Les célébrations de l’Aïd el-Adha ont eu lieu dimanche 11 août et se poursuivent ce lundi en Éthiopie. Si le Premier ministre Abiy Ahmed est chrétien évangélique, il fut élevé par un père musulman. Voilà qui sonne comme un beau symbole pour ses compatriotes de la même confession. Depuis son arrivée, les Éthiopiens musulmans se sentent unis et écoutés comme jamais. Notre correspondant s’est rendu dans une famille à l’heure du déjeuner.
Le ragoût de poulet, « doro wot », les tebs de mouton. Chacun dépose les mets sur la traditionnelle galette d’injera. Cette année a pourtant un goût légèrement différent, constate cet invité qui vit dans les pays du Golfe. « En tant que personne arrivant de l’étranger, j’ai la sensation très claire que les musulmans sont davantage détendus tout simplement parce qu’ils peuvent exercer leur religion plus pacifiquement et en sécurité », explique-t-il.
Sous l’ancien régime, les représentants musulmans étaient divisés, pour faire simple, entre soufis et salafis. Une division largement instrumentalisée par les anciens tenants du pouvoir. Depuis son arrivée, Abiy Ahmed a poussé les représentants de la communauté à mettre leurs dissensions de côté constate notre hôte, Ahmed Hussein. « C’est la première fois probablement que le Conseil suprême islamique éthiopien est organisé de manière neutre, sans intervention gouvernementale. Certains disent que l’intervention est plus subtile mais toujours là, ajoute-t-il. Laissons les choses se faire, ça ne me dérange pas. »
Ahmed Hussein se rappelle de l’année 2012, des manifestations contre les ingérences du pouvoir. « L’opinion du gouvernement vis-à-vis des musulmans n’a pas changé toute seule, mais parce que les musulmans ont pris conscience de leurs droits, se sont battus pour, et beaucoup sont morts, torturés, estime-t-il. Mais finalement nous voyons ce genre d’avancée. »
Cela tiendra-t-il si le Premier ministre Abiy quitte le pouvoir ? Certains musulmans font part de leur inquiétude. Jusqu’ici tout va bien.
Rfi.fr