Ousmane Ambana, étudiant en Lettres, à l’université des Lettres et des Sciences Humaines de Bamako
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Ousmane Ambana sur l’atteinte aux mœurs via les réseaux sociaux : « La justice malienne doit veiller au respect des textes »

Dans un pays comme le nôtre, on a l’intime conviction que les jeunes ne lisent pas. Et pourtant, on a également l’habitude de dire que l’espoir d’un pays se repose sur sa jeunesse. Avec l’avènement des réseaux sociaux, la société a connu beaucoup de bouleversement et de mutation au point que notre société encaisse des coups. Nelson Mandela a rappelé qu’une nation qui lit est une nation qui gagne. Quelle alternative pour remédier à cela ? M. Ousmane Ambana, étudiant en Lettres, à l’université des Lettres et des Sciences Humaines de Bamako, répond via cette interview ci-dessous.

Le monde qui nous entoure nous a aujourd’hui dominés à travers l’utilisation anarchique des réseaux sociaux qui regorgent des choses incompatibles avec nos us et coutumes. C’est devenu l’endroit où la plupart des jeunes s’adonnent entièrement au rap, à l’humour ou à la comédie. De nos jours, la nation, l’honnêteté, la dignité ont été foulées aux pieds, à force de rechercher à gagner en célébrité, oubliant les études au profit de la toile.

L’Observatoire : Au regard de ce phénomène qui gangrène nos sociétés, quelle analyse faites-vous ?

Ousmane Ambana : La toile est devenue un monde où tout est exposé, banalisé et travesti. Les valeurs sociales sont bafouées. Le mauvais usage de ce nouveau phénomène entraine la société dans déchéance culturelle. Il urge de trouver une solution afin de redresser la barre.

La tradition malienne est fortement dominée par l’oralité, elle est une caractéristique fondamentale du pays. De nos jours, avec l’ère de l’écriture, la lecture est d’une importance capitale. L’écrit a pris le dessus de l’oral. Qui parle de l’écrit, parle de livre. Et qui dit livre, émeut l’idée de lecture. Pour promouvoir la culture de lecture, il faut avant tout expliquer son expérience aux apprenants et détenteurs de la parole, construire des bibliothèques traditionnelles et virtuelles et faciliter leurs accès aux concernés.

Aussi faut-il organiser des formations, des campagnes de sensibilisation et surtout de revoir le système éducatif. Il faudrait si possible imposer la lecture dans les établissements scolaires publics et privés. La meilleure manière de le faire, c’est à la recherche de la jeunesse et celle-ci se trouve sur les réseaux sociaux. Pour la bonne marche, les enseignants doivent être des lecteurs de référence, ils doivent transmettre le goût aux élèves afin qu’on ait une jeunesse cultivée et bien informée.

En ce qui concerne les artistes, il faudrait durcir et établir certains critères. Bien vrai que l’art soit une créativité émotive, amusante et esthétique, à un certain moment, il est important de prendre en compte les valeurs intrinsèques qui sont les socles du Mali. Tout artiste est un ambassadeur. De ce fait, dans son art, il doit être exemplaire et responsable pour la génération actuelle et future.

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Malheureusement, aujourd’hui, le constat est amer et déplorable, nous constatons faiblement à la déperdition de certaines jeunes stars dans le domaine du rap ou du showbiz. Au profit de l’importation, beaucoup parmi eux se fourvoient. La cause pourrait être expliquée par l’abandon des études, le manque d’éducation, de conseillers et surtout le laxisme de la justice.

Tout récemment, il y a eu beaucoup de mise en garde et des mandats de dépôts. C’est un acte audacieux et coercitif. En revanche, le mieux serait de sensibiliser davantage, d’ouvrir de bons centres de formation, encourager les artistes à poursuivre leurs études et leur faire comprendre que le modernisme n’est pas synonyme de la perversion, de la grossièreté et de l’exagération. Ce dont on assiste aujourd’hui est purement et simplement du postmodernisme musical. La prison est un moyen de redressement et d’orientation pour certains, mais force est de reconnaître qu’il y aurait toujours des récidivistes.

A partir du moment où l’école n’est pas mise en avant, comment faire pour inciter les jeunes à plus de courage à lire ?

Tout est une question d’amour, de passion et surtout volonté. Il faut que l’autoformation soit une prééminence pour les apprenants. Et pour arriver à cela, c’est aux parents d’élèves et aux autorités éducatives et scolaires de promouvoir cette nouvelle approche. Il faut toujours les sensibiliser, les encourager et les mettre dans de bonnes conditions. Aussi, leur dire les avantages des études en général et l’autoformation en particulier.

Alors, quelle alternative vous proposez pour éloigner ce fléau ?

Pour moi, il faut privilégier les études, la communication, la sensibilisation et la formation afin de ramener les jeunes sur le bon chemin. Il ne s’agit pas de restreindre leur liberté d’expression et de créativité, mais de les aider à mener une bonne carrière professionnelle.

La justice malienne doit veiller au respect des textes en vigueur. Il faut également l’accompagnement de l’Etat, des partenaires et de tous les acteurs culturels. Aussi, faut-il leur dire les conséquences néfastes que pourraient avoir leur mauvaise conduite. Mettre l’école au centre doit être la priorité absolue.

Selon vous, l’utilisation outre mesure des réseaux sociaux pour le rap, l’humour ou la comédie a-t-elle certains impacts sur la déstabilisation de nos institutions ?

A travers ces canaux de communication, les institutions sont en danger si les choses ne sont pas bien organisées et structurées.

L’influence qu’a les réseaux sociaux est incommensurable. Beaucoup en font un instrument de propagande et de manipulation. C’est leur utilisation excessive qui a conduit en quelque sorte certains artistes et activistes en prison. Que font-ils en réalité ? Ils disent de tout et de rien.

Quel appel avez-vous à lancer à la population?

Il faut que les autorités, les parents d’élèves, l’Etat et surtout les apprenants, les artistes et les utilisateurs des réseaux sociaux s’impliquent davantage et retiennent que chacun, partout où il se trouve, est un représentant et un ambassadeur.

Sidy Coulibaly

L’Observatoire

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