Village de Mondoro au Mali
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Village de Mondoro sous embargo : La jeunesse interpelle le Président Assimi

Littéralement assiégé et réduit à sa plus petite expression, le village de Mondoro est sous embargo des groupes armés terroristes, qui contrôlent, en permanence, toutes les entrées et sorties du village, depuis plus de sept mois. Des conséquences désastreuses sur les populations restées sur place. Intriguée par l’inaction du camp des FAMa dans le village, l’Association des Jeunes pour le Développement de Mondoro (AJDM) tire la sonnette d’alarme et interpelle le Président de la Transition, Assimi Goïta.

Le cri de cœur dont il s’agit ici est alarmant. Les autorités de la transition sont donc interpelées  afin d’apporter des réponses adéquates à la détresse des populations du village de Mondoro, chef-lieu d’Arrondissement et de Commune du même nom dans la région de Douentza.

Selon la note explicative, déposée à notre rédaction, les Autorités de la Transition en occurrence le Président Assimi Goïta, sont appelés au secours. Car, les habitants de ce village restent coupés aussi bien des autres villages de la Commune que du reste monde depuis le 1er octobre 2019.

« Des engins explosifs improvisés posés partout ; rien n’y sort et rien n’y entre. C’est un embargo total, une mise en quarantaine forcée. Les conséquences de cette situation sont marquées par une détérioration progressive de l’état sanitaire et nutritionnel de la population. Des cas de maladies dus très certainement à la malnutrition font peu à peu leur apparition dans le village », signale-t-on, dans la lettre parvenue à notre rédaction.

Toujours, selon l’Association des Jeunes pour le Développement de Mondoro (AJDM), à l’origine de cette note d’explication, concernant la situation difficile que vivent les habitants de leur village, Mondoro est assiégé et réduit à sa plus petite expression. Aux dires des ressortissants de Mondoro, c’est la loi de la jungle  dans ledit village, situé à la frontière du Burkina Faso voisin. ‘’Chaque jour que Dieu fait, a son lot de pertes en vies humaines. Tout le bétail est enlevé, les greniers sont vides’’, déplore-t-il.

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En effet, face à cette situation grave, les ressortissants de Mondoro se semblent pas restés les bras croisés, malgré les contraintes auxquelles, souvent ils sont confrontées.

« Pour pallier momentanément à ce manque de vivre, les ressortissants du village ont mobilisé des fonds qu’ils ont par la suite acheminés à Sevaré. Une cinquantaine de tonnes de produits de premières nécessités a été achetée et stockés dans un magasin à Sevaré. Sollicitées pour l’acheminement de ces tonnes à Mondoro, les autorités en place n’ont toujours pas répondues à l’appel alors que le village est au gouffre de la famine », regrette-t-on dans ladite lettre, avant de signaler qu’une vingtaine de tonnes avait été préalablement acheminée par les FAMa, mais cette quantité loin de couvrir les besoins des habitants a été déjà consommée.

Début du calvaire

Cependant, il faut signaler que la situation que traverse le village de Mondoro est plus que délicate.

On se rappelle, le début du calvaire des habitants remonte depuis septembre 2019. Des assassinats et des enlèvements des individus et des animaux sont monnaie courante.

Revenant de la foire hebdomadaire de Boni, en septembre 2019, un commerçant également élu communal (Yaya Morba), avec son petit frère, et trois de ses enfants, sont pris en otage par des groupes armés non identifiés.  Depuis lors, leurs parents n’ont aucune nouvelle d’eux. Quelques jours après, sur la route de Kikoly (hameau agricole), deux femmes avec leurs enfants, en charrette, montent sur une mine artisanale, déposée sur leur passage. Ces femmes ne survivront pas. Leurs enfants blessés.

En mars 2021, un vieux de plus de 70 ans (Boucari Morba), trouve la mort à moins de 3 km de Mondoro. Il a été criblé par balle à la lisière du village par deux individus en moto, selon les villageois.

Au lendemain de l’investiture du président de la Transition Assimi Goita, le mardi 8 juin, des jeunes partis à la recherche d’herbes secs, à quelques encablures du village, sont tombés sur un groupe des individus armés, qui tire à balles réelles sur eux. Bilan : 2 morts, 3 blessés, des charrettes et des motos brûlées.

