, Ménaka, sur les routes du Sud, à l’Ouest du pays, au Sahel occidental (attaque, le 17 juillet, contre les chantiers de la route Kwala-Mourdiah-Nara: destruction d’engins lourds de travaux, enlèvement de personnels expatriés.
Comme remèdes à la situation sécuritaire dégradante, l’ex-ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, non moins médiateur de la crise malienne à Ouagadougou, propose que le pays tout entier doit prendre la pleine mesure des dangers qui nous guettent. « Dans ces circonstances graves, la Nation doit être rassemblée en bloc derrière nos forces de défense et de sécurité », insiste Tiébilé Dramé.
Aussi, le PARENA lance un appel aux autorités militaires et civiles, aux forces vives afin de créer les conditions de l’union nationale, du rassemblement national, du sursaut de toutes les filles et de tous les fils du pays pour endiguer l’instabilité et l’insécurité qui représentent une menace pour l’existence de l’État et de la Nation. Le Haut Conseil Islamique nest pas du reste, pour « offrir, de nouveau, ses bons offices ».
Restauration de la légalité républicaine et constitutionnelle
Singulièrement, le parti de Tiébilé Dramé exhorte le Premier ministre Dr Choguel Kokalla Maïga, dans ces circonstances, « à renoncer à ses projets qui divisent le pays » comme, les « assises nationales de la refondation », à « épargner les deniers publics destinés à cette opération hasardeuse ».
Par ailleurs, le PARENA invite les autorités de la transition à se concentrer sur l’essentiel : la restauration de la légalité républicaine et constitutionnelle à travers la tenue d’élections crédibles sur la base d’un code électoral consensuel.
Cyril Roc DACK