L’accès insuffisant aux équipements de protection individuelle ou la faiblesse des mesures de prévention et de contrôle des infections augmentent le risque d’infection des travailleurs de la santé
BRAZZAVILLE, Congo, 23 juillet 2020/ — L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) (https://www.afro.who.int/) a mis en garde aujourd’hui contre la menace que représente la COVID-19 pour les professionnels de la santé en Afrique. Plus de 10 000 travailleurs de la santé dans les 40 pays qui ont signalé de telles infections ont été infectés par la COVID-19 jusqu’à présent, ce qui illustre les défis auxquels le personnel médical de première ligne est confronté.
Cette situation survient au moment où les cas de COVID-19 en Afrique semblent s’accélérer. Il y a maintenant plus de 750 000 cas de COVID-19, et plus de 15 000 décès. Certains pays frôlent un nombre critique d’infections qui peuvent mettre à rude épreuve les systèmes de santé. L’Afrique du Sud est aujourd’hui l’un des pays les plus touchés au monde.
« L’augmentation du nombre de cas de COVID-19 en Afrique exerce une pression de plus en plus forte sur les services de santé de tout le continent », a déclaré Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. « Cela a des conséquences très réelles pour les personnes qui y travaillent, et il n’y a pas d’illustration plus frappante de ce phénomène que le nombre croissant d’infections chez les travailleurs de la santé. »
Jusqu’à présent, environ 10 % de tous les cas dans le monde concernent des travailleurs de la santé, bien qu’il y ait une grande différence entre les différents pays. En Afrique, les informations sur les infections des travailleurs de la santé sont encore limitées, mais les données préliminaires montrent que ces infections représentent plus de 5 % des cas dans 14 pays d’Afrique subsaharienne seulement, et dans quatre de ces pays, les travailleurs de la santé représentent plus de 10 % de toutes les infections.
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L’accès insuffisant aux équipements de protection individuelle ou la faiblesse des mesures de prévention et de contrôle des infections augmentent le risque d’infection des travailleurs de la santé. L’augmentation de la demande mondiale d’équipements de protection ainsi que les restrictions mondiales sur les voyages ont provoqué des pénuries d’approvisionnement. Les travailleurs de la santé peuvent également être exposés à des patients qui ne présentent pas de signes de la maladie et qui se trouvent dans les structures de santé pour d’autres services. Des risques peuvent également survenir lorsque le personnel de santé est réaffecté à la réponse à la COVID-19 sans avoir reçu un briefing adéquat, ou en raison d’une lourde charge de travail qui entraîne de la fatigue, de l’épuisement professionnel et peut-être une application insuffisante des procédures opérationnelles standard.
Dans de nombreux pays africains, les mesures de prévention et de contrôle des infections visant à prévenir les infections dans les structures de santé ne sont pas encore pleinement mises en œuvre. Lorsque l’OMS a évalué les cliniques et les hôpitaux du continent pour ces mesures, seuls 16 % des quelque 30 000 établissements étudiés ont obtenu un score d’évaluation supérieur à 75 %. Il a été constaté que de nombreux établissements de santé ne disposaient pas de l’infrastructure nécessaire pour mettre en œuvre les principales mesures de prévention des infections ou pour éviter la surpopulation. Seuls 7,8 % (2213) disposaient de capacités d’isolement et seulement un tiers avait la capacité de trier les patients.
« Une infection parmi les travailleurs de la santé est une infection de trop », a déclaré Dr Moeti. « Les médecins, le personnel infirmier et les autres professionnels de la santé sont nos mères, nos frères et nos sœurs. Ils concourent à sauver des vies mises en danger par la COVID-19. Nous devons nous assurer qu’ils disposent du matériel, des compétences et des informations dont ils ont besoin pour assurer leur propre sécurité, celle de leurs patients et de leurs collègues. »
Depuis le début de l’épidémie, l’OMS travaille en étroite collaboration avec les ministères de la santé pour réduire les infections des travailleurs de la santé. L’Organisation a formé plus de 50 000 professionnels de la santé en Afrique à la prévention et au contrôle des infections, et prévoit d’en former plus de 200 000 autres. Elle fournit également des documents d’orientation et des lignes directrices sur les meilleures pratiques de soins et les schémas de traitement les plus récents.
L’OMS contribue également à pallier les insuffisances dans la fourniture d’équipements de protection individuelle. Présentement, 41 millions d’équipements de protection individuelle sont prêts à être expédiés de Chine pour couvrir les besoins de 47 pays africains. Les expéditions pour une première vague de 23 pays africains devraient commencer ce week-end.
Grâce aux efforts concertés de l’OMS et de ses partenaires, certains pays africains ont réussi à réduire considérablement les infections parmi le personnel de santé. Par exemple, il y a deux mois, plus de 16 % des infections par COVID-19 en Sierra Leone concernaient des travailleurs de la santé. Ce chiffre est aujourd’hui tombé à 9 %. La Côte d’Ivoire a réduit la proportion d’infections parmi les travailleurs de la santé de 6,1 % à 1,4 %. L’intensification des mesures de prévention et de contrôle des infections peut encore réduire les infections au sein du personnel de santé.
Dr Moeti a parlé des infections chez les travailleurs de la santé en Afrique lors d’une conférence de presse virtuelle organisée aujourd’hui par le groupe APO. Elle était accompagnée de l’honorable Dr Léonie Claudine Lougue, ministre de la Santé du Burkina Faso, de l’honorable Dr Alpha T. Wurie, ministre de la Santé et de la Population de la Sierra Leone, et du Dr Jemima A. Dennis-Antwi, spécialiste internationale de la santé maternelle et de la profession de sage-femme.