Dans le cadre de ses activités de lutte contre la corruption, la Plateforme de lutte contre la corruption et le chômage (PCC-Mali) tiendra un meeting de soutien aux Famas, le 24 août au boulevard de l’Indépendance, puis le 30 août à Bamako. En prélude à ces manifestations, nous avons approché le porte-parole de la PCC, le Pr Clément DEMBELE, qui a bien voulu nous livrer les motifs qui poussent son mouvement dans la rue. Le Pr DEMBELE invite IBK à prendre ses responsabilités dans les scandales de vol et de corruption. Aussi, a-t-il déploré que des milliards soient votés pour la maintenance de l’avion présidentiel alors que des avions des militaires sont cloués au sol…
Info-Matin : Parlez-nous du meeting que vous êtes en train d’organiser et de son objectif ?
Clément Dembélé : Nous organisons le meeting en faveur de l’armée nationale à Bamako au boulevard de l’indépendance. À l’intérieur du pays, ce regroupement se fera devant les gouvernorats. Et à l’étranger devant les consulats du Mali. Le thème que vous avons choisi, c’est le soutien à l’armée malienne contre la corruption. Nous restons toujours dans notre dynamique de lutte contre la corruption.
Par cette manifestation, nous prenons le président de la république à témoin du détournement fait dans le cadre de l’acquisition des avions militaires. Nous avions acheté quatre avions, dont deux sont cloués au sol faute de maintenance, alors qu’on vote 3 milliards de FCFA, si je ne me trompe pas, pour la maintenance de l’avion présidentiel. Mais, rien de prévu pour l’armée nationale. On ne peut pas comprendre que l’avion présidentiel soit plus important que l’intégrité du territoire national.
Aussi, nous prenons en témoin la communauté nationale et internationale sur la corruption au sein de l’armée nationale. Nous ne pouvons laisser notre force de défense entre la griffe de quelques responsables qui ont du mépris, de la haine et le dégoût pour ce pays. Nous soutenons l’armée parce que c’est grâce à elle que nos vies sont sauvées. Nous allons lutter contre la corruption pour sauver l’armée nationale. En sauvant les forces de défense, on sauve l’intégrité du territoire national, on sauve la dignité des Maliens. Et cela est un devoir générationnel.
On manifeste parce qu’on ne peut pas comprendre qu’on brûle à Sobane Da, à Ogossagou, qu’on tue des femmes et enfants alors que les avions qui doivent secourir ces innocents soient des pacotilles. C’est de la ferraille qu’on a achetée et qui est clouée au sol. C’est un mépris pour le peuple malien, c’est une insulte à l’honneur du peuple malien. Nous ne pouvons pas accepter cela. En plus des avions, même les primes, perdiems des militaires sont détournés.
IM : Est-ce que vous avez des preuves des accusations que vous avancées ?
Clément Dembélé : Nous avons des dénonciations faites par des militaires maliens. Aujourd’hui, tout le monde le sait, des militaires font des vidéos sur les réseaux sociaux, dans les radios, dans les journaux. Dans certaines vidéos, des militaires amputés témoignent avoir acheté leurs prothèses. J’ai la preuve des militaires qui sont dans cette situation. Certains étaient obligés de vendre leur maison pour pouvoir acheter leurs prothèses. On a des preuves sur des veuves qui ont du mal à joindre les deux bouts après la mort de leur mari en mission pour défendre la patrie. On a également des enfants des militaires décédés qui sont dans les conditions lamentables.
Le problème de l’armée malienne n’est pas celui des ressources humaines comme certains sont en train de nous faire croire. L’armée malienne est victime des dirigeants véreux qui sont en train de voler l’argent des Famas et qui mettent en péril la vie du peuple. Cela, nous ne pouvons pas accepter. Après l’éducation, la santé, maintenant ils sont en train de prendre l’argent d’un secteur sensible chargé de protéger la vie de 18 millions de Maliens.
Nous allons prendre nos responsabilités en main, si le président IBK n’arrête pas les bandits qui sont à la base de ce vol. Donc, nous sortons en bons républicains pour faire un appel au président de la république. Dans cette affaire, on n’attend pas d’enquête. Ceux qui sont allés acheter les avions sont connus. Ceux qui ont négocié les avions sont connus. Ceux, qui ont testé pour affirmer que les avions sont bons, ils sont connus. Nous exigeons qu’ils soient arrêtés dès la semaine prochaine et que l’argent soit restitué. Si rien ne se passe avant le 31 août, nous allons sortir à nouveau.
IM : En terme clair, ça veut dire quoi, nous allons prendre nos responsabilités ?
Clément Dembélé : Notre responsabilité, c’est que nous sommes dans la révolution des consciences. Ça veut dire que nous allons sortir et nous ne rentrerons pas tant que le président de la république ne répond pas à la volonté du peuple malien. Et le peuple malien est souverain.
IM : Vous rapportez des conditions de vie difficile des enfants des militaires décédés pour la défense de la patrie, pourtant le pays a adopté la loi dite les pupilles de la république destinée à soutenir ces veuves et ces enfants de militaires tombés sur-le-champ de l’honneur, n’y-a-t-il pays une contradiction ?
Clément Dembélé : Non, le problème du Mali n’est pas un problème de loi. Le Mali est confronté à une question d’application des textes sur le terrain. Le Mali fait partie des pays les plus enviés en termes de textes et de lois. Oui, il y a les pupilles de la nation, oui il faut prendre en charge les enfants des militaires décédés. Mais, la réalité sur le terrain est tout autre.
En dehors de ce texte, il y a la loi de Programmation militaire. Si on fait un audit de cette loi, vous n’allez pas croire aux résultats qui en sortiront. En ce moment, nous demandons tout simplement, l’application de la loi, le respect du peuple malien.
IM : Vous aviez introduit auprès du procureur de la république près de la Cour d’appel de Bamako, une plainte collective contre des agents assujettis à la loi d’enrichissement illicite. Où en sommes-nous avec cette procédure ?
Clément Dembélé : Il y a quelques jours, nous avons reçu la réponse du procureur de la république. Il nous a écrit en affirmant qu’il ne peut poursuivre que lorsque des noms sont cités en infraction de détournement au pénal. Il nous a fait savoir également qu’il est disposé à poursuivre, à condition qu’il ait des noms. Alors que celui qui doit établir les noms c’est le président de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI) Noumouni GUINDO. Ce qui veut dire que ce dernier ne fait pas son travail sous le prétexte qu’il est empêché par des politiques. C’est pourquoi après les manifestations des 24 et 30 août 2019, nous allons sortir pour dire à Noumouni GUINDO de démissionner s’il ne peut pas appliquer la loi.
IM : Mais, ce ne sera pas la première fois que vous demandez à M. GUINDO de démissionner ?
Clément Dembélé : Si nous sortons cette fois-ci et qu’il ne fait pas son travail et ne démissionne pas, nous allons fermer l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite. Moumouni et le reste du personnel ne renteront plus dans ce bâtiment. Personne ne siègera à l’OCLEI tant que les gens ne soient convoqués à aller déclarer leurs biens. Cette situation est un mépris, une provocation, un défi au peuple. Ce défi, nous allons le relever ensemble.
IM : Mettre le bâtiment de l’OCLEI sous scellé n’est-il pas une violation de la loi de votre part ?
Clément Dembélé : On enfreint à la loi lorsqu’elle la loi est respectée par ceux qui en sont les détenteurs.
Réalisée par Sikou BAH
Info-Matin