Longtemps soumis à un embargo sur les armes, le Mali profite bien de son alliance avec la Russie pour s’équiper. Outre les avions de combat, drones et missiles de haute portée réceptionnés, bien de blindés légers, armes et munitions emplissent les casernes maliennes de Kati à Gao, en passant par Koulikoro, Bafo et Mondoro. En si peu de temps ! Jusqu’où iront les Colonels ?
Le Mali a toujours démenti le déploiement tant décrié de mercenaires du groupe paramilitaire russe Wagner, avancé par diverses voix de la diplomatie occidentale. Pour Bamako, il ne s’agit ni plus ni moins que des allégations sans fondement sur un prétendu déploiement des éléments d’une société de sécurité privée.
À qui veut l’entendre, les autorités défient sur la production des preuves de ces sous-entendus sur l’implication de ces mercenaires qui interviennent déjà en Ukraine, en Syrie, en Libye et dans plusieurs pays d’Afrique sub-saharienne comme la Centrafrique.
Finalement, « au même titre que la mission européenne de formation (EUTM), des formateurs russes sont présents dans le cadre du renforcement des capacités opérationnelles des Forces de défense et de Sécurité nationales », a résumé une source officielle malienne à la diplomatie française.
Depuis, le pouvoir brille dans une guerre de communication où l’arsenal militaire est mis en avant. Sauf que sur terrain, tout n’est pas rose. En témoignent des attaques armées contre les populations civiles toujours d’actualité dans le nord et dans le centre du pays.
Par contre, les attaques surprises auxquelles l’ennemi avait habitué l’armée malienne, tuant des dizaines de soldats et emportant des matériels, « restent du passé », assure un officier supérieur dans l’anonymat. L’officier assure que de Kati à Gao en passant par le Centre, l’armée malienne monte la garde comme jamais, et s’apprêterait à mener une offensive d’envergure dans les semaines à venir.
Vers le sud également, le péril sécuritaire germe avec les fronts qui se sont multipliés aux alentours de Kolokani, Kati, Ségou ou Kassela, près de Bamako. Ces localités qui entourent la capitale n’ont pas échappé à des attaques contre les symboles de la défense nationale ces derniers mois.
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Moscou dans le viseur des Occidentaux
Décidé à faire valoir ses orientations qu’il explique par la diversification de ses partenaires, le régime de transition ne cache pas son soutien inconditionnel au Kremlin, allant jusqu’à voter ‘’Oui’’ aux Nations Unies en faveur du maintien des troupes russes en Ukraine. Une première tout de même.
Si l’équipe dirigeante de la transition exige à être jugée sur des actes plutôt que sur des « rumeurs », elle n’a pas manqué de rappeler que l’Etat malien n’est engagé que dans un partenariat d’Etat à Etat avec la Fédération de Russie, son partenaire historique.
Des pays occidentaux dont la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni ou le Canada, condamnent à longueur de temps » le déploiement de mercenaires sur le territoire malien et dénoncent l’implication du gouvernement de la Fédération de Russie dans la fourniture d’un soutien matériel au déploiement du groupe Wagner au Mali ».
Idem pour la Belgique, le Danemark, l’Estonie, l’Italie, la Lituanie, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal, la République Tchèque, la Roumanie et la Suède qui, de leur côté, appellent la Russie à se comporter de manière responsable et constructive dans le Sahel.
Ces pays qui étaient engagés aux côtés de la France dans le fameux groupement européen de forces spéciales Takuba ont été déposés illico presto. Censés accompagner les soldats maliens au combat, la force task Takuba n’aura été qu’une armée parallèle dédiée à barrer la route au G5 Sahel.
« C’est justement parce que Takuba a été dissoute par les Colonels au pouvoir que l’hexagone a infiltré le G5 via N’Djamena et Niamey pour éviter que Bamako n’en prenne les commandes en 2022», déblaie un haut gradé dans l’anonymat.
Soutien satisfaisant ?
Bien avant l’avènement du régime de transition, la situation sécuritaire était délétère dans le pays profond. Les souvenirs du seul exemple de Farabougou où les forces spéciales conduites par le chef suprême des armées ont eu du fil à retordre, établissent tout au moins la complexité du contexte. Des médiations locales ont pu contenir les choses à Farabougou, mais le contexte reste délicat.
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Au niveau du delta intérieur du Niger communément appelé la zone inondée du Macina, la situation n’est pas définitivement sous contrôle car la Katiba dirigée par le prédicateur Amadou Koufa continue d’agir. Néanmoins, « les instructeurs russes et l’armée » se dressent sur leur chemin avec des attentats récurrents, réduisant leur marge de manœuvre », persifle un observateur averti.
Dans le pays profond où ‘’se déplacer’’ demeure l’unique alternative pour certaines populations, le retour des services sociaux s’impose avec un minimum sécuritaire. « Ce qui justifie le programme présidentiel de la transition qui traverse le pays pour appuyer les populations », argue une source à Koulouba.
Au nom de sa souveraineté, «le Mali a repris les choses en main », assure une source diplomatique qui ajoute que tout engagement d’un pays étranger à poursuivre l’action en vue de protéger les civils, de soutenir la lutte contre le terrorisme au Sahel et de contribuer à instaurer la stabilité à long terme ne sera défini que par les seules autorités de la transition.
L’armée française s’est enlisée avec ses alliés en 9 ans de présence, provoquant depuis 2018 le sentiment anti français qui a fini par voir le jour dans plusieurs pays d’Afrique. Si des questions identitaires, religieuse, politiques et de gouvernance ont fini par s’intervertir en lieu et place de la rébellion à l’origine de cette déconvenue, le pays demeure le théâtre d’affrontements depuis 2012 avec une amplification d’opérations de groupes liés à Al-Qaïda et l’État islamique, ainsi que de violences perpétrées par des milices et des bandits.
L’exécutif se devra de développer la souveraineté dans sa définition la plus complète autour de 3 aspects vitaux : sécurité, nourriture et développement.
I.K et I.T
Le Soft