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Coronavirus : Le Mali épargné jusqu’ici

A travers une conférence de presse, le jeudi 5 mars 2020, les responsables sanitaires ont donné l’information actualisée de la situation de l’épidémie à Covid 19 au Mali. Aucun cas n’a été identifié ou signalé. Les actions en cours au Mali s’articulent sur 4 axes : la coordination, la communication, la surveillance et la prise en charge.

Ladite conférence a été animée par le Secrétaire Général du Ministère de la Santé et des Affaires Sociales, Dr Mama Coumaré, le Directeur national de l’Institut National de Santé Publique, Pr Akory Ag Iknane, en présence du Chef de Cabinet du ministère Sidy Diallo, du Représentant de l’OMS au Mali, Dr Baptiste Jean-Pierre.

Selon le conférencier Dr Mama Coumaré, la situation épidémiologique se caractérise au niveau mondial par plus de 95 270 cas dont 3 280 décès dans 88 pays, au niveau africain par 26 cas dont 0 décès, «  Sénégal (4 cas), Nigéria (5 cas), l’Algérie (12 cas), Tunisie (1 cas), Maroc (1 cas), Égypte (2) ».

Les actions en cours au Mali s’articulent sur 4 axes : la coordination, la communication, la surveillance et la prise en charge.

Coordination 

Selon Dr Coumaré, une cellule de coordination nationale et un comité de crise a été mise en place, coordonnée par le Directeur général de l’INSP, Pr Akory Ag IKNAN. « Ces outils ont pour objectifs de servir de point de contact et de conseiller aussi bien pour les autorités administratives que pour la population, tenir des rencontres régulières pour faire le point de l’évolution de la situation, veiller avec les équipes médicales à mettre en quarantaine les cas suspects et prendre en charge les cas positifs, et vérifier que l’unité de prise en charge des épidémies est fonctionnelle, et l’élaboration et la validation d’un plan d’actions de prévention et de lutte contre le coronavirus avec l’implication de tous les départements ministériels partenaires ainsi que les PTFs », a indiqué le Secrétaire Général du département de la santé.

Au plan sous régional, un contact régulier avec l’OOAS a été instauré entre les ministres en charge de la santé et les responsables des institutions nationales de gestion de l’épidémie pour le partage des informations entre eux et les autres pays africains.

Dans le souci de l’harmonisation des approches et stratégies de prévention et de réponse à l’épidémie, le Mali s’est inscrit dans une dimension internationale d’une seule santé et de coopération intersectorielle concertée avec l’OMS, le CDC Afrique et les pays de la sous-région (CEDEAO). Cette coordination repose sur la préparation au niveau sous régional et international, d’actions coordonnées en matière de lutte contre le COVID-19, le partage d’information relative à l’épidémie avec l’OMS pays, l’OOAS et le CDC Afrique sur l’état de préparation du pays.  « Les contacts réguliers avec nos compatriotes vivants dans les pays touchés. Un dispositif de communication est mis en place avec les ambassades dans ces pays pour s’informer régulièrement de la situation », a informé Dr Mama Coumaré. Il est instauré un contact régulier avec la presse, la diffusion des messages de sensibilisation sur les radios et télévisions, la mise en place d’un dispositif d’information et sensibilisation des usagers à travers les écrans de télévision à l’aéroport, la tenue des points de presse pour anticiper, les prestations sur les antennes de la télévision et des radios, l’édition de bulletins d’informations sur le COVID-19, et des communiqués de presse.

Surveillance coriace

La surveillance se fait prioritairement aux points d’entrées du Mali, notamment aériens et terrestres. Le Secrétaire Général a fait savoir que des équipes de contrôle, au nombre de 31 agents, sont postées dans les aéroports de Bamako Senou, Kayes et Mopti, identifiés comme points d’entrée potentiels à risque élevé. D’où leur dotation en intrants tels que des gels, caches nez, gants, thermo flash. Un site d’isolement de cas suspects a été identifié et équipé à l’aéroport International Président Modibo KEITA Bamako Senou, avec « le pré positionnement d’une ambulance médicalisée, la mise en place d’un dispositif d’information et sensibilisation des usagers à travers les écrans de télévision et les affiches, la supervision régulière du dispositif par la DRS, la DGSHP et l’INSP ».

Coronavirus: en Afrique, les pays non touchés se préparent

Quant aux points terrestres, 15 cordons considérés comme prioritaires ont été réactivés aux frontières avec la  Côte d’Ivoire (Zégoua, Hermankono, Kadiana, Manankoro, Yorosso, Fakola, Flamanan),  Burkina Faso (Herémakono, Sona); Guinée (Kouremalé, Djoulafondo, Filamana) Sénégal (Diboli, Mahinamine) et la Mauritanie (Kogui).

