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Candidature interne à l’Adema PASJ : Yaya Sangaré : “soutenir IBK, c’est assumer le bilan commun”

L’Adema PASJ a fait parler d’elle dans cette période de précampagne électorale. Et tout le débat s’est focalisé sur la présentation ou non d’un candidat à l’élection présidentielle du 29 juillet. Finalement le parti s’achemine vers un soutien électoral au président IBK dès le premier tour après le désistement de Dioncounda Traoré a la candidature interne du parti. Ces péripéties ont projeté les lampions sur un parti presque déchiré par ce choix cornélien a faire. Pour le secrétaire a la Communication du Parti, l’honorable Yaya Sangaré, tout va bien pour le parti. Nous l’avons joint depuis Abuja où il séjourne en mission.

L’Adema, votre partie, s’achemine vers un soutien électoral au président IBK pour l’élection présidentielle 2018. On a l’impression que cette d’option semble douloureuse pour le parti….

Cette option n’est aucunement douloureuse, au contraire elle est une logique politique qui est issue de débats internes féconds qui ont parfois désorienté les observateurs de l’extérieur. À l’interne aussi, parfois, il y a eu des propos discourtois entre camarades qui ont beaucoup plus en commun que des points de divergence profonds. Ce qui est vrai et constant, c’est que ces débats qui ont lieu à l’Adema ne doivent pas être considérés comme anodins, car ils reflètent la nature et la qualité des débats instaurés dans le pays en cette fin de mandature du Président IBK. Donc, l’option de soutenir IBK s’inscrit dans le cadre de l’assumation du bilan commun par l’Adema-PASJ, de la loyauté et de la morale politiques. Je veux ainsi dire que cette option à laquelle beaucoup de maliens et même des partenaires du Mali étaient suspendus contribue à l’apaisement du climat social et politique. Elle peut même gérer par anticipation la probable crise post-électorale qui se profile. C’est une décision hautement politique qui ne peut pas avoir du coup l’assentiment de tous et il faudra beaucoup de pédagogie et de patience pour la faire digérer, parce que ses opposants ne se recrutent pas qu’à notre seul sein. Cette option peut affecter beaucoup de schémas et d’agenda, surtout personnels. La conquête du pouvoir requiert une analyse froide de toutes ses forces et ses faiblesse, des opportunités qui s’offrent et des obstacles qui se dressent devant nous. L’action politique d’un parti comme l’Adema-PASJ ne se résume pas au seul choix d’un candidat à la présidentielle, d’autres cercles de pouvoirs doivent être conquis et exercés avec intelligence dans de bonnes alliances, sans nous laisser divertir sur des détails et nous découvrir aux adversaires qui attendent la moindre erreur.

Peut-on parler de véritable fracture au sein de la ruche ? Avec un CE divisé, une jeunesse sur le qui vive…

C’est avec amertume que je vis certaines situations malheureuses créées par certains jeunes dans un processus démocratique, à nulle autre pareille sur l’échiquier politique malien. Un débat politique de cette nature n’a pas besoin d’intimidation ou d’exhibition de muscles. Il s’agit plutôt de faire prévaloir la force des arguments : l’argument du poids politique et électoral, chacun dans son bastion, l’argument de la conviction de son choix politique. Ceux d’en face sont immunisés contre ce genre de comportements d’un âge révolu. Je sais que les jeunes, tous bords politiques confondus, sont frappés par le chômage, l’insuffisance d’encadrement et de formation, la perte de perspectives d’avenir. Pour autant cela ne doit pas les rendre autant vulnérables aux calculs politiciens, aux chimères. Faisons montre de bonne foi, à tous les niveaux, car le Mali doit passer avant nos intérêts particuliers qui ne doivent pas nous pousser à exiger ce qui n’est pas logique et qui ne participe même pas au confort du parti. À la limite, une minorité d’agitateurs va souvent jusqu’à faire des requêtes qui heurtent la morale politique et le bon sens. Je ne crois pas que le CE soit divisé profondément ; il y a eu choc des idées, d’approches et de méthodes avec en ligne de mire, la victoire du parti, mais au finish, une option responsable semble se frayer son chemin. Entre camarades, il y a eu des disputes qui ne vont quand même pas entraîner de rupture, encore moins de guerre de positionnement irréconciliable. Ce qui se passe là participe de la vitalité de la démocratie et de la densité des idées au sein de notre parti. Le CE a pour rôle d’orienter et d’assumer les grandes décisions qui engagent la vie du parti, car disposant de plus d’éléments d’appréciation. Et la jeunesse aussi est dans son rôle de sentinelle pour amener le CE à préserver les intérêts collectifs; chacun devant dans son rôle. Et les décisions validées par les instances habilitées doivent s’imposer à tous. Je demande donc à tous de rester vigilants, concentrés sur l’essentiel et de privilégier le dialogue constructif.

