Malgré les difficultés au plan interne et externe ayant entrainé la vie chère au Mali, « les marchés sont approvisionnés à hauteur de souhait », rassure le ministre du Commerce et de l’Industrie, Mahmoud Ould Mohamed, « et les stocks détenus auprès des industriels et des principaux importateurs sont supérieurs aux seuils d’alerte et arrivent à couvrir les besoins du moment ».
La flambée des prix de certains produits de première nécessité, tels les denrées alimentaires, le ciment et autres, devient de plus en plus une problématique. Le prix de l’huile et du kilo de la viande a grimpé. « Ces augmentations de prix constatées depuis le deuxième semestre de l’année 2020 affectent négativement le pouvoir d’achat des populations déjà confrontées aux effets de la crise multidimensionnelle que connaît notre pays ». Le ministre Mahmoud Ould Mohamed l’a fait savoir à travers une conférence de presse animée le vendredi 10 septembre dernier dans la salle de conférence de son département, en présence du président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali, Youssouf Bathily, et du Directeur de la DGCC, Boukadary Doumbia.
Selon le ministre Mohamed, l’approvisionnement de notre pays en produits de première nécessité est assuré à plus de 70% par l’importation. Laquelle s’effectue de moins de moins confortablement depuis l’apparition de la maladie à coronavirus dont la conséquence est le ralentissement des activités économique dû aux mesures de riposte qui sont entre autres l’interdiction de regroupement d’un certain nombre de personnes, la fermeture des unités industrielles, des marchés et des frontières terrestres, aériennes, maritimes et ferroviaires aux voyageurs, les restrictions de transport intérieur, la mise en quarantaine des villes entières et l’instauration de couvre-feux. « Le ralentissement des activités économiques a engendré progressivement une baisse de l’offre mondiale de la plupart des produits de base et une perte de revenu pour de nombreuses personnes travaillant dans des secteurs fortement touchés par le covid-19 », a indiqué le ministre.
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Dans un contexte de chômage et d’absence de revenu, toute augmentation des prix, si minime soit-elle, affecte prioritairement les populations à faible pouvoir d’achat. Le phénomène de « vie chère » actuellement à la mode est lié, à en croire le ministre du Commerce et de l’Industrie, à la notion de pouvoir d’achat. « Pour soutenir le pouvoir d’achat des populations, le Gouvernement a pris plusieurs mesures d’ordre social, notamment la revalorisation des salaires fonctionnaires, la réforme des pensions de retraite, le financement des projets à haute intensité de main- d’œuvre, le financement des activités génératrices de revenus, la distribution de vivres et d’aliments bétail, le transfert monétaire aux couches les plus vulnérables », a expliqué le ministre Mahmoud Ould Mohamed.
Pistes de solutions
Pour atténuer les effets de la transmission de la hausse des prix internationaux sur le niveau des prix intérieurs, le ministre a révélé que son département a privilégié d’abord la négociation des marges commerciales des opérateurs économiques afin de geler les augmentations des prix. Des réunions de concertation ont été multipliées avec les organisations consulaires et patronales, les opérateurs économiques, les organisations de la société, les centrales syndicales et les associations des consommateurs. Ces concertations ont abouti au maintien des mesures déjà en vigueur et à l’adoption d’autres mesures supplémentaires d’atténuation des effets de la flambée des prix. Il s’agit de la « détermination du prix plafond du sucre à 500 FCFA le kg dans le cadre du programme de jumelage; la fixation des prix indicatifs plafonds du riz brisure non parfumé importé et de l’huile alimentaire, respectivement à 340 FCFA le kg et 900 FCFA le litre, en exécution d’un programme de réduction de la base taxable de 50% au cordon douanier ; l’application de prix consensuels du pain, de la farine et du ciment à 250 FCFA et 150 FCFA pour le gros et le petit pain, 20 000 FCFA le sac de 50 kg de farine boulangère et 95 000 FCFA la tonne de ciment à travers la signature de protocole d’accord; l’homologation du prix des hydrocarbures par un mécanisme de prise en charge du différentiel de coût de revient du gaz butane et de modulation du taux de la Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers (TIPP) et de la valeur en douane des hydrocarbures. Les prix homologués sont fixés à 2910 FCFA et 1 335 FCFA pour B6 et B3, 663 FCFA pour le litre de l’essence super et 593 FCFA pour le gasoil ».
