La vie chère est une réalité au Mali. Les remèdes proposés jusqu’ici n’ont produit d’effets escomptés. Disons-le, le citoyen constate avec impuissance la montée en flèche des prix des denrées sur les marchés, ce, malgré les efforts du gouvernement.
C’est devenu le slogan du citoyen lambda, la vie chère ! Les murmures inondent la capitale malienne et chacun y va de son commentaire, comme pour crier que ça ne va dans le pays ! Des cris qui ne sont pas passés inaperçus car le gouvernement dit avoir consenti d’énormes efforts pour soulager les populations pour mieux maîtriser ces augmentations constatées un peu partout.
Sur les différents marchés de la capitale, le constat est amer ! Les prix des denrées alimentaires ne connaissent pas de stabilité. En effet, les prix plafonds fixés par l’Etat ne sont très souvent pas respectés et des commerçants véreux profitent de l’absence des contrôles accrus pour s’en donner à cœur joie.
Dans la volonté d’éclaircir les lanternes des compatriotes essoufflés par la crise, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Mahmoud Ould Mohamed et son collègue de l’économie et des Finances, Alousseyni Sanou, étaient face à la presse pour faire le point des mesures et des stratégies déployées dans ce sens.
La question de la cherté de la vie préoccupe les autorités, à commencer par le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta. Ainsi, a-t-il instruit la mise en place d’une Commission interministérielle qui va plancher sur la question de l’approvisionnement du pays en denrées de première nécessité. Ladite Commission s’attèlera aussi à la maîtrise de la hausse des prix. Selon le ministre Mahmoud Ould Mohamed, un plan d’actions a été élaboré pour rendre possible l’approvisionnement du pays et permettre aux consommateurs d’accéder aux produits à des prix abordables.
De ce fait, le gouvernement dit avoir fourni des efforts pour renforcer le pouvoir d’achat des Maliens, en dépit de la persistance de la crise sécuritaire qui a fait perdre à l’État près 400 milliards de F CFA. A cela s’ajoutent d’autres difficultés, notamment la crise sanitaire et sécuritaire qui a un fort impact négatif sur l’économie nationale. Malgré l’insuffisance des ressources, le gouvernement de la Transition dit avoir déployé des mesures qui ont notamment permis l’approvisionnement correct du marché et la maîtrise des prix des produits de première nécessité.
Quid des prix ?
Les changements sont constatés sur les marchés mais avec l’appui de nos autorités, la flambée est maîtrisée. Ainsi, le prix du riz n’a augmenté que de seulement 1,1% au Mali alors que le taux était de l’ordre de 50% au niveau international. Cela s’explique par l’application des subventions selon l’Etat malien. Ces efforts ont évité une flambée incontrôlable des prix de la farine, du lait et de l’huile alimentaire. S’agissant de la farine, le prix a augmenté de 43% sur le marché international, mais l’impact au niveau national a été de 1,4 %, rapporte le ministre chargé du commerce.
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Pour le lait, l’impact a été 0,6% alors que le prix avait augmenté de 43,4% au niveau international. Quant à l’huile alimentaire, notre pays enregistrait une augmentation de 0,3% contre 14, 4% à l’international. Les prix appliqués au sucre ont augmenté de 3% au Mali, tandis que le taux d’augmentation à l’international est de 7,6%. Si les hydrocarbures ont augmenté de 36,4% au niveau international, l’amplitude au pays était de 0%. Pour s’assurer du respect des prix sur le marché national, «500 contrôles ont été effectués », selon le ministre Mahmoud Ould Mohamed, ajoutant que les efforts vont se poursuivre pour appliquer les prix plafonds sur le marché.
Pour sa part, le ministre de l’Economie et des Finances a affirmé que : « pour augmenter le pouvoir d’achat des salariés et leur permettre d’avoir un revenu supplémentaire pour faire face aux différentes crises, le gouvernement est passé par une justice sociale avec les partenaires sociaux. Ce qui a permis d’avoir une harmonisation de la grille salariale avec un impact annuel d’environ 200 milliards de FCFA ».
Subventions à la pelle
Dans le domaine fiscal, le ministre de l’économie et des finances dit avoir pris des mesures drastiques. Concernant les entreprises privées, le gouvernement affirme avoir fait des abattements fiscaux, avec comme impact 7,5 milliards de FCFA et pendant la période de 2020-2022, 398 milliards de FCFA de dettes intérieures ont été payées, a laissé entendre Alousseni Sanou. Objectif selon lui, permettre aux entreprises de pouvoir continuer à fonctionner. « Par ailleurs, 39 milliards de FCFA ont été investis au profit des ménages en difficulté. À ces efforts s’ajoute, la subvention des produits de première nécessité. Le riz et le sucre ont été subventionnés en deux vagues, en plus du lait et de l’huile alimentaire », dixit le chef des finances.
Ces actions menées par nos autorités ne sont pas sans conséquences car sur la période 2021-2022, plus de 17,640 milliards de FCFA de manque à gagner a été enregistré sur l’importation du riz. Il est de 8,151 milliards de F CFA pour le sucre. Concernant le lait, le manque à gagner est de 3,93 milliards de FCFA, 1,675 milliard de FCFA pour l’huile alimentaire et 115 milliards de FCFA pour les produits pétroliers. Pour le gaz sur lequel les subventions ont été arrêtées au mois de mai, le manque à gagner est de 17 milliards entre 2021-2022 et 3,252 milliards de FCFA pour les graines de coton. Les deux membres du gouvernement ont assuré que les efforts se poursuivront pour la maîtrise de la hausse des prix et l’amélioration du pouvoir d’achat des Maliens.
Ahmadou Sékou Kanta
L’Obbservatoire