Lors d’une émission-débat sur le thème « Transition et réformes. Qu’en est-il du secteur minier ? », le mardi dernier, sur la télévision Africâble, des experts maliens du secteur minier, ont longuement expliqué les contraintes du domaine avant d’admettre qu’il faille que l’Etat fasse en sorte que les Maliens profitent davantage de ces richesses de la nature.
Comment peut-on comprendre que le Mali est 3ème producteur d’or en Afrique derrière l’Afrique du Sud et le Ghana et que le pays de Kankou Moussa soit l’un des plus pauvres de la planète ? C’est cette interrogation qui a motivé l’émission-débat d’Africâble.
L’animateur de l’émission, Robert Dissa avait autour de la table, Pr Abdoulaye Niang du Centre d’études Joko ni Maaya, et d’éminents cadres du secteur minier malien comme Mohamed Kéita, ancien secrétaire général du ministère des Mines, Mahamadou Samaké de Barrik et de Rangold Ressources, Chiaka Berthé, directeur de société minières et membre du conseil d’administration de plusieurs société minières au Mali.
Les interventions ont été fortement marquées par la problématique de la paupérisation des populations des zones où les société minières exploitent leurs richesses. Et Pr Abdoulaye Niang de dénoncer par exemple le cas de Gounkoto et de Loulo où les populations manquent de tous. « Elles sont expropriées de leurs exploitations agricoles » comme l’imposeraient les codes miniers et les conventions d’établissement, à en croire Pr Niang. Et d’ajouter que les zones concernées manquent cruellement d’infrastructures comme l’eau, les routes, les hôpitaux, l’électricité, etc.
Il indique que le Mali produit de l’or sur son sol mais est classé comme l’un des pays les plus pauvres au monde, 190ème, selon l’indice de développement humain.
En réponses aux accusations à peine voilée contre le mauvais fonctionnement du secteur minier, Mohamed Kéita rappellera le contexte dans lequel a évolué les codes miniers en mettant l’accent sur la participation de l’Etat à hauteur de 20 % du capital des société minières. Il a aussi mis en lumières les contributions fiscales, financières et douanières de ces mines en faveur de l’Etat. Non sans relever que l’exploitation minière est en général une affaire de gros moyens. Ce qui oblige souvent l’Etat à passer par des conventions d’établissement conformes au code minier en vigueur. Et de souligner que l’Etat malien s’assurer à chaque de prendre en compte ses intérêts et en particulier ceux de la collectivité dans laquelle la mine est exploitée en tenant compte de la loi sur la décentralisation.
Pour sa part, Chiaka Berthé a indiqué que l’Etat bénéficiait aussi de 6% au titre des dividendes de chaque mine, sans oublier 30% de revenus comme impôts provenant des mines. Alors l’aspect technique de l’exploitation minière est strictement contrôlé et en détails par la Direction nationale de la géologie et des mines (DNGM).
Intervenant par la suite, le haut cadre minier et l’un des patrons du secteur au Mali, Mahamadou Samaké dira que les déclarations du Pr Abdoulaye Niang reposent plus sur l’émotion et traduisent les suspicions habituellement formulées par ceux qui ne maitrisent pas les réalités et les contraintes du secteur minier. « Une société minière ne vient travailler que sur la base du code minier », donc, dira-t-il, en respectant la législation en vigueur. Mais, relève-t-il, l’exploitation minière nécessite beaucoup de capitaux et impliquent beaucoup d’incertitudes dans la mesure où une mine est appelée à prendre fin, tôt ou tard. Il a précisé que pour Gounkoto, par exemple, la mine versé plusieurs milliards à la commune. Et c’est le secteur minier, qui contribue à 12% du PIB du Mali, permet à l’Etat de faire face à ses nombreuses charges dans certains moments de crise majeure.
Avec les dénonciations sur le dénuement des zones minières comme Kéniéba et les différentes explications, les uns et les autres ont reconnu la nécessité de revisiter le code minier pour que l’or malien finisse par briller pour les Maliens.
Bruno D SEGBEDJI
MALI-HORIZON