 Une énième fois attaqué, le 18 novembre 2021, par des individus armés qui opèrent dans cette partie du Mali et du Burkina Faso, le village a été endeuillé. Malgré la résistance opposée par les villageois, les assaillants venus très nombreux sont parvenus à commettre un mort (Housseini Atem Ongoiba) et un blessé grave (Madou Dedaga), du côté des villageois. Aussi, plus récemment, le 27 janvier 2022, une autre attaque perpétrée a coûté la vie à deux personnes : un militaire et un civil. Ensuite, 5 autres blessés, évacués par hélicoptère à Sevaré.

A cela il faut ajouter, les enlèvements des animaux (ânes, moutons, vaches, chameaux…). La pratique semble continuer toujours. Selon les habitants, l’objectif visé par ces individus armés qui ont juré d’asphyxier les populations sur place est clair : appauvrir les villageois.

 Devenu village martyr des groupes armés, les habitants de Mondoro paraissent, aujourd’hui, animés par un sentiment d’abandon de la part de l’Etat. La non-assistance des forces armées maliennes, sur place, à leur endroit, commence à délier les langues et les esprits. Tant, toutes les atrocités dont ils sont victimes se font au nez et à la barbe des militaires chargés de les sécuriser et de les protéger contre les ennemis de la nation.

Quoi de plus normal pour la jeunesse de cette localité, réunie au sein d’une Association d’interpeler le Président de la Transition Assimi Goita, pour voler au secours des habitants de Mondoro.

O.Morba

Source: L’Observatoire

ASSOCIATION DES JEUNES POUR LE DEVELOPPEMENT DE MONDORO (AJDM)

Communiqué de presse relatif à l’embargo sur le village de Mondoro, Chef-lieu d’Arrondissement et de Commune du même nom, Région de Douentza

Depuis le 1er Octobre 2019, le village de Mondoro est coupé aussi bien des autres villages de la Commune que du reste du monde : des engins explosifs improvisés posés partout ; rien n’y sort et rien n’y entre. C’est un embargo total, une mise en quarantaine forcée. Les conséquences de cette situation sont marquées par une détérioration progressive de l’état sanitaire et nutritionnel de la population. Des cas de maladies dus très certainement à la malnutrition font peu à peu leur apparition dans le village. Les maladies de ce genre avaient durement éprouvé certains villages de la commune en Mars 2018 causant une centaine de morts, majoritairement composée d’enfants, de femmes et de personnes âgées.

Le village est littéralement assiégé et réduit à sa plus petite expression. Toutes les entrées et sorties du village sont contrôlées par les groupes armés terroristes. Chaque jour a son lot de pertes en vies humaines. Tout le bétail est enlevé, les greniers sont vides. C’est la loi de la jungle.

Il est superflu de noter, bien sûre qu’il n’y a pas de cultures, donc pas de récoltes. Depuis le début de la crise, le village est dans un état de pénurie de produits de première nécessité : mil, riz, sorgho, sel, sucre etc. Trop c’est trop !

Pour pallier momentanément à ce manque de vivre, les habitants du village ont mobilisé des fonds qu’ils ont par la suite acheminés à Sevaré. Une cinquantaine de tonnes de produits de premières nécessités a été achetées avec cet argent et stockés dans un magasin à Sevaré. Sollicitées pour l’acheminement de ces tonnages à Mondoro, les autorités en place n’ont toujours pas répondues à l’appel alors que le village est au gouffre de la famine.

Une vingtaine de tonnage avait été préalablement acheminée par les FAMa, mais cette quantité loin de couvrir les besoins des habitants a été déjà consommée.

En mi-janvier 2022, plus d’une centaine de femmes et d’enfants ont fui le village par crainte d’être frappé par la maladie, due certainement à la famine.

Cette situation de détresse de Mondoro est bien connue des autorités auprès desquelles la population ne cesse de tirer la sonnette d’alarme. A la limite, la population risque de nourrir le sentiment de ne plus appartenir à la communauté nationale. C’est pourquoi elle crie au secours du Gouvernement de la République et de toutes les bonnes volontés pour lui venir en aide afin de conjurer ces difficultés.

Bamako, le 10 Février 2022

 

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