De nombreuses stratégies à court terme traitent ces déplacés comme de simples victimes du déplacement plutôt que comme des agents actifs de la paix et du développement
La pandémie de Covid-19 a aggravé les vulnérabilités des personnes déplacées de force et les différents acteurs – gouvernementaux, multilatéraux, non gouvernementaux et privés — doivent développer plus de synergies pour prendre en compte son impact disproportionné sur ces populations vulnérables, ont estimé les participants à un panel organisé mercredi 3 mars dans le cadre du Forum d’Assouan II (1er au 5 mars), en Egypte.
Ce panel avait pour thème : « Prendre en compte les déplacements forcés dans les processus de planification nationale et de paix : localiser le changement de paradigme vers la prévention en Afrique. » Les intervenants ont débattu de la manière dont les efforts de redressement face au Covid‑19 peuvent contribuer à renforcer la résilience, la prévention et l’intégration des populations déplacées, conformément à la promesse de l’Agenda 2030 des Nations unies de « ne laisser personne de côté ».
L’apparition de ce virus a mis à l’épreuve le lien opérationnel entre l’humanitaire, le développement et la paix, qui vise à s’attaquer aux causes profondes des déplacements forcés en Afrique et à trouver des solutions durables.
La réalité sur le terrain continue de refléter la persistance d’îlots institutionnels, l’absence parfois de réponses intégrées, multisectorielles et inclusives, la fragmentation des financements et l’exclusion des communautés touchées par les déplacements des processus de paix et de la planification nationale. Du coup, de nombreuses stratégies à court terme traitent ces déplacés comme de simples victimes du déplacement plutôt que comme des agents actifs de la paix et du développement.
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Les panélistes ont conclu qu’il fallait changer de paradigme et considérer ces populations comme des acteurs du développement durable, agir en synergie, mettre en commun les différentes approches, trouver des solutions sur le long terme et travailler de façon rapide pour avoir des résultats concrets.
Ils estiment que l’inclusion des questions relatives aux déplacements forcés dans les accords de paix peut constituer une opportunité pour assurer le rapatriement et l’intégration sûrs et volontaires de ces populations, en tirant parti de leur rôle important dans les efforts de reconstruction et de développement post-conflit.
Pour le ministre chargé des Affaires humanitaires et de la Gestion des catastrophes du Soudan du Sud, Peter Mayen Majongdit, « la chose la plus importante est de trouver des solutions permanentes, adaptables et durables. Les gouvernements locaux doivent se mobiliser pour traiter leurs problèmes internes et disposer des services sociaux nécessaires pour réduire les besoins des populations ». Selon lui, il faut inclure les personnes réfugiées et déplacées dans les processus de réponses.
L’Égypte compte à ce jour, « cinq à six millions de réfugiés et de demandeurs d’asile » venus de Libye, de Syrie, du Yémen, du Soudan du Sud, a détaillé Neveen El Husseiny, vice-ministre égyptienne chargée des Migrations, des Réfugiés et de la lutte contre la Traite des êtres humains. « Il faut des solutions globales, surtout avec l’apparition de la pandémie. Il faut un plan, des mécanismes pour couvrir tous les besoins : l’éducation, la santé, l’assistance financière, le soutien psychologique, le soutien alimentaire. La charge demeure importante et il est important de renforcer les capacités pour développer la résilience », a-t-elle expliqué.
Le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Filipo Grandi, le directeur général de l’Organisation internationale des migrations (OIM), António Vitorino, et le chef du Secrétariat du Groupe de haut niveau du Secrétaire général des Nations unies sur les personnes déplacées, Georges Okoth-Obbo ont également apporté des contributions pertinentes.
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Modérateur du panel, Yéro Baldeh, directeur du Bureau de coordination des États en transition à la Banque africaine de développement, a souligné que la Banque travaille avec les acteurs africains et internationaux pour faire en sorte que les personnes touchées par les conflits et les situations de violence, ainsi que les populations vulnérables, soient incluses dans les processus de reconstruction et projets de développement mis en place dans les pays en transition en « ne laissant personne de côté ».
« L’engagement de la Banque africaine de développement dans les États en transition, notamment dans les pays du G5 Sahel, dans le bassin du Lac Tchad, en Somalie, au Burundi, et autres, s’est traduit par des appuis multiformes pour renforcer la résilience des personnes déplacées de force et pour stimuler les actions de développement », a souligné Yéro Baldeh.
Pour le directeur des opérations et des situations d’urgence à l’OIM, Jeffrey Labovitz, « il y a un besoin de capital humain, de travailler avec les acteurs locaux sur les questions des déplacés de force. Il doit y avoir une interaction entre les différentes organisations impliquées. »
« Si nous devons travailler ensemble, humanitaires et sécuritaires, pour les déplacés, il faudra unifier nos forces pour la prévention au sein des communautés en construisant des infrastructures locales de paix », a renchéri Stan Nkwain, conseiller spécial du directeur du Bureau des politiques et de l’appui au Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), chargé des questions de politique et de programmation en matière de vulnérabilité et de résilience. « Nous avons besoin d’experts, sinon d’expertise, pour identifier les régions où faire de la prévention et des choses plus concrètes », a-t-il conclu.