Face à la grève des enseignants qui a débuté depuis au mois de décembre, l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) reste encore indifférente. Chose qui ne peut que nous interpeler si nous savons qu’elle a pour mission de défendre les intérêts matériels et moraux des élèves et étudiants du Mali. Ce mutisme de cette association estudiantine reste alors incompréhensible.
On se croirait dans un songe. Depuis décembre, la synergie des syndicats de l’éducation signataire du 15 octobre 2015 est en grève répétitive paralysant ainsi les établissements publics du primaire au secondaire. Le dernier mot d’ordre en cours a commencé depuis le mercredi 13 févrieret devra se poursuivre jusqu’au 1er mars prochain. Pour reprendre ces propos d’un parent d’élève, Yagaré Diakité : « C’est les enfants des pauvres qui souffrent de cette situation, sinon ceux de la classe moyenne sont dans la salle. » En effet, parce que les écoles privées fréquentées par ceux-ci ne sont aucunement concernées par ce mot d’ordre de grève qui n’a que trop duré.
Ce qui peut paraitre décevant dans cette situation, c’est l’idée qu’il y a un syndicat supposé défendre les intérêts de tous les élèves du Mali. Alors, ce syndicat serait-il corrompu ? L’Association des élèves et Étudiants du Mali (AEEM) serait-elle devenue une association des élèves et étudiants des écoles publiques du Mali ? Où s’est-elle finalement dépigmentée à la couleur des politiques ?
L’inaction de la coordination de l’AEEM du début de ce mouvement de grève jusqu’à nos jours laisse croire, en effet, qu’elle n’est pas clean. Elle aurait les mains sales. Les autorités étatiques l’aurait-elle tellement donné de l’argent qu’elle a peur d’engager les écoles privées dans la danse ? Contacté par téléphone, Issa Diarra, Trésorier général au bureau de la coordination national de l’AEEM, rassure : « Il n’y a aucunaccord entre le gouvernement et nous. Pour être plus clair avec vous, le secrétaire de la coordination est même en déplacement pour des affaires personnelles et il n’a laissé aucune consigne avant son départ. Il est quand même au courant de la situation. Mais jusque-là, il n’a rien dit et son adjoint également n’a rien prévu jusque-là. »
Cela laisse entendre une crise profonde au sommet de la coordination nationale de l’AEEM. Crise qui paralyse également les activités du comité. Quant au déplacement du coordinateur national « depuis deux semaines », a-t-il participé au partage du gâteau sans ses membres en bénéficiant ce voyage ? Le temps est meilleur juge.
De son côté, Michel Somboro, chargé à la communication du comité AEEM de l’École Normale supérieure (ENSUP), tient des propos optimistes en affirmant : « Avant-hier (lundi 18 février 2019), le bureau de la coordination a tenu une réunion où il a été question des mesures à prendre concernant cette grève. Mais pour le moment, je ne peux pas vous dire les actions prévues. Ce qui est sûr, nous allons agir ». Cela laisse voir un problème de communication au sein du comité AEEM puisque tous les membres ne sont pas au même niveau d’information. Du coup, doit-on espérer sur la réaction de cette association pour sauver les enfants du Mali ?
En tout cas, de nos jours les rues reçoivent plus d’enfants pendant les heures de cours. Chose qui semble également être admise par les parents d’élève qui restent jusque-là indifférents face à cette grève. Ce qui est clair, les élèves commencent à avoir peur face à cette situation comme on peut le comprendre dans les propos de cette jeune fille en classe de terminale, MaïmounaCoulibaly, « C’est notre avenir qui est en jeu. Cette année, nous n’avons même pas pu exécuter assez de leçons. Je ne sais pas comment nous allons faire le baccalauréat cette année. J’ai vraiment peur.»
Dites au gouvernement qu’au lieu de miser uniquement sur le taux de réussite qu’il vaut mieux songer au niveau des enfants du Mali pour ne pas créer des bombes à retardement ! Dites à l’AEEM qu’elle est devenue une honte nationale et internationale si elle ne s’implique pas dans cette lutte pour sauver l’avenir de ces milliers d’écoliers !
Fousseni TOGOLA
Source : Le Pays