Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres a publié, le 6 juin 2018, son rapport trimestriel sur la situation au Mali. Ce rapport de 23 pages décortique sans complaisance la situation politique, sécuritaire, juridique et humanitaire qui prévaut au Mali.
Le rapport évoque également le processus de paix au Mali à travers la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale. « La tenue d’élections inclusives, transparentes et crédibles sera essentielle pour garantir les progrès réalisés jusque-là par les parties dans la mise en œuvre de l’Accord et pour les faire fructifier. Il est important que toutes les parties travaillent ensemble pour s’assurer que les conditions d’un déroulement des élections dans un environnement pacifique sont réunies », a souligné Antonio Guterres. Par ailleurs, il s’est dit préoccupé par la détérioration continue des conditions de sécurité au centre du Mali. En outre, il a souhaité la prorogation du mandat de la Minusma jusqu’au 30 juin 2019.
« La tenue d’élections inclusives, transparentes et crédibles sera essentielle pour garantir les progrès réalisés jusque-là par les parties dans la mise en œuvre de l’Accord et pour les faire fructifier. Il est important que toutes les parties travaillent ensemble pour s’assurer que les conditions d’un déroulement des élections dans un environnement pacifique sont réunies. Il importera que le Gouvernement, avec l’appui de la MINUSMA, crée des conditions propices à la tenue d’élections pacifiques et transparentes, qui se déroulent en toute sécurité. Pour ce faire, il faudra établir un véritable dialogue avec l’opposition politique et la société civile sur le processus électoral », a indiqué le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, dès l’entame de ses observations sur la situation du Mali.
Selon lui, à la date du 30 mai 2018, 22 personnes, dont l’actuel Président et Soumaila Cissé, arrivé en deuxième position à l’élection présidentielle de 2013 et dirigeant de l’Union pour la République et la démocratie, le principal parti d’opposition, avaient annoncé leur candidature à l’élection présidentielle. Pour lui, la période qui nous sépare des élections présidentielles de juillet et de leurs suites immédiates sera déterminante pour maintenir l’élan politique qui accompagne le processus de paix ainsi que l’engagement des parties à mettre en œuvre l’Accord. Par ailleurs, il a affirmé sa préoccupation par rapport à la détérioration continue des conditions de sécurité au centre du Mali, caractérisée par une plus grande complexité des attaques contre la MINUSMA, les forces armées maliennes et les forces internationales.
« J’ai été informé que les incidents liés à la sécurité ont augmenté de 200 % l’année qui s’est écoulée, plus de 1 000 incidents ayant été enregistrés par la MINUSMA dans la région de Mopti et des dizaines de personnes tuées. Ne pas réussir à mettre fin à la crise dans les régions du centre pourrait avoir des effets graves sur la stabilisation de l’ensemble du pays et la cohésion du tissu social, et pourrait annuler les progrès accomplis à ce jour. Le Gouvernement devrait s’en préoccuper en priorité, notamment en vue des élections», a souligné le secrétaire général des Nations Unies.
Selon lui, cinq ans après la création de la MINUSMA et trois ans après la signature de l’Accord, le Mali se trouve à la croisée des chemins. Pour lui, de janvier 2018 au 18 mai 2018, le nombre d’attaques perpétrées au moyen d’engins explosifs improvisés s’élève à 93. «La situation sécuritaire s’est dégradée et les divisions entre les communautés se sont creusées, ce qui nuit à la cohésion sociale nationale et aux pays voisins. Malgré certains progrès récents, le rythme actuel d’application de l’Accord risque à long terme, s’il reste inchangé, de porter atteinte à sa crédibilité et aux possibilités qu’il offre en tant qu’instrument de paix durable », a déclaré Antonio Guterres.
A ses dires, la situation actuelle au Mali n’est pas viable, car, dit-il, la MINUSMA, depuis sa création, a perdu 174 soldats, dont 101 tués au combat. «Au cours de ma visite dans la région de Mopti, j’ai bien pris conscience de la gravité de la crise agropastorale et nutritionnelle, dans un contexte où le nombre de personnes ayant besoin d’une aide alimentaire d’urgence a doublé au cours de l’année écoulée. La situation alimentaire désastreuse, qui risque de s’aggraver encore en l’absence d’une intervention rapide et à grande échelle, exige la mobilisation urgente de la communauté internationale. J’encourage également tous les partenaires à concentrer leurs efforts sur l’amélioration de la situation humanitaire et de l’accès aux services sociaux de base et sur la création de possibilités génératrices de revenus pour faire face aux préoccupations croissantes liées au chômage, à la marginalisation et à l’exclusion, qui continuent d’alimenter le recrutement entrepris par les éléments extrémistes violents », a-t-il dit.
Par ailleurs, il a recommandé au conseil de sécurité de l’ONU, que le mandat de la MINUSMA soit prorogé d’un an, jusqu’au 30 juin 2019, ajusté en fonction des domaines prioritaires et structuré.
Acun progrès dans le procès Sanogo
Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres a fait savoir que l’intégration des combattants de groupes armés dans les forces armées maliennes qui devait débuter le 25 avril a été reportée à la mi-juin et devrait s’achever d’ici la fin août. Par rapport à la protection des civils, Antonio Guterres a indiqué que dans le centre du Mali, les conditions de protection se sont encore détériorées. « Au moins 43 civils ont été tués et 24 blessés lors d’attaques ciblées et de conflits intercommunautaires, et de nombreux autres ont été temporairement déplacés », a-t-il dit.
S’agissant de la situation des droits de l’homme, il a rappelé que la MINUSMA a recensé 344 violations des droits de l’homme et atteintes à ces droits, lesquelles ont concerné au moins 475 victimes, contre 133 cas et 483 victimes au cours de la période précédente. « Plus de 640 personnes ont comparu devant la Commission vérité, justice et réconciliation. Le 30 mai, la Commission a signalé qu’elle avait reçu au total 8 273 dépositions depuis le 3 janvier 2017. Toutefois, aucun progrès n’a été réalisé dans le procès Sanogo et dans les procès des auteurs présumés des violences sexuelles liées au conflit commises en 2012 et 2013 », a-t-il déclaré.
Pour lui, la situation humanitaire a continué de se détériorer en raison de l’insécurité croissante dans les régions du nord et du centre, de la présence limitée de l’État et de ressources financières insuffisantes pour répondre aux besoins actuels. « À ce jour, le nombre de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire pour l’année 2018 s’élève à près de 4,3 millions (contre 3,8 millions en 2017), dans un contexte marqué par la menace d’une crise de la sécurité alimentaire et de la nutrition », a souligné Antonio Guterres.
Aguibou Sogodogo
Source: Le Républicain