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Autopsie d’une défaite : Soumi a-t-il flanché dans la dernière ligne droite ?

Dans sa peau de chef de file de l’opposition, Soumaila Cissé s’est investi pendant 5 ans à préparer le Malien lambda pour une alternance qu’il pensait incarner. Lente et efficace, sa stratégie sa bataille d’usure a pu mettre la popularité du président exercice en cause. Mais, pour affronter le président sortant, il avait besoin, en plus de stratégie, de meute d’attaque.

Candidat à la présidentielle pour la troisième fois, Soumi Champion n’a pourtant jamais paru aussi près de réaliser son rêve de gouverner le Mali, mais, fort curieusement, à la sortie des urnes il n’a point amélioré sa place d’éternel deuxième. En effet, après la proclamation des résultats définitifs, les doutes et les confusions de tout un chacun auront fini de s’effacer. Même s’il n’a pas été aussi «plébiscité» qu’en 2013, IBK va demeurer pour 5 ans encore à la tête magistrature suprême. C’est ce qu’il ressort également de l’arrêt de la Cour constitutionnelle. Dos au mur pourtant, IBK aura résiste aux bourrasques de l’alternance. Et, pendant qu’il va diriger le Mali, Soumi en simple spectateur va devoir observer sur le banc de touche et compter les points pour avoir flanché dans la dernière ligne droite. En cause peut-être : le raté du casting avec le choix malencontreux d’hommes comme Tiébilé Dramé considéré comme arriviste dans les rangs de l’URD, ou encore Ras Bath, Kadiatou Fofana, Etienne Fakaba Sissoko, etc. Mettant de coté ceux-là qui ont presque tout perdu pour l’avoir suivi dans son combat.

Cette décision disproportionnée n’était visiblement pas un bon filon pour établir le lien entre le «Candidat de l’Espoir» et la masse d’indécis d’électeurs. Et pour cause, nombreux sont ceux-là qui n’avaient tout simplement pas compris que Ras Bath, après avoir accusé le duo Soumi- Tiébilé de tous les péchés d’Israël (voleur et ennemi de la république), en vient finalement à succomber à leur charme. Pour eux, comme IBK, Soumi a fait également la pluie et le beau temps au sommet de l’Etat depuis l’avènement de la démocratie au Mali. En définitive, ni l’un ni l’autre n’incarnait l’alternance aux yeux de nombreux indécis, qui en ont déduit l’illusion d’un changement de surface et la continuité du statu quo en sous-main. D’où le refus de identifier à Soumaila ainsi qu’à tous ceux qui a un moment où un autre avaient eu à collaborer avec Koulouba.

Animé par l’instinct et l’ambition de gagner la présidentielle de 2018, la décision de mettre en tête de pont des frustrés du pouvoir ne se justifiaient pas également aux yeux de nombreux cadres de l’URD dont la plupart étaient exaspérés par l’option de Soumi de jeter arbitrairement son dévolu sur Tiébilé Dramé comme directeur de campagne. Comme pour mettre en cause l’intégrité, l’engagement et la conviction et la capacité intellectuelle des Mody N’diaye, Iba N’diaye et Me Demba entre autres. Les intéressés n’ont certes pas manifesté ouvertement leur mécontentement, mais leur désarroi et les mécontentements de beaucoup peuvent se juger à leur disparition des radars pendant toute la campagne électorale.

Outre les dysfonctionnements internes qui en ont résulté, Soumaila Cissé a eu comme bourreau, Nango Dembélé, le ministre de l’agriculture nom moins président de la fédération RPM et coordinateur de l’alliance EPM de la troisième région. Le ministre Nango s’est focalisé le bilan de son département pour fédérer le monde paysan à la cause de son employeur. Alors qu’on se demandait si IBK serait candidat à sa propre succession, son ministre averti a passé plus d’une année à sillonner le Mali pour le vendre au mieux. Des efforts sui semblent avoir porté leurs fruits dans les zones CMDT et Office du Niger où les urnes ont été massivement pourvues pour le compte du président IBK.

Aujourd’hui, le camp de l’opposition parle plutôt de bourrage d’urnes dans lesdites localités où le ministre de l’Agriculture a visiblement fait figure de cauchemar qui a brisé le rêve politique du candidat de l’espoir. Le pire est que beaucoup d’observateurs de la scène politique estiment qu’il était probablement à sa derrière participation. En effet, à 69 ans, son âge risque de lui poser problème au bout de 5 ans..

Amidou Keita

Source: Le Témoin

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