‘’C’est au prix de combats sanglants, de massacres et de déplacements de civils, le groupe Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) est désormais en position de force dans le nord-est du Mali, qui sert de base à ses visées expansionnistes au Niger et au Burkina Faso’’, selon des analystes.
UNE Sécurité

Confluences Mali – Burkina – Niger : Le règne de l’EIGS ?

Le Sahel est en proie à une violence sans précédent. En dépit des nombreuses opérations militaires menées dans la zone, le groupe Etat islamique étend sa prédation sur une grande partie de ce territoire. Les jihadistes affiliés à l’EI et leurs rivaux d’Al-Qaïda se disputent le contrôle de la zone ‘’des trois frontières ‘’ aux confluences du Mali, du Burkina et du Niger. La ville de Ménaka se retrouve isolée et demeure en mauvaise posture. L’EI passe-t-il à l’offensive ?

‘’C’est au prix de combats sanglants, de massacres et de déplacements de civils, le groupe Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) est désormais en position de force dans le nord-est du Mali, qui sert de base à ses visées expansionnistes au Niger et au Burkina Faso’’, selon des analystes.

Le constat est amer, dans cette zone immense, reculée et aride dite « des trois frontières », l’organisation jihadiste a étendu son contrôle, en commettant de nombreuses exactions contre les civils.

Des exactions dénoncées par les organisations de droit de l’homme mais aussi par l’ONU qui a tiré la sonnette d’alarme. Si rien n’est fait, une vraie hécatombe se profile à l’horizon et cela au nez et à la barbe de l’armée régulière qui demeure impassible. Les combats ont fait des centaines de morts civils, sans qu’il soit possible de donner leur nombre précis tant l’accès à la zone et à l’information est difficile. Seule la capitale régionale Ménaka leur échappe, sécurisée par l’armée malienne, les casques bleus de l’ONU (Minusma) ainsi que des groupes armés. « La population est traumatisée, on n’arrive pas à sortir de Ménaka, la route de Gao est bloquée », s’inquiète un habitant auprès de l’AFP.

La chute de Tidermène, une localité située au nord de Ménaka début avril, est la dernière étape d’une offensive victorieuse commencée en 2022 contre ses rivaux du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, ou JNIM selon l’acronyme arabe), affilié à Al-Qaïda, l’armée malienne et des groupes armés locaux à dominante touareg dans la région de Ménaka. Selon certaines sources, la région de Ménaka serait encerclée par l’Etat Islamique au Grand Sahara. Cela n’ouvre-t-elle pas la route de Ménaka à ses différentes GAT ? Oui, si l’on en croit certains témoins qui en début de semaine ont signalé des tirs nourris aux alentours de la ville. Des milliers de personnes ont déjà quitté Ménaka pour aller vers d’autres régions comme Gao. D’autres sources nient cet encerclement par des jihadistes.

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Des craintes

Pour Housseyni Ag Yehia, un ressortissant de Ménaka, l’arrivée des terroristes jihadistes à Tidermene aura de lourdes conséquences pour les populations de la zone. « Maintenant avec cette prise de Tidermène, c’est toute la région de Ménaka qui est encerclée… une région de 80.000 km2. C’est toute cette zone qui échappe au contrôle non seulement des mouvements armés, notamment du GSIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), mais aussi de l’armée malienne. L’armée malienne est seulement présente à l’intérieur des villes, le camp FAMa (Forces Armées maliennes) et celui de la Minusma. Même si les groupes armés comme le Gatia ou le MSA se sont repliés vers l’intérieur de la ville avec toutes les populations déplacées. Il faut comprendre également que les populations dans cette zone sont des populations nomades et pastorales qui vivent de l’élevage. Ces différents événements s’accompagnent également du vol du bétail. Du coup, quand les groupes armés attaquent un village, c’est tout le bétail qu’on emporte », explique-t-il à la DW.

Contacté par le même site, le colonel-major Issa Tembiné, Gouverneur de la région de Ménaka affirme qu’il n’y a pas de pression dans la ville de Ménaka et que les populations vaquent normalement à leurs occupations.

Scènes de pillages

Les combattants de l’EIGS « rôdent aux environs de 15 km de Ménaka et exigent une taxe de passage pour les transporteurs reliant Ménaka au Niger ou à Gao tout en extorquant les bétails des communautés », décrit une source onusienne dans la ville.

Les vols de bétail sont l’une des principales sources de financement de l’organisation, qui recrute essentiellement parmi les éleveurs nomades menacés par le développement des cultures agricoles dans une région délaissée par l’Etat central. « L’organisation légitime le pillage des communautés insoumises, elle mobilise des combattants de toute la région qui sont attirés par le butin, puis ils attaquent en masse et submergent l’adversaire », assure à l’AFP une source militaire malienne.

Dans les territoires conquis, les populations doivent se soumettre à la charia (la loi islamique) et payer la zakât, une taxe prélevée au nom de l’islam, en échange d’une forme de protection. L’organisation capitalise également sur un phénomène de « jacquerie paysanne contre des Etats qui ont des difficultés à remplir leur contrat sécuritaire et social », souligne le général Abou Tarka, président de la Haute autorité pour la consolidation de la paix au Niger.

Ahmadou Sékou Kanta

Le Soft

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