« Les soldats ivoiriens arrêtés à Bamako ne sont pas des mercenaires et c’est évident », a déclaré le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU). Cette sortie relance les débats sur le dossier qui brouille les relations entre Bamako-Abidjan. Sauf qu’elle est tardive alors qu’elle pourrait clore l’affaire à ses débuts.
« La France a lâché le Mali en plein vol » ! Une phrase qui a secoué la géopolitique mondiale ouvrant la voie de la souveraineté affichée du Mali. Une sortie du premier ministre actuellement admis au ‘’repos forcé’’, qui a eu pour incidence la rupture avec la France dont l’armée et les médias internationaux ont été remerciés par le pays du diatiguiya.
Un an après, dans un contexte où les sanctions sont CEDEAO sont derrière nous et que le Mali est en brouille avec Abidjan, les choses ont évolué. La Primature est dirigée en intérim par le Colonel Abdoulaye Maiga qui est d’ailleurs venu porter la voix de Bamako.
Le contexte est lourd dans la mesure où un sommet de la CEDEAO est censé avoir lieu sur place et que le patron des nations unies a fait une révélation non des moindres sur les soldats détenus au Mali.
Sortie d’Antonio Guterres
Le leader de l’entité mondiale a indiqué aux confrères de France 24 le statut des 49 militaires ivoiriens arrêtés dimanche 10 juillet 2022 à Bamako, qualifiés de » mercenaires ». En effet, la représentation onusienne à Bamako disait ne pas avoir eu connaissance de la venue du groupe qui sera au cœur de l’actuel litige entre ivoiriens et maliens.
« Les 49 militaires ivoiriens arrêtés ne sont pas des éléments nationaux de soutien aux contingents de la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (Minusma) », avait déclaré l’ONU aux premiers jours des arrestations. Le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Farhan Haq, avait aussi renchéri : « Les troupes ivoiriennes n’appartiennent pas aux forces de la Minusma. Une requête de la Côte d’Ivoire, pour déployer des éléments nationaux de soutien, a été approuvée en 2019. Cependant, aucune troupe n’a été déployée sous cette convention depuis ce moment-là. »
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Cette position de l’ONU avait laissé croire à la thèse de complot contre l’intégrité territoriale du Mali, malgré les vifs encouragements de l’organisation aux « deux pays à travailler ensemble pour résoudre la situation et permettre la libération des troupes détenues ». Le Mali a eu là l’occasion d’inculper les 49 militaires. La fièvre monte entre les deux capitales. Mais, plus de deux mois après, l’ONU opte pour le revirement.
De fait, le dimanche dernier, le Secrétaire général de l’ONU est revenu sur le dossier. « Les soldats ivoiriens arrêtés à Bamako ce ne sont pas des mercenaires et c’est évident », a déclaré Antonio Guterres, qui rejette le fait que les 49 soldats dont 3 furent libérés soient qualifiés de la sorte.
Cette déclaration tardive aurait pu éviter beaucoup de choses si elle avait été faite dès l’arrestation du contingent censé rejoindre les rangs de la MINUSMA. Néanmoins, Antonio Guterres « fait appel aux autorités maliennes pour que ce problème puisse se résoudre ». « On est en contact permanent avec eux », a-t-il fait croire. Avant de préciser : « Je n’ai pas parlé directement avec Goita, mais je vais recevoir la délégation du Mali et c’est une chose qui est pour moi très importante ».
Étant donné que le PM Abdoulaye Maiga est à New York et devra croiser Antonio Guterres, le Mali pourra accorder ses violons avec la communauté internationale. Nul ne doit ignorer que le chef de la délégation malienne est quand même le porte-parole du gouvernement : il reste une fin communicatrice et prône la souveraineté du Mali, quel que soit le front sur lequel est engagé son pays.
Somme toute, l’escalade verbale entre Bamako et Abidjan prend de l’ampleur et risque de conduire les deux pays à un affrontement, pourtant évitable.
Idrissa KEITA et DCA
Le SOFT