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Algérie : l’état de santé de Bouteflika, enjeu central de la procédure de destitution

Le débat actuel dans le pays sur l’éventuelle application de l’article 102 de la Constitution, qui prévoit notamment la destitution du président en cas de confirmation « d’une maladie grave et durable », remet la santé du président au centre des discussions politiques.

L’appel à l’application de l’article 102 de la Constitution, lancé par le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée algérienne, a remis la question du président au cœur du débat. Car cet article prévoit la démission du chef de l’État, mais aussi l’éventualité de son décès ou de son empêchement en raison d’une santé fragile. La loi fondamentale dispose en effet que « lorsque le président de la République, pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l’impossibilité totale d’exercer ses fonctions, le Conseil constitutionnel se réunit de plein droit, et après avoir vérifié la réalité de cet empêchement par tous moyens appropriés, propose, à l’unanimité, au Parlement de déclarer l’état d’empêchement ». Un tel empêchement serait inédit en Algérie.

Il y a encore quelques semaines, les proches du président Abdelaziz Bouteflika affirmaient que sa maladie n’était pas un frein à sa candidature. L’état de santé du président n’inspire « aucune inquiétude », avait ainsi assuré le 6 mars dernier l’ex-directeur de campagne du président candidat, Abdelghani Zaalane, dans une interview au quotidien algérien arabophone El Khabar.

Lors de son dernier séjour hospitalier, Abdelaziz Bouteflika s’est rendu le 24 février et pour une durée de deux semaines dans une aile des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), afin d’effectuer des « examens médicaux périodiques ».

Les protestataires algériens ont alors exprimé jusqu’aux portes de l’établissement suisse leur rejet d’une candidature à un cinquième mandat. Des rassemblements ont eu lieu devant l’accueil du lieu pendant plusieurs jours, et des internautes ont lancé une campagne d’appels téléphoniques et d’envoi de courriels sur les réseaux sociaux pour obliger la direction des HUG à communiquer sur l’état de santé d’Abdelaziz Bouteflika.

Hospitalisation sous pseudonyme

Dans son édition du mercredi 27 mars, le quotidien suisse La Tribune de Genève révèle que durant toute son hospitalisation en Suisse, le président algérien a été enregistré sous le pseudonyme d’un certain Abdelmadjid Aissa, né le 5 juillet 1938, coïncidant avec la date de l’indépendance algérienne et le rajeunissant d’une année. Une information qui explique également pourquoi le standard des HUG a répondu à de nombreux Algériens « que le nom d’Abdelaziz Bouteflika n’apparaît pas sur le registre des patients ».

D’après l’article, le président s’est déplacé à Genève avec quatre médecins algériens (dont un cardiologue, un anesthésiste et un interniste), suite à une infection respiratoire d’origine pulmonaire nécessitant la pose d’une ventilation non invasive (VNI), autrement dit d’un masque pour améliorer l’oxygénation du patient.

Contrôles périodiques

Mais ce séjour hospitalier est loin d’être le premier. En 2005, Bouteflika avait déjà séjourné près d’un mois à Paris, au Val-de-Grâce, un établissement dépendant du ministère français de la Défense. Un seul bulletin médical algérien révèle qu’il a été opéré d’un « ulcère hémorragique au niveau de l’estomac ».

En 2013, le président a été hospitalisé durant 80 jours à Paris à la suite d’un accident vasculaire cérébrale (AVC). Selon ses « médecins accompagnateurs », le président Bouteflika a eu un AVC « sans retentissement sur ses fonctions vitales ».

Depuis, le président a effectué plusieurs séjours pour « des contrôles médicaux périodiques » dans des établissements hospitaliers, en France ou en Suisse.

En 2014, Abdelaziz Bouteflika a voté en fauteuil roulant lors de l’élection présidentielle qu’il remporte. La diffusion en 2016 d’une photo du président le montrant avec visage livide et les yeux hagards en recevant le Premier ministre français Manuel Valls avait relancé les spéculations sur son état de santé.

En 2017, la visite de la chancelière allemande Angela Merkel avait été reportée à cause de « l’indisponibilité temporaire » du président algérien due à une « bronchite aigüe« . Fin 2018, il ne peut recevoir à Alger le prince héritier saoudien Mohamed Ben Salman, officiellement en raison d’une « grippe aiguë ».

Le 11 mars 2019, le chef de l’État a reporté la présidentielle prévue en avril, prolongeant de fait sine die son mandat actuel. « Il n’y aura pas de cinquième mandat (…), mon état de santé et mon âge ne m’assignant comme ultime devoir envers le peuple algérien que la contribution à l’assise des fondations d’une nouvelle République », a-t-il déclaré dans un message diffusé par l’agence officielle APS.

Jeuneafrique

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