Le djihadiste malien Amadou Kouffa, chef de la Katiba du Masina, serait mort dans un raid, dans la nuit du 22 au 23 novembre 2018, de l’opération Barkhane. Selon la ministre française de la défense Florence Parly c’est une « action complexe et d’ampleur qui a permis de neutraliser un important détachement terroriste au sein duquel se trouvait probablement l’un des principaux adjoints de Iyad ag Ghaly, Hamadoun Kouffa, chef de la katiba Massina ». La mort de Kouffa, lors d’une opération conjointe avec l’opération Barkhane, sera confirmée, dans la foulée, par l’armée malienne.
Amadou Kouffa, la terreur du centre du Mali, est enfin mort. En tout cas, c’est ce qu’affirme l’armée malienne et française, deux armées qui luttent contre le terrorisme au Mali. L’annonce de la mort de celui qui appelait très récemment les peulhs de l’Afrique au djihad, alimente les débats sur les réseaux sociaux, dans les grins et dans les salons feutrés de Bamako. En plus de s’interroger sur la mort réelle de Kouffa (il avait été plusieurs fois annoncé mort) beaucoup se posent la question suivante: est ce que c’est la fin de la terreur dans le centre avec la mort de celui qui rêvait de créer un Etat théocratique dans le delta ?
Dans une vidéo postée sur internet, le 8 novembre dernier, le prédicateur Amadou Kouffa apparaissait aux cotés de Iyad Ag Ghaly, chef du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), un regroupement des groupes djihadistes maliens, et du djihadiste algérien Djamel Okacha. Seul à parler dans la vidéo, Kouffa affichait leur ambition et appelle la communauté peule à rejoindre le jihad. Selon lui, « la persécution dont fait l’objet les Peuls dans la région du Sahel devrait les décider à prendre les armes pour se battre sur le sentier d’Allah. » L’ancien prédicateur chef du Front de libération de la Macina (FLM) a ainsi voulu jouer sur la fibre identitaire en faisant référence aux affrontements intercommunautaires dans le centre du Mali (affrontements entre peuls et dogons). Kouffa ou pas, cette fibre identitaire sera toujours utilisée par les djihadistes pour recruter des populations victimes du pourrissement de la situation sécuritaire dans le centre du Mali causé par l’absence de l’Etat. Thomas Hobbes ne disait il pas que tout le mal que l’Etat peut faire est infiniment moins dommageable comparé aux maux dus à l’absence d’Etat.
Le problème au centre n’est pas aujourd’hui identitaire, c’est un problème dû aux défaillances et à la faillite de l’Etat. Quand l’Etat est aux abonnés absents, les populations se réfugient derrière les allégeances primaires des « identités meurtrières » comme l’ethnie, la tribu ou la région… Et c’est la porte d’entrée à toutes les dérives.
La mort de Amadou Kouffa est une grande victoire pour les forces engagées dans la lutte contre le terrorisme au Mali. Elle est aussi assurément une grande perte pour la nébuleuse djihadiste. Mais pour venir à bout de l’hydre de Lerne terroriste, il faut une présence forte de l’Etat malien et de ses forces armées, avec l’aide de ses partenaires, dans le centre du pays afin de se recentrer sur ses missions régaliennes (la sécurité, l’éducation, la justice…).
M.K. Diakité
Source: Le Républicain