Joseph Borell-Chef de la diplomatie de l'Union européenne
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Sanctions contre le Mali : l’Union européenne brise l’embargo et fait la leçon à la Cedeao

Au moment où la Communauté économique des états d’Afrique de l’ouest (Cedeao) cherche à sortir par le haut du piège des sanctions contre le Mali, l’Union européenne (Ue) a pris les devants. Un grand bol d’air pour les autorités de Bamako.

L’Ue a décidé de mettre beaucoup d’eau dans son vain. Plus de gel du budget économique destiné au Mali. Plus de sanctions ciblées contre les autorités de la transition. Plus rien du tout en quelque sorte. Joseph Borell Fontelles, Haut Représentant de l’Ue pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité indique qu’il faut plus de sérénité pour discuter utilement avec le gouvernement du Mali et les sanctions intempestives en sont un frein inopportun.

On est loin des diatribes du ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian qui s’adresse toujours aux autorités maliennes de transition en des termes rarement entendus dans le monde diplomatique.

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La raison de ce radoucissement soudain de l’Ue est que c’est la présence de toute l’Europe au Mali que le pouvoir d’Emmanuel Macron est en train de vendanger par ses prises de positions pour le moins outrancières et méprisantes. Ce qui est immédiatement en jeu, c’est la présence de la force Takuba mise en place par la France pour « européaniser » son intervention au Sahel. Ces militaires venus d’horizons divers ne pourraient rester au Mali qu’avec l’assentiment du gouvernement de transition. Et Paris n’en est pas très consciente !

Pour montrer toute sa bonne foi, le chef de la diplomatie européenne reçoit depuis le mercredi 26 janvier 2022, Abdoulaye Diop, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali. Les autorités et les médias belges lui ont par ailleurs ouvert toutes grandes les portes.

Ce volte-face de l’Union européenne et l’ouverture d’esprit dont font montre les autorités belges devraient faire réfléchir plus d’un, en France d’abord et ensuite en Afrique de l’ouest où la hantise de la contagion des coups d’État a provoqué la réaction-réflexe des Chefs d’État. Ces leaders qui ont pris des sanctions outrepassant les textes communautaires et qui insidieusement sont en train d’en subir le contrecoup. Ce n’est pas Roch Marc Christian Kaboré du Burkina Faso qui dira le contraire !

La Cedeao s’est mise dans une situation qui laisse peu de place aux discussions, du fait de cette tentative de strangulation du peuple malien. Va-t-elle courageusement faire marche-arrière et revoir, dans la batterie des sanctions, celles qui sont manifestement illégales comme le gel des avoirs du Mali au sein de la Bceao, l’interdiction de transactions commerciales et financières entre les opérateurs économiques de ce pays avec ceux de ses voisins de la Cedeao et surtout le blocus des frontières aériennes et terrestres ?

Théodore Sinzé

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