« Les enjeux de la mobilisation de la diaspora malienne en Europe pour le progrès des jeunes », tel est le thème de la conférence animée, ce samedi 13 mai 2023 à l’Espace Culturel Urgol Café, par le Fondateur et Président Directeur Général du Groupe Azalaï Hotels, M. Mossadeck Bally. « Le Mali ne se développera que lorsque que la diaspora et les jeunes locaux s’unissent pour créer des milliers d’emplois », dira le Président du Conseil National du Patronat du Mali (CNPM).
Cette conférence qui s’inscrit dans le cadre de la « Fraternité Europe-Mali pour le progrès des jeunes », est une initiative de « Les Petits Stylos Fondation Mali» en collaboration avec la délégation de l’Union Européenne au Mali.
D’entrée de jeu, le conférencier a brossé les tristes souvenirs qui ont marqué les relations entre l’Afrique et l’Europe, caractérisées par le commerce triangulaire, la traite négrière et la colonisation. Les relations entre le Mali et l’Europe sont, certes, séculaires, mais elles ne sont pas un fleuve tranquille, comme le témoigne la crise diplomatique actuelle entre le Mali et la France. « Il faut (re)bâtir cette relation séculaire », a plaidé M. Mossadeck Bally.
Aux dires du président du Conseil National du Patronat du Mali (CNPM), la première génération de Maliens à aller en Europe n’était pas soumises aux contraintes de visa, contrairement à aujourd’hui. « Ils allaient librement. En 1980, je suis allé en France sans visa », a témoigné le Fondateur et Président Directeur Général du Groupe Azalaï Hotels.
Parlant du rôle de la diaspora dans le développement d’un pays, l’entrepreneur Bally dira que ce rôle est « très crucial », surtout pour les pays en voie de développement. « La diaspora peut transformer le visage d’un pays. La diaspora peut et doit changer la destinée d’un pays », a persisté M. Mossadeck Bally, car les parents immigrés transmettent leurs connaissances à leurs enfants.
Qui de la diaspora malienne ?
« La diaspora est une chance pour nous. Le Mali a la chance d’avoir une diaspora éduquée, entreprenante, qui peut apporter ses atouts au service du développement du Mali. Les Maliens, heureusement, restent attachés à leur pays », s’est réjoui le patron des patrons maliens. Mais, le challenge que le Mali doit relever est de « faire en sorte que la manne financière de la diaspora soit investie dans l’entrepreneuriat ». « Mon idée est d’avoir une banque de la diaspora, où quelques pourcentages sur les fonds transférés serviront à financer les jeunes dans les projets productifs », a souhaité le Fondateur et PDG du Groupe Azalaï Hôtels.
A LIRE AUSSI
A en croire le président du CNPM, le Mali peut être le grenier de l’Afrique, au regard de son potentiel agricole et solaire. Cependant, il faut que les jeunes de la diaspora qui reviennent au pays « soient bien accueillis, bien encadrés afin qu’ils partagent leurs expériences avec leurs compatriotes locaux, et si possible de les « coacher ». « La diaspora malienne n’est pas encadrée. Le Mali n’a pas réellement une politique de sa diaspora. Le Mali ne se développera que lorsque que la diaspora et les jeunes locaux s’unissent pour créer des milliers d’emplois », fera-t-il savoir. Ce qui permettra aussi de soustraire d’autres jeunes du « terrorisme, la drogue, … » « Une jeunesse désœuvrée est une bombe sociale », a averti le président du CNPM qui estime que la seule alternative est de « créer des emplois ».
Secteurs productifs au Mali
Par ailleurs, M. Bally a souligné que ce sont les « investissements productifs qui développent un pays ». Il fait allusion ainsi à l’agro-business notamment la culture du coton, la production de l’or, l’élevage. « Les secteurs porteurs au Mali sont l’agriculture et le numérique. Ce n’est pas déshonorant de dire que je suis dans l’agro-business. L’avenir du Mali est dans les eaux. Les jeunes peuvent embrasser aussi le numérique », a-t-il conseillé.
Répondant aux préoccupations de certains participants issus du CNJ-Mali, Club UNESCO, AEEM, JCI et autres, le Fondateur et PDG du Groupe Azalaï Hotels estime qu’il faut des sponsors, quelqu’un qui prenne le lit pour que la banque de la diaspora dont le vœu est émis soit une réalité. « Ce n’est pas l’Etat qui le fera », a-t-il indiqué, avant de promettre de poursuivre son plaidoyer.
M. Mossadeck Bally a regretté l’inadéquation entre les formations données à l’école et les emplois. « Les jeunes Maliens sont envoyés dans les filières qui fabriquent des chômeurs », a-t-il pesté. Ce qui contraint les entreprises à l’importation de la main-d’œuvre qualifiée.
Comme remède, il préconise la formation des jeunes au métier. « Il faut créer par exemple une école des mines à Kayes. Si j’étais ministre de l’Education, je mettrai 90% de mon budget dans la formation de métier », a déclaré M . Bally. Qui est revenu sur les trois dernières décennies de démocratie au Mali : « un échec politique, économique, sanitaire, éducatif, sécuritaire ». Selon lui, tout est corrompu, même les jeunes. « Vous cherchez des chemins courts. Quand on ne se contente pas du peu qu’on a, on tombe dans la corruption », a dit M. Bally aux jeunes. Il dit espérer que ces derniers bâtissent leurs vies sur « l’honnêteté avec soi, avec les parents, les collaborateurs, les partenaires ». Car tout ce qui n’est pas bâti sur l’honnêteté est un mirage ».
Entre autres exemples de diaspora productrice réussie, le président du CNPM a cité la Chine qui a su maintenir son système politique communiste, orienté sur le système économique capitaliste, qui a permis à sa diaspora de développer les entreprises. M. Bally a cité en exemple le Ghana qui a su attirer sa diaspora, les Philippines qui font de leur diaspora une véritable industrie qui s’exporte.
Cyril Roc DACK/Icimali.com