Le 14 novembre de l’an de grâce 2023, l’Armée malienne fit une entrée non négociée dans la ville emblématique de Kidal. Cette première depuis une décennie est incontestablement une victoire qui force l’admiration au-delà de nos frontières. Elle est la résultante des efforts soutenus des autorités de la transition et de l’esprit de sacrifice jamais démenti de nos soldats. Je m’incline devant la mémoire de tous ceux dont le sacrifice ultime a permis que ce jour de gloire soit. Je salue la détermination de nos autorités.
La reconquête de Kidal revêt une importance significative pour plusieurs raisons. La première étant notre devoir envers nos ancêtres et notre responsabilité envers les générations futures de préserver la terre de nos ancêtres. Nous avons l’obligation de préserver le Mali de Kayes à Kidal.
Deuxièmement, l’occupation de Kidal était une plaie profonde dans la conscience collective de tous les Maliens de l’intérieur comme de la diaspora. Sa reconquête constitue donc un symbole important et un soulagement pour restaurer la dignité de tous les Maliens. Il faut espérer que le retour de l’État central à Kidal contribuera à la réduction des foyers de tension persistant au Nord et au Centre du pays, atténuant ainsi les problèmes de sécurité. Il ne faut cependant pas céder à un angélisme militant : nous sommes encore en guerre.
Au demeurant, cette éclatante victoire doit être utilisée à bon escient. Elle doit servir de tremplin pour renforcer continuellement les capacités opérationnelles de notre armée. Elle doit surtout nous permettre de gagner la paix. Elle nous oblige à resserrer davantage les rangs et à renforcer l’union sacrée autour du Mali. Nos forces de défense et de sécurité doivent redoubler d’efforts et de vigilance et s’acquitter de leurs nobles et difficiles missions dans le respect strict du droit international humanitaire.
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Aussi, la reconquête de Kidal devrait être suivie par le retour de l’État dans la région. Nous devons apprendre des crises passées et éviter les écueils qui ont conduit aux rebellions successives depuis les années 1960. Bien que des facteurs externes, tels que la crise libyenne et l’intervention de l’OTAN, aient joué un rôle, les causes profondes locales et nationales, notamment politiques, ne doivent pas être négligées. Les aborder demeure un impératif fondamental.
Dans ce contexte, il est urgent de restaurer l’autorité de l’État et de rétablir les services sociaux de base, y compris la santé, l’éducation, la justice et la sécurité. Il convient également de renforcer la légitimité de l’État en créant les conditions de confiance avec la population.
En clairs, la reprise de Kidal devrait ouvrir la voie à une réconciliation nationale véritable pour tirer les leçons du passé et briser le cycle infernal des crises à répétition. Cela nécessite l’instauration d’un sentiment d’appartenance nationale suffisamment fort pour que les populations acceptent les règles de l’État.
De nombreux défis subsistent et notre engagement à les relever honorera la mémoire du capitaine Traore et de tous les militaires et civils qui ont perdu la vie lors de cette crise. Le pays a vacillé dangereusement cette fois. Il nous incombe de nous assurer que cette crise soit la dernière en restant debout car c’est debout que l’histoire s’écrit.
Je voudrais conclure par ces mots du Président Modibo Keita à l’occasion de l’an II de l’indépendance du Mali : « C’est avec confiance que nous abordons cette nouvelle étape. Il nous faut réussir. Nous réussirons « In Shaa Allah » parce que le Mali ne périra pas ; parce que nous voulons être les dignes héritiers de nos ancêtres, les artisans d’un Mali resplendissant de prospérité intérieure et de rayonnement international » !
Dieu nous confère la sagesse de percevoir ce qui est bon pour notre pays et nous confère le courage de le défendre en toutes circonstances.
Allah bénisse le Mali !
Maître Malick Coulibaly , Ancien ministre
