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Opération Barkhane : Est-ce vraiment la fin ?

Empêtrée dans le sable mouvant du Sahel, Barkhane, l’Opération militaire française censée venir à bout du terrorisme, a fini par s’essouffler. Est-ce vraiment la fin de l’hégémonie militaire française dans cette partie de l’Afrique ?

De Serval à Barkhane et Takuba, la France a opté pour la fin de toutes ces opérations. Le président Emmanuel Macron l’a officiellement déclaré ce mercredi 9 novembre 2022. L’opération s’achève sur un incontestable sentiment d’échec dans le Sahel, car plusieurs localités ont sombré de plus belle dans la violence avec une présence accrue des groupes armées terroristes.

Neuf ans après le déploiement de Serval en 2013 (devenue Barkhane en 2014), Emmanuel Macron a annoncé en milieu de semaine et de manière officielle, la fin de l’opération Barkhane au Sahel. La mobilisation des troupes françaises à l’époque avait suscité une grande euphorie et un espoir au sein de la population malienne. Avec ce retrait, la France laisse derrière elle un gout d’inachevé et une image fortement ternie.

« J’ai pris la décision, en coordination avec d’autres acteurs, de mettre fin à l’opération Barkhane » : c’est donc par ces mots, que le chef de l’Etat a définitivement mis fin à une opération d’envergure, qui s’achève sur un incontestable sentiment d’échec. L’Elysée avait fait savoir, dès le 10 juin 2021, que l’opération prendrait fin sans que la France ait « terminé le travail » au Tchad, au Mali, au Niger, au Burkina Faso et en Mauritanie, où jusqu’à quelques 5 500 soldats qui ont été déployés.

Cette présence française, initialement motivée par les menaces terroristes qui pesaient dès 2012 sur le pouvoir malien, sous pression des rebelles d’opposition, a également permis à Paris, de poursuivre son objectif de sécurisation des mines d’or et d’uranium notamment présentes dans le grand Sahara africain. Ainsi, le 1er août 2014, pas moins de 3 000 militaires avaient été déployés par Paris, avant que le ministère de la défense n’annonce, en 2018, une première augmentation des effectifs, portant leur nombre à 4 500. En février 2020, le ministère des armées a ensuite acté une seconde augmentation de 600 soldats, faisant ainsi passer le nombre de soldats affectés à l’opération Barkhane à 5 100. Au plus fort de la présence française, ce sont 5 500 militaires qui ont été recensés sur place.

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Les liens entre Paris se sont fortement détériorés après un premier coup d’Etat en août 2020, suivi par un second, perpétré neuf mois plus tard par des militaires maliens. Depuis, le président de la transition malienne, Assimi Goïta, dirige le pays, sur fond de crispation avec la France.

Quel bilan doit-on retenir de cette intervention ?

Les chiffres officiels font par ailleurs état de 59 soldats ayant perdu la vie depuis le début de l’opération. Interrogées sur la question, plusieurs maliens estiment que cette présence des forces françaises au Mali n’a servi à rien. « On s’attendait à mieux mais nos espoirs ont été anéantis. Je n’aurai jamais pensé qu’une si grande puissance militaire comme la France ne ferait pas le poids face aux GAT. Elle s’est illustrée de la pire manière possible car les militaires français ont commis trop de bavures » déclare IB.

En effet, en janvier 2021, alors que la France est toujours sous les feux des critiques, les militaires de Barkhane avaient bombardé un cortège de mariage, tuant au moins 19 civils près du village de Bounti au centre du Mali. Mais plutôt que de reconnaître immédiatement sa responsabilité, le ministère des Armées entre dans un déni intenable en prétendant que la frappe a ciblé des terroristes. Très vite, cette version est mise à mal par les témoignages publiés par la presse internationale et dès le mois de mars, l’ONU enfonce le clou en publiant un rapport mettant clairement en lumière la mort de 22 personnes dont 19 civils innocents.

Pire, Bamako avait qualifié « d’obscurantisme de la junte française nostalgique de pratique néocoloniale, condescendante, paternaliste et revancharde », dixit le chef du gouvernement de la transition qui avait également ajouté que la France avait « commandité et prémédité des sanctions inédites, illégales, illégitimes et inhumaines de la CEDEAO et de l’Union économique et monétaire ouest-africaine contre le Mali ». D’ailleurs, Bamako avait déposé une plainte en ce sens, contre la France au Conseil de sécurité de l’ONU.

Ahmadou Sékou Kanta

L’Observatoire

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