Sur un ton affichant le désir à la souveraineté et la mobilisation à payer le prix de la liberté, le Président du Conseil national de transition (CNT) s’est adressé à ses collègues. C’était le 03 octobre, au Centre international de conférence de Bamako, en présence d’une forte délégation guinéenne exprimant une volonté d’amorcer l’unité africaine.
Teinté des propos nationalistes et de décolonisation de l’Afrique, l’intervention du Président du Conseil national de Transition (CNT), colonel Malick Diaw a accroché l’assistance et au-delà. Aussi, c’était une manière pour lui d’attirer davantage l’attention de ses collègues sur la responsabilité qui pèse sur eux dans le contrôle de la gestion des affaires publiques. Ainsi, soulignera-t-il : « S’agissant de l’ordre du jour de la présente session ordinaire, il sera principalement consacré à l’examen du projet de loi de finances 2023. Le vote du budget d’Etat, faut-il le souligner, constitue un moyen privilégié pour le Parlement de contrôler, d’une part, les recettes de l’Etat à travers le système d’imposition des citoyens et, d’autre part, les dépenses publiques en veillant à leur pertinence et l’orientation des ressources financières disponibles. Vous mesurez donc, chers collègues, la grande responsabilité qui est la nôtre en la matière. Après l’intéressant Débat d’Orientation Budgétaire que nous avons eu sur le document de programmation pluriannuelle 2022-2023, faisons en sorte que le vote du budget 2023 soit une autre opportunité pour le CNT d’œuvrer avec le Gouvernement afin d’instaurer une culture financière plus efficace et plus efficiente de protection des deniers publics.
Outre la loi de finances 2023, d’autres projets de loi sont déjà inscrits dans notre tableau de saisines. Il s’agit, entre autres, du projet de loi de finances rectificative du budget 2022, de la loi de règlement du budget d’Etat 2018, du projet de loi fixant les règles générales relatives à la réparation des préjudices causés par les violations graves des droits de l’Homme, des projets de loi portant respectivement création de la Direction de la justice militaire, de la Direction centrale du service de santé des armées, de la Direction générale des douanes et de la société de recherche et d’exploitation des ressources minérales du Mali ainsi que du projet de loi relatif à la modification du Statut des fonctionnaires des collectivités territoriales.
A ceux-ci, s’ajouteront sûrement d’autres dépôts en cours de session. En plus, conformément au Règlement intérieur, nous allons examiner le Rapport de contrôle de l’exécution du budget du CNT, au titre du 4ème trimestre 2021, élaboré par la Commission de contrôle. Je voudrais en outre vous informer que l’élargissement en cours du CNT exigera naturellement une modification de notre Règlement Intérieur, cela, pour prendre en compte cette nouvelle situation dans la configuration et le fonctionnement des organes du CNT. Ce serait aussi l’occasion, lors de cet exercice, d’améliorer certaines procédures et de corriger les insuffisances décelées au cours de nos travaux parlementaires précédents. Pour cela, je mettrai en place au moment opportun une commission ad hoc qui sera chargée de mener à bien cette activité.
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Il reste entendu que ce volet législatif sera couplé à diverses activités de contrôle de l’action gouvernementale, à des visites de terrain des commissions générales ainsi qu’à des séances de renforcement des capacités qui seront aussi au menu de nos travaux. Je demeure toutefois confiant quant à l’engagement patriotique de l’ensemble des membres du CNT à faire de la présente session une autre opportunité de renforcer nos acquis parlementaires et notre rôle primordial dans l’architecture institutionnelle de la transition ».
Dans une pédagogie de séduction du peuple à faire du sacrifice, prix à payer pour l’indépendance, Malick Diaw citera Frantz Fanon qui nous enseigne : « Nous ne sommes rien sur cette terre si nous ne sommes d’abord les esclaves d’une cause : celle des peuples, celle de la justice et celle de la liberté. » Une opportunité pour lui de magnifier l’ensemble des autorités civiles et militaires de la transition dans le combat qu’elles mènent au quotidien pour la cause malienne, c’est-à-dire redonner au Mali sa dignité et sa place dans le concert des nations.
« Je tiens particulièrement à saluer le leadership et la clairvoyance du Président de la Transition, chef de l’Etat, Son Excellence le Colonel Assimi Goïta. Martin Luther King disait, je cite : la grandeur d’un homme ne se mesure pas à ses moments d’opulence, mais plutôt quand il traverse une période de controverses et de défis. A ce sujet, nous sommes tous témoins que malgré les multiples soubresauts et adversités auxquels notre pays est régulièrement confronté, le soldat Assimi Goïta n’a pas été désaxé d’un iota et il ne le sera sûrement jamais. Soldat dans l’âme et dans le sang, le Président Assimi que j’aime surnommer « le Soldat S » ne déméritera jamais, à l’instar des autres acteurs du 18 août 2020. Je pense profondément que si le Président Amadou Toumani Touré, paix à son âme, a été le soldat de la démocratie au Mali, son cadet Assimi se trouve être le soldat de la renaissance du Mali», a-t-il déclaré.
