La prochaine élection présidentielle pourrait mettre en une opposition civilisée, les politiques traditionnels et les acteurs nouveaux, précédemment issus du monde économique, ce qu’on qualifie de « milliardaires ». |
Lors d’une récente sortie face aux Maliens de Cote d’Ivoire, le leader de la Plateforme Espérance Jigiya Kura, Housséini Amion Guindo dit Poulo, non moins président du parti CODEM dira que « le Mali ne se construira pas par l’argent, encore moins par les diplômes arrachés à Harvard ou à la Sorbonne, mais par l’ancrage social de ceux qui seront investis de la légitimité du peuple. « Il est temps que notre pays soit confié à ses vrais fils, car pour avoir pitié d’un peuple, il faut d’abord le connaitre en profondeur.
Celui qui n’a jamais partagé le quotidien des Maliens, dans le pays profond, n’a aucune chance de cerner les problèmes agricoles, de santé et d’éducation à leur juste valeur », a-t-il martelé. Pour Poulo, « nous avons besoin d’un président qui peut assurer la bonne gouvernance à travers la lutte contre la corruption, l’impunité et garantir au peuple une gouvernance vertueuse et un État proche des citoyens, à travers un redéploiement des services sécuritaires et sociaux de base ».
Ces propos stigmatisant l’argent et la richesse sont quasiment des piques à l’endroit de nouveaux aspirants au fauteuil présidentiel comme des chefs d’entreprises de la trempe des Seydou Mamadou Coulibaly. Et peut-être d’autres acteurs qui sont au carrefour de l’action politique, mais aussi du monde de l’entrepreneuriat, comme Ibrahim Diawara, le fondateur du Groupe IBI, richissime opérateur économique et président directeur général du groupe Stone Solar Mali, Aliou Boubacar Diallo, président d’honneur de l’ADP-Maliba et patron de la société Pétroma…. Ce sont ces personnalités qui sont aujourd’hui qualifiées d’«économiques »
Pour sa part, dans une interview qu’il vient d’accorder à notre confrère 22 septembre, le Secrétaire général du RPM, l’ancien parti présidentiel, Me Baber Gano, tacle les richissimes entrepreneurs qui lorgnent le pouvoir. « Le scrutin qui s’annonce ne sera pas celui des hommes de la macro- économie pour porter des riches au pouvoir », déclare-t-il. Avant d’ajouter que « ceux-ci ont cette particularité de nous proposer un Mali de rêves, d’illusions, alors que la situation politique et économique du pays en appelle à un redressement vertueux de l’Etat. Ceci passe par la culture de la citoyenneté, de l’intégrité morale et d’un engagement patriotique. Sans aucune duperie ! » Et d’estimer que la présidentielle prochaine doit être l’occasion de « tirer les leçons du passé et de choisir celui ou celle d’entre-nous qui incarne les valeurs républicaines. Donc, il faudra s’attendre au choix d’un homme d’Etat ». Baber Gano trouve-t-il que IBK n’était-il pas un homme d’Etat ? L’on peut en douter.
Mais, à la question de savoir ce qu’il a contre les riches, s’ils n’ont pas leur place dans une démocratie, Me Baber Gano botte en touche. « Je n’ai rien contre eux. Ce sont des citoyens qui ont le droit de concourir comme les autres candidats. Mon analyse face à la situation que vit le pays me fait dire que le moment n’est pas venu pour faire le choix des opérateurs économiques, dont la plupart sont novices en politique. Face aux nombreux défis qui nous assaillent et ceux auxquels nous serons confrontés, il nous faut un homme expérimenté, un homme politique, un véritable homme d’Etat ». un discours clair qui pourrait se résumer en Politiques de tous bords, rassemblez-vous pour faire échouer les « économiques » ! Les responsables politiques réussiront-ils cette sorte de réflexe identitaire ? Ce n’est pas acquis d’avance…
Nous y reviendrons.
Bruno D SEGBEDJI