A quelques jours de l’ouverture du Dialogue National Inclusif (DNI) prévue le 14 de ce mois, c’est un coup de théâtre : la Coordination des mouvements armés (CMA), qui avait claqué la porte, est à présent disposée à y prendre part. Elle l’a fait savoir dans un communiqué conjoint signé avec la Plateforme publié, le 4 décembre. La virgule incognito des responsables de la CMA (rendue publique après coup) chez le Président IBK, en fin novembre, y est-elle pour quelque chose ? EST-CE LA Mission onusienne qui a su se montrer plus persuasive ?
Dans une Déclaration sur les sujets d’actualité en rapport avec le Processus de Paix au Mali, le 4 juillet dernier, la CMA exprime ‘’toute sa disponibilité à apporter sa pierre à cette opportunité de dialogue’’, à condition que ‘’l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, ne soit remis en cause ni dans la forme, ni dans le fond par ce dialogue’’.
Or, dans son adresse à la Nation, à l’occasion de la commémoration du 59e anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté nationale et internationale, le Président IBK a dit “réaffirmer l’attachement du Gouvernement malien à cet accord, quitte à en discuter certaines dispositions, l’essentiel étant d’en conserver l’esprit”.
Avec cette annonce du Président de la République, la ligne rouge fixée par la CMA est atteinte et sa réaction ne tardera pas. Dans sa Déclaration du 27 septembre on peut lire : ‘’(…) la CMA se réserve le droit de suspendre sa participation dans tous processus, dont acte, qui risquent d’altérer les dispositions de l’Accord auquel elle prête toute son attention pour éviter aux parties des confrontations susceptibles de faire perdurer l’instabilité qui sévit au Mali et gangrène la sous-région’’.
Ainsi, après le Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD), un autre poids lourd de l’échiquier national décidait de quitter le train du DNI.
Alors que la date exacte de l’ouverture du Dialogue national inclusif est enfin dévoilée par le Président de la République, dans son adresse à la Nation du 30 novembre dernier, l’on assiste à un véritable coup de théâtre. La CMA se tient désormais souple dans ses bottes. Dans un communiqué conjoint signé avec Me Harouna TOUREH, hier 4 décembre, on peut lire : ‘’toutefois, si la CMA et la plateforme n’émettent pas d’objection à un éventuel retour au dialogue National Inclusif, elles renouvellent au Président de la République et au Triumvirat que toute discussion relative à la relecture de l’accord doit se faire conformément aux dispositions de l’article 65 qui stipule : « les dispositions du présent accord et de ses annexes ne peuvent être modifiées qu’avec le consentement express de toutes les parties signataires du présent accord et après avis du comité de suivi’’.
Si la même exigence du respect scrupuleux de l’esprit et de la lettre de l’article 65 de l’Accord pour la paix persiste, l’on peut néanmoins constater que les lignes bougent dans le bon sens. On peut dire qu’une bonne nouvelle ne vient jamais seule, puisque la CMA a également formalisé la fin de la suspension de sa participation au Comité de suivi de l’Accord. Avec ces avancées, c’est un vent de soulagement qui souffle sur le chaudron malien, même s’il y a un arrière-goût d’inachevé avec le boycott de l’Opposition.
Par contre, ce qui tarabuste les esprits taquins, c’est la promptitude avec laquelle le loup s’est transformé en agneau. L’entrevue (généreuse) avec le Président IBK est-elle venue à bout de la résistance des responsables de la Coordination des mouvements armés ? Le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU, infatigable artisan de la paix, a-t-il été un peu plus persuasif ? Dans tous les cas, c’est la paix au Mali qui gagne et c’est cela le plus important.
PAR BERTIN DAKOUO
Info-Matin