Dans la foulée des négociations avec la CEDEAO, les autorités de la Transition ont adopté un décret fixant la durée de la Transition prorogée à 24 mois. Cette décision sonne comme une manœuvre à faire plier l’organisation sous régionale qui peine à lever les sanctions infligées au pays de Soundjata.
Conformément à l’article 22 de la Loi n°2022-001 du 25 février 2022 portant révision de la Charte de la Transition, le décret N°2022-0335/PT-RM du 06 juin 2022, fixant la durée de la prorogation de la Transition à 24 mois, a été adopté, le lundi 6 juin 2022, par le Président de la Transition, colonel AssimiGoïta.
Cette décision intervient dans un contexte où les négociations entre le Mali et la CEDEAO tendent vers leur épilogue. En effet, la levée des sanctions économiques et financières ainsi que l’embargo imposées au Mali par la CEDEAO-UEMOA, a été repoussée au 3 juillet prochain.
Interrogé sur la question, le porte-parole du Gouvernement, colonel Abdoulaye Maïga, défend que ce décret ne devra pas faire craindre « un regain de tension avec la CEDEAO ». « Assurément pas. A aucun moment, les plus hautes autorités de la Transition n’ont l’intention d’avoir une quelconque tension avec la CEDEAO, ni avec aucun autre partenaire », a fait croire le ministre.
D’ailleurs, le ministre Maïga a insisté sur le fait que le Président a « fermement instruit de chercher un compromis », entre deux paramètres à savoir« les exigences de la CEDEAO », d’unepart, et « les aspirations du peuple malien qui souhaite mener un certain nombre de réformes politiques et institutionnelles avant d’organiser les élections », de l’autre. « Ce qui a toujours guidé notre action », prend-il soin de préciser.
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Et le porte-parole de poursuivre : « Nous avons procédé à une évaluation de la situation. Les plus hautes autorités ont estimé que nous avons atteint un niveau très avancé dans les négociations avec la CEDEAO, ce qui a justement motivé l’adoption de ce décret fixant le délai de la transition à 24 mois. Ce n’est pas une surprise, le médiateur est informé avant l’adoption, le comité local de suivi, tous les Chefs d’Etat. Il ne fait aucun doute, la levée des sanctions est imminente ».
Aux dires du porte-parole du Gouvernement, « l’adoption de ce décret le 6 juin 2022 est une preuve très éloquente de la volonté de dialogue de nos plus hautes autorités ». Car si les autorités ne s’inscrivent pas dans la dynamique de « dialoguer avec la CEDEAO », ce décret aurait été adopté depuis le 26 mars.
Parlant da la stratégie adoptée, elle a consisté, selon le ministre Maïga,« à mener trois actions : procéder à l’évaluation du projet du chronogramme, garder le contact permanent avec le Médiateur, le comité local de suivi et les Chefs d’Etats de la région pour trouver un terrain d’entente, et proposer la mise en place d’un comité de suivi-évaluation du projet de chronogramme piloté par le Mali avec la participation de la CEDEAO et de l’Union Africaine et les Nations Unies ».
Pour l’heure, la CEDEAO ne s’est pas encore prononcée sur la nouvelle donne. Néanmoins, «les conclusions finales de ce sommet prennent en charge les propositions du gouvernement, donc les aspirations des Maliens pour les réformes sécuritaires, politiques et institutionnelles dans une période de 24 mois de Transition », a fait savoir le ministre Abdoulaye Diop des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, de retour d’Accra où il a pris part au sommet.
Malgré les assurances de la levée imminente des sanctions, certains Maliens restent dubitatifs et se demandent pourquoi ne pas attendre le 3 juillet prochain pour adopter le décret.
Ce décret ne fait-il pas avaler la couleuvre à la CEDEAO ? Quand on sait que « des informations détaillées sont attendues » par rapport au chronogramme et au mécanisme conjoint proposé par le gouvernement malien pour assurer le suivi régulier de la mise en œuvre dudit chronogramme et lever les sanctions au prochain Sommet du 3 juillet prochain.
D.C.A