D'emblée, le Pr. Lamine Savané a fait le point sur le nombre d'écoles non fonctionnelles au Mali, dans le contexte de l'éducation en situation d'urgence due à l'insécurité causée par le djihadisme. Selon l'enseignant-chercheur en sociologie politique à l'Université de Ségou, 1 958 écoles sont fermées sur 8 666, soit un taux de fermeture de 23%. Ces fermetures ont affecté 587 400 enfants et concerné 11 748 enseignants.
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École malienne face au djihadisme : Une menace pour la jeunesse, vu par le Pr. Lamine Savané

« Penser le djihadisme et l’école dans les régions de Ségou et Mopti : quel danger pour la jeunesse » est le thème de la troisième conférence du mois de juillet 2023, animée par le Pr. Lamine Savané, enseignant-chercheur en sociologie politique à l’Université de Ségou et Vice-doyen de la Faculté des sciences sociales (FASSO). Cette conférence a eu lieu le samedi 22 juillet dernier à l’Espace Culturel Urgol Café, situé derrière l’Hôpital du Mali au quartier de Missabougou.

Après les prestations des scouts, suivies de la déclamation d’un poème, le président fondateur de la « Les Petits Stylos Fondation », M. Tiefing Sissoko, a brièvement présenté le conférencier, Pr. Lamine Savané, l’un des plus jeunes professeurs du Mali, qui, après ses études en France et ses débuts en tant que chercheur et enseignant à Montpellier, a choisi de revenir mettre son savoir au service de sa patrie. Le conférencier est également l’auteur de plusieurs ouvrages et articles dans le domaine de la sociologie politique.

D’emblée, le Pr. Lamine Savané a fait le point sur le nombre d’écoles non fonctionnelles au Mali, dans le contexte de l’éducation en situation d’urgence due à l’insécurité causée par le djihadisme. Selon l’enseignant-chercheur en sociologie politique à l’Université de Ségou, 1 958 écoles sont fermées sur 8 666, soit un taux de fermeture de 23%. Ces fermetures ont affecté 587 400 enfants et concerné 11 748 enseignants.

Cependant, il est à noter une baisse du nombre d’écoles non fonctionnelles au mois de mars 2023, passant de 1 556 écoles non fonctionnelles en février à 1 546 écoles au mois de mars. Ce changement/amélioration de la situation est dû, d’une part, à l’invariabilité de la situation de fermeture des écoles entre février et mars dans les régions de Kidal, Gao, Ménaka, Ségou et Koulikoro, et d’autre part, à la réouverture de 13 écoles dans les régions de Mopti, Ségou, Sikasso et Tombouctou, soit environ 2% des écoles non fonctionnelles entre février et mars. Le conférencier a souligné que les écoles ouvertes là où sévit le djihadisme sont celles coraniques ou franco-arabes.

Ce taux de fermeture a atteint plus de 42% pour certaines zones du Centre au Nord. Car plus d’un demi-million d’enfants ne sont pas scolarisés depuis plusieurs années.

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Malgré la réouverture de certaines écoles, a souligné le conférencier, la fermeture de 3 autres écoles au mois de mars, dont 1 à Mopti, 1 à Ségou et 1 à Tombouctou, est due principalement aux menaces/attaques des groupes armés. « S’attaquer à l’école, c’est s’attaquer aux fondements de la République », a regretté Pr. Savané, selon lequel « les jeunes adultes sans école deviennent des viviers du djihadisme ». « Dès que vous dépassez Bamako, c’est une autre vie. C’est très compliqué de rendre fonctionnelles ces écoles, car les djihadistes sont dans ces zones. Aller faire le ratissage et repartir n’est pas la solution. Dans certaines localités, on ne veut plus voir les enseignants », a regretté Pr. Savané.

Répondant aux préoccupations des jeunes, le conférencier a indiqué que le rétablissement de la personnalité des élèves vivant cette situation passe par la refondation de l’école malienne, en misant sur l’école professionnelle.

Comme stratégie à adopter, le Vice-doyen de la Faculté des sciences sociales (FASSO) de Ségou propose la sécurisation des espaces scolaires. « Il faut alors la présence de l’État. Le rôle des autorités est celui de la sécurisation, il faut l’engagement total de l’État, le retour de l’État. Il faut aussi associer les acteurs », a-t-il fait savoir.

Par ailleurs, Pr. Lamine Savané a martelé que la solution militaire n’a jamais été la réponse idéale contre le salafisme-djihadisme, mais plutôt la négociation. « Ce sont des Maliens », a-t-il rappelé.

Interrogé, le président de « Les Petits Stylos Fondation Mali » dira que l’école est la cible privilégiée des groupes terroristes en raison d’un attachement viscéral à une idéologie obscurantiste. « Plus on note la présence de groupe djihadiste sur un territoire, moins les écoles sont ouvertes », a renchéri M. Tiefing Sissoko. Qui reste inquiet : « Les statistiques de Pr. Savané nous renvoient à une réalité que l’on ne souhaite pas voir. Cette conférence ne m’a pas laissé indifférent. 587 400 enfants qui ne bénéficient d’aucun dispositif de socialisation deviendront des problèmes pour le Mali. Ils deviendront des problèmes pour le monde. Trouvons les solutions ensembles. »

Il est à rappeler que cette troisième conférence, à l’initiative de « Les Petits Stylos Fondation » en collaboration avec le service de Coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de France au Mali, s’inscrit dans le cadre des conférences du mois de juillet sur « l’expertise française au service de la jeunesse malienne ».

Le rendez-vous est donné au samedi 29 juillet prochain au même lieu pour la dernière conférence du mois avec Mme Néné Diallo Keïta.

Cyril Roc DACK/Icimali.com

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