Par ailleurs, en vue d’assurer l’effectivité de ces prix indicatifs plafonds, le ministre a fait savoir que la Direction Générale du Commerce, de la Consommation et de la Concurrence a renforcé ses brigades de contrôle des prix, de lutte contre la fraude, la concurrence déloyale et les pratiques illicites dans les transactions commerciales. « Ces équipes déployées au niveau de l’ensemble des services déconcentrés ont effectué des contrôles inopinés auprès des grossistes importateurs signataires de cahiers de charges et au niveau des points de vente des produits subventionnés en vue de sanctionner les manquements à la réglementation. Des procès-verbaux ont été dressés contre les contrevenants conformément à la réglementation en vigueur », a-t-il renchéri.
Des plaintes malgré les efforts
Le conférencier dira que, malgré ces efforts consentis par le Gouvernement (manque à gagner de plusieurs milliards de FCFA au Trésor Public), les consommateurs continuent de se plaindre toujours par rapport à l’augmentation soutenue du prix de certaines denrées de première nécessité, notamment l’huile alimentaire, la viande bovine et les céréales locales non transformées. De fait, « le prix fournisseur de l’huile de palme raffinée, indexée au cours mondial de l’huile brute, est passé de 20000 FCFA à 22000 FCFA le bidon de 25 litres à Abidjan soit une augmentation de 10% ».
Concernant l’opération de la viande bovine avec os, le kilogramme est passé de 2 300 FCFA pendant la période de subvention aux bouchers à 2 800 FCFA voire 3 000 FCFA . « L’opération de prise en charge du prix de la viande connaît du retard à cause de la lenteur administrative au niveau du Trésor », a révélé le ministre. Ce qui a découragé les bouchers. Mais, « il n’y a pas de reliquats impayés aux bouchers », a martelé le ministre Mahmoud Ould Mohamed.
Aux dires du ministre Mohamed, face aux difficultés et incompréhensions dans la mise en œuvre du protocole signé avec les syndicats de bouchers, son département a suspendu l’opération « afin d’explorer d’autres pistes de solution pour assurer l’approvisionnement régulier des marchés à bétail. Pour ce faire, le Gouvernement a engagé le département chargé du développement rural à trouver des solutions pérennes aux déséquilibres de l’offre sur les marchés ruraux et urbains à bétail ».
Quant aux céréales locales non transformées, l’augmentation soutenue des prix en cette période de soudure est en lien avec l’insuffisance de l’offre céréalière due à l’insécurité persistante dans les zones de production et à la mauvaise campagne agricole de 2020-2021 qui n’a pas permis aux paysans de disposer des intrants subventionnés.
Des facteurs exogènes
A en croire le ministre du Commerce, avec l’adoption des plans de relance anticovid-19 par la plupart des Etats du monde, la demande mondiale des produits de base connait une augmentation vertigineuse par rapport à l’offre disponible. Cette situation couplée au renchérissement du coût du fret maritime et de la logistique (indisponibilité des bateaux, raréfaction des conteneurs) et les perturbations du trafic sur l’axe Bamako – Dakar ont engendré l’augmentation du cours mondial de certains produits importes, Ainsi, le prix de la tonne de blé est passé de 250 euros en décembre 2020 à 300 euros en juillet 2021, soit une hausse de 20%. Celui du sucre s’établit à 483 dollars la tonne, en hausse de 8% par rapport au mois passé. Tout comme le blé et le sucre, le cours du riz indien est passé de 340 dollars en décembre 2020 à 360 dollars la tonne, soit 6% d’augmentation. Simultanément, le coût du fret maritime a augmenté de plus de 40% passant de 40 000 FCFA la tonne à 60 000 FCFA.
Baisse des prix de matériaux
Grâce à l’atténuation des mesures de rationnement des unités industrielles en électricité et la décision des autorités sénégalaises d’assurer l’approvisionnement du marché malien en ciment à hauteur de 7 000 tonnes par jour lors de ma visite à Dakar, le prix de certains matériaux de construction notamment le fer à béton et le ciment ont effectivement baissé. A titre d’exemples, la barre de fer à béton de 10 mm de diamètre qui était vendu à 2 800 FCFA l’unité revient au détail à moins de 2 200 FCFA, la tonne de ciment qui coûtait 120 000 FCFA en juin 2021 est cédée aujourd’hui au détail à 95 000 FCFA voire 93 000 FCFA par endroit. « Aujourd’hui malgré les difficultés au plan international et interne, les marchés sont approvisionnés à hauteur de souhait et les stocks détenus auprès des industriels et des principaux importateurs sont supérieurs aux seuils d’alerte et arrivent à couvrir les besoins du moment », a rassuré le ministre. Qui a promis que ces efforts de stabilisation des prix vont se poursuivre à travers un renforcement de dispositif de contrôle des prix indicatifs plafonds et la négociation avec les industriels, commerçants grossistes, les détaillants et les associations de consommateurs.
Cyril Adohoun
L’Observatoire