S’agissant de la candidature de Dioncounda. Beaucoup d’observateurs pensent que c’est juste un subterfuge de la frange du parti qui ne veut pas de candidature interne. Qu’en dites vous ?

Aucun subterfuge pour aucun agenda personnel dans le cas d’espèce. Au contraire, la candidature du Pr. Dioncounda a été suscitée et encouragée par tous, en l’absence d’un véritable nouveau contrat d’espoir entre le Président IBK, la majorité qui le porte et l’Adema-PASJ. J’ai compris dans toute cette ébullition au sein du parti que les militants et les cadres ne se retrouvaient pas dans le compagnonnage d’IBK. Il a manqué très sérieusement l’animation politique du parti qui aurait pu permettre de véhiculer les bons messages auprès des militants à la base ; il a manqué à certains moments de la vie du parti, sur des grandes questions du pays du leadership, de l’autorité et de l’orientation. Toute choses qui ont mis les militants dans la léthargie et les ont rendu vulnérables aux rumeurs. Les militants ont continué à souffrir sans encadrement de la direction nationale, des frustrations accumulées, des cas d’humiliations de la part du parti présidentiel et de certains de ses alliés privilégiés. Le parti présidentiel n’ayant rien facilité, Pr. Dioncounda Traoré est apparu aux yeux de beaucoup de militants comme la seule solution plausible pour imposer une gestion concertée du pouvoir d’Etat, calmer le front social, créer un nouvel espoir. Il est vrai aussi que certains ont voulu récupérer le nom de cet homme de grande expérience à d’autres fins politiques contraires à l’esprit noble de désignation de candidat interne au parti. Celui-ci a compris tout cela et sait plus que quiconque les défis et les menaces qui enveloppent notre pays, et il a répondu de façon résolument négative à l’appel de son parti. Il est bon de rappeler qu’il est un excellent mathématicien doublé de politique qui a suivi toute la trajectoire de son parti et connaît le pouvoir d’Etat pour l’avoir exercé. Sa candidature a eu l’avantage de rassembler l’Adema-PASJ à un moment décisif de la vie du parti, à freiner, sinon à faire obstacle à des candidatures farfelues et fantaisistes qui auraient ruiné le peu de respect et de considération que les maliens ont encore pour notre parti.

Que repondez-vous à ceux là qui pensent que l’Adema est finalement un parti de banquet. Un parti qui ne veut pas se voir dans l’opposition ?

L’Adema-PASJ est plutôt un parti de stabilité du pays, le meilleur baromètre de la situation politique nationale. Nous sommes un parti de masse composé de toutes les classes sociales qui s’expriment librement. Nous sommes le parti qui regorge le plus de cadres de qualité et nous sommes le mieux implanté,sociologiquement et politiquement, dans le pays. Ses cadres ont l’avantage de connaître suffisamment le Mali profond pour avoir pratiqué les maliens de plus près sur leurs lieux de résidence, de travail, dans leurs souffrances comme dans leurs espérances. Un travail de fourmi abattu depuis des décennies que nous nous refusons de dilapider. Un tel parti, fort de son passé glorieux, bâti autour de la devise du Mali, ne peut pas s’amuser à opter avec légèreté pour le plaisir de quelques individus en mal de sensationnel. Le jour où la démocratie sera réellement menacée, la République en danger, l’Adema ne se fera pas prier pour y être. Les exemples ne manquent d’ailleurs pas pour illustrer cela. Les événements de 2013 en sont une illustration parfaite quand nous avons animé face à la soldatesque de Aya Sanogo et ses sbires cachés dans des associations fictives. Chaque fois qu’il s’est agi du Mali, l’Adema-PASJ a répondu présent sans démesure, parfois dans l’anonymat à travers des cadres compétents et désintéressés, sans même réclamer la paternité de certains hauts faits qui font la fierté de beaucoup de maliens aujourd’hui. En conclusion, seul l’Adema peut vaincre l’Adema, resserrons nos rangs en faisant confiance à la direction actuelle du parti. Ce qui nous unit doit être plus fort que ce qui nous divise. Unis, nous avons toutes les chances de rebondir dans un avenir proche, dans un Mali plus uni, plus pacifié et plus réconcilié avec lui-même.

Source : Le  Temps du Sahel

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