Aux dire du Dr Coumaré sur le Centre de prise en charge, 80% des cas sont asymptomatiques ou simples, 15% s’accompagnent de complications et 5% nécessitent des soins intensifs. Cette prise en charge exige des conditions de soins intensifs avec des respirateurs, une source d’oxygénation, des masques, les moniteurs multi paramètres. Pour ce faire, vingt-deux (22) salles ont été identifiées aux CHU du Point G, Gabriel TOURE, Hôpital du Mali, Hôpital de Kati et les CSREF de Bamako pour la prise en charge d’éventuels cas ; un site réhabilité avec l’appui de l’Ambassade de Chine au Mali pour une capacité de 10 lits est en cours d’équipement en extracteurs d’oxygène, en intrants. « Des instructions ont été données aux régions pour identifier et équiper les sites de prise en charge », soutient-il.

Quatre laboratoires ont la capacité de faire le diagnostic du Coronavirus. Il s’agit du Centre Universitaire d’Excellence de Recherche Clinique (UCRC) à la faculté de médecine et d’odontostomatologie (P3), le Laboratoire de Biologie Moléculaire Appliquée (LBMA) à la faculté des sciences techniques (P2), le laboratoire de l’INSP (P2) et le Centre d’Infectiologie Charles Mérieux (CICM) à la base B (P3). Un laboratoire mobile est disponible et peut être déployé dans les autres régions en cas de besoins. Un projet de mise en niveau d’un laboratoire par région est en cours.

A en croire le Secrétaire Général du Ministère de la Santé  le Mali dispose comme intrants de lutte le matériel de protection individuel notamment 600 000 masques (Cache nez) pour un besoin de 5 400 000 ; 30 800  blouses à usage unique comme équipement de protection individuel avec bonnet pour un besoin 2 000 000 ; 600 litres de Gel hydro alcoolique pour un besoin de 500 000 litres; 2 651 781 Gants pour un besoin de 3 000 000 ; 900 dispositif de gel muraux pour un besoin de 3000 ; 200 litres d’eau de javel  pour un besoin de 500 litres.

Équipements

Les équipements pour conter l’épidémie comportent des caméras thermique adaptée en cours d’acquisition, des thermo flash dont  59 disponibles pour un besoin de 20 000 ; 3 Extracteurs d’oxygène pour un besoin de 50 ; 01 Respirateur disponible pour un besoin de 20, et 2     Moniteurs multi paramètre pour un besoin de 20.

Concernant les réactifs disponibles, 1500 Test de diagnostic rapide pour un besoin de 50 000 ; 100 Kits de prélèvement pour un besoin de 10 000, et 100 Kits de transport des échantillons pour un besoin de 10 000.

COVID-19-Mali: une personne-contact testée négative

En plus des agents déployés dans les cordons sanitaires et exerçants dans les laboratoires, 19 anesthésistes/urgentistes de Bamako, 10 infectiologues de Bamako, 2 pneumologues de Bamako, et 10 manœuvres de Bamako ont été mobilisés. Les besoins de formation ont été exprimés dans le plan. « A ce stade, il est très important de signaler qu’à ce jour, notre pays n’a enregistré aucun cas. Cependant nous avons enregistré 5 cas d’alerte Au total nos laboratoires ont analysé 12 échantillons qui se sont tous révélés négatifs. C’est le lieu de remercier tous les acteurs pour les efforts fournis, le personnel socio sanitaire, les partenaires techniques et financiers et particulièrement la presse publique et privée pour les rendus d’informations éclairées. Je remercie particulièrement l’OMS pour son appui technique en matériels et intrants », a rassuré le Secrétaire Général Dr Mama Coumaré.

Mesures préventives

Toutefois, les mesures de prévention préconisées concernent la promotion de l’hygiène individuelle et collective par le lavage des mains au savon et l’application des gels hydro alcoolique, assainir le cadre de vie, utiliser les masques  avec un mouchoir ou dans les plis du coude quand on tousse ou éternue, éviter tout contact étroit avec une personne présentant des symptômes de type grippal ; cuire suffisamment la viande, le poisson et les œufs avant consommation ; arrêter certaines habitudes comme se donner les mains, les accolades; sursoir aux voyages non nécessaires surtout dans les localités des pays touchées; sursoir aux regroupements humains importants dans notre pays: évènements sociaux (mariage, baptême, décès); colloques, les congrès; et se présenter au service de santé le plus proche en cas de symptôme grippal.

Cyril Adohoun

L’Observatoire

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