En votre nom, poursuivra l’orateur, je le félicite à nouveau pour tous les efforts qu’il ne cesse de fournir dans la conduite sereine de la transition et lui assure de toute notre détermination à œuvrer ensemble pour le renouveau de la mère patrie.
Le Premier ministre par intérim, le Colonel Abdoulaye Maïga, aura également droit à la gratitude des membres du CNT qui estiment que son intervention à la tribune de la 77ème session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies a été satisfaisante et brillante à plus d’un titre. « Nous nous réjouissons que son discours hautement patriotique et historique ait clairement exprimé les aspirations profondes du peuple malien et mis à nu les agissements sournois et discourtois de certains acteurs malveillants contre notre pays. Nous saluons en outre ladite intervention pour avoir été, à tous les égards, l’opportunité de réaffirmer à la face du monde l’indépendance et la souveraineté du Mali », a-t-il argumenté.
Dans le même registre, le colonel Diaw précisera que ce que la République du Mali est en train de vivre n’est nullement une fatalité. Car, explique-t-il, tous les grands pays sont passés par des épisodes douloureux, souvent très douloureux. Notre chemin, il est vrai, n’est pas linéaire ; il n’est pas non plus un fleuve tranquille mais ensemble, nous pourrons continuer à remporter des succès importants dans les domaines de la paix, de la sécurité, de la réconciliation nationale et du développement durable. Ensemble, nous pourrons laisser un Mali meilleur à notre postérité.
Avant de poursuivre qu’il est de leur devoir de rassurer les Maliennes et les Maliens qu’ils vont achever le chantier ouvert par nos pères de l’indépendance. «Avec fierté, nous notons déjà plusieurs pas importants. En effet, le jeudi 22 septembre 1960, la République du Mali est née et à la date du jeudi 22 septembre 2022, le nouveau Mali aussi est déjà né et se construit progressivement », se vente-t-il. Le seul serment que nous devons maintenant prêter est celui que nous rappelle vaillamment cet extrait de l’Hymne des pionniers du Mali, je cite : « Même s’il faut notre sang, nous irons de l’avant. Même s’il faut notre sang, nous irons en courant. » C’est dire tout simplement que les Maliens n’ont nullement besoin de chance, mais plutôt de courage, a-t-il ajouté.
Gratitude aux autorités guinéennes
Se sentant abandonné par certains en ce moment crucial pour la survie nationale, les autorités de la transition du Mali ont salué la solidaire légendaire de celles de la Guinée Conakry à notre pays.
En ces moments décisifs de la vie des nations malienne et guinéenne, invitera Diaw, ayons seulement à l’esprit la célèbre déclaration de feu Président Sékou Touré : « Nous ne renoncerons pas et nous ne renoncerons jamais à notre droit légitime et naturel à l’indépendance. Il n’y a pas de dignité sans liberté.Nous préférons la pauvreté dans la liberté à la richesse dans l’esclavage. »
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Partant, il renouvèlera notre gratitude à l’endroit de tous les peuples frères, de tous les pays amis et partenaires qui ont déployé leur élan de solidarité sincère à l’endroit du Mali pendant ces moments difficiles. L’occasion est propice pour leur demander de continuer à œuvrer à nos côtés pour l’atteinte des objectifs de la transition, en ayant juste comme seule boussole la vision que les Maliens eux-mêmes ont de l’avenir du Mali.
« C’est le lieu de saluer spécialement, une fois de plus, le soutien multiforme apporté par le peuple guinéen au Mali. Merci très sincèrement à nos frères guinéens et aux plus hautes autorités guinéennes avec à leur tête le colonel Mamadi Doumbouya. Tenez-vous bien, mesdames et messieurs, que c’est le Président Doumbouya en personne qui a donné des instructions fermes à tous les niveaux afin que toutes les situations concernant le Mali soient désormais traitées en urgence, sans entrave de quelle que nature que ce soit. Qu’il en soit remercié !
Vous savez, dans les relations entre le Mali et la Guinée, il ya des signaux qui ne trompent pas. Les faits sont têtus dit-on mais ce qui s’est passé entre nos deux pays en l’espace de quelques mois est tout simplement historique. Je citerai, entre autres, la participation du Mali à la cérémonie d’investiture du colonel Doumbouya à Conakry le 1er octobre 2021 au moment où les pays de la Cedeao ont brillé par leur absence. Je précise d’ailleurs qu’à la fin de la cérémonie, la première audience officielle du Président Doumbouya a été accordée à la délégation du Mali que j’avais eu l’honneur de conduire au nom du Président de la Transition », a-t-il déclaré.
Oumar KONATE
La Preuve