Le processus de paix au Mali semble prendre un nouveau tournant alors que le Ministre de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion Nationale, colonel Ismaël Wagué, a lancé un appel aux mouvements signataires de l'Accord pour la Paix et la Réconciliation Nationale à rejoindre la table des négociations. Mais, la réponse de la Coordination des Mouvements de l'Azawad (CMA) laisse inquiet.
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Reprise des hostilités entre l’armée et l’ex-rébellion : Que reste-t-il de l’accord d’Alger ?

Que reste-t-il de l’accord pour la paix et la réconciliation, signé entre les groupes armés et les autorités maliennes ? En tenant compte des évolutions actuelles, tout porte à croire que cet accord issu d’un long processus, est caduc. Et ce, malgré la mission de bons offices établie par de hauts cadres du nord et du sud du pays.

[Image d’illustration] – Le 15 mai 2015, il y a huit ans précisément, le gouvernement malien signait l’accord de paix d’Alger qui mettait fin aux hostilités avec les rebelles indépendantistes du Nord. Depuis, son application était au point mort et les relations entre les parties signataires étaient au plus bas.

Avec la reprise des hostilités entre les protagonistes, qu’advient-il de l’accord ? A se fier à la déclaration de Fahad Ag Almahmoud, postée sur les réseaux sociaux, on pourrait répondre par l’affirmative : ‘’l’accord de paix issu du processus est bien caduc’’.

Selon lui, « ces hostilités ont été voulues et enclenchées par la junte sous l’influence du colonel Sadio Camara dont le seul souci est de venger ces nombreux replis tactiques des années précédentes ».

En outre, il a ajouté en ces termes : « nous rassurons tous les maliens que le CSP-PSD n’est pas dans une guerre pour la division du pays. Nous sommes dans une guerre voulue par la junte de Bamako. Nous allons continuer cette guerre jusqu’à la libération de tout le Mali pris en otage par les 5 colonels ».

De son point de vue, le CSP-PSD s’engage à libérer tous les Maliens, y compris ‘’ceux qui sont arbitrairement détenus et ceux qui sont contraints à l’exil’’. Autant d’arguments qui témoignent de la fébrilité de cet accord qui a été élaboré pendant près d’un an de laborieuses négociations pour accoucher d’un texte de 42 pages et 68 articles, considéré à l’époque comme le seul espoir pour la paix au Mali. Il était censé sceller le cessez-le-feu entre les rebelles indépendantistes du Nord et le gouvernement malien.

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Échec de la mission de bons offices ?

La mission de hauts cadres du nord et du sud du Mali est intervenue alors que les tensions étaient encore vives entre les militaires et les groupes signataires de l’accord d’Alger. En dépit des efforts menés pour aboutir à une paix entre les différentes parties, les hostilités ont repris entre les différentes forces en présence.

Dans les coulisses, on apprend que c’est Bajan Ag Hamatou, une figure respectée de la région de Ménaka, dans le nord du Mali, plusieurs fois élu à l’Assemblée nationale et aujourd’hui membre du CNT, qui était à l’origine de la mise en place de cette commission. Celle-ci a affirmé avoir rencontré le ministre de la Réconciliation, le colonel Ismaël Wagué, en vue d’apaiser la situation entre le gouvernement et les groupes signataires des accords, issus du processus d’Alger.

Selon le média Turc aa.com, Abdoul Majid Ag Mohamed, dit Nasser, membre de la commission, a expliqué que « cette commission de bons offices était composée uniquement de maliens soucieux du devenir de leur pays et qui se sont mis à la disposition des autorités de la transition pour voir comment rapprocher l’Etat et les groupes signataires ». Il s’agissait pour lui de voir comment ramener la quiétude dans le nord du Mali.

En prélude aux différentes manœuvres militaires engagées sur les différents théâtres des opérations, plusieurs groupes armés avaient accusé l’aviation malienne d’avoir bombardé des positions de la coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), signataire de l’accord, dans la région de Kidal, sans faire de dégâts. Mais selon Abdoul Majid Ag Mohamed, « les militaires ont fait savoir qu’ils n’ont pas rompu avec les groupes signataires et qu’ils ne sont pas en guerre avec les mouvements signataires, mais qu’ils sont en guerre avec les groupes qui attaquent l’armée malienne. Le ministre de la Réconciliation nationale nous a vraiment rassurés qu’il est en contact avec les groupes signataires. »

Ahmadou Sékou Kanta

Le Soft

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