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Espace universitaire hautement criminogène : La nécessité  d’un mouvement estudiantin différent de l’AEEM

Dans son rapport de novembre 2020, le comité de gestion de violence dans l’espace scolaire et universitaire (CGVSU) est arrivé à la conclusion que quoi qu’il advienne de l’AEEM, il est clair qu’un mouvement estudiantin est nécessaire.

Dans la conclusion dudit rapport, tous les regroupements et structures rencontrés par le comité sont d’avis que le tableau actuel sur la situation au sein des Universités, caractérisé  par la violence de tout genre, n’est pas reluisant. Pour plusieurs intervenants, l’AEEM est sortie de son rôle depuis sa rentrée au Comité de Transition pour le Salut du Peuple (CTSP), ce qui a marqué un tournant majeur dans la vie de cette association.

Selon ledit comité, l’idée d’organiser un nouveau forum est ressortie plusieurs fois dans les débats, mais « elle fut écartée, face à l’urgence d’agir et à la non mise en œuvre des recommandations des différents fora qui sont toujours d’actualité ». En janvier 2018, un forum particulièrement dédié aux problèmes d’insécurité dans l’espace universitaire a formulé des recommandations suivies d’une feuille de route qui sont restées lettre morte.

« En outre, quoi qu’il advienne de l’AEEM, il est clair qu’un mouvement estudiantin est nécessaire. Partout dans le monde, les organisations estudiantines sont le lieu où se forment les futurs hauts cadres et où se forgent les premières armes dans la politique et le syndicalisme. Le milieu universitaire est un berceau d’idées créatrices, réformatrices et parfois révolutionnaires. Il n’est pas pensable d’extirper l’engagement idéologique de l’université. Mais encore faut-il que cet engagement soit responsable et constructif. Tels seront les défis du mouvement successeur de l’AEEM », indique le rapport dans sa conclusion.

Citant Platon dans « République, VIII, 562b- 563 », sur la jeunesse et l’excès de liberté, le comité assène : « Quand le père s’habitue à devoir traiter son fils d’égal à égal et à craindre ses enfants ; quand le fils s’égale à son père, n’a plus honte de rien et ne craint plus ses parents parce qu’il veut être libre ; quand le professeur craint ses élèves et les flatte ; quand les élèves n’ont cure de leur professeur ; pas plus que de tous ceux qui s’occupent d’eux ; et, pour tout dire, quand les jeunes imitent les anciens et s’opposent violemment à eux en parole et en acte ; tandis que les anciens s’abaissant au niveau des jeunes, se gavent de bouffonneries et de plaisanteries, imitant les jeunes pour ne pas paraitre désagréables et despotiques ; et bien tel est le beau et vigoureux commencement duquel naît la tyrannie, ce me semble ! »

Transition ou trahison ?

Afin d’éradiquer les violences en milieu scolaire et universitaire, le Premier ministre a présidé le vendredi 27 novembre dernier, une réunion de concertation sur la feuille de route pour la mise en œuvre des recommandations du Forum national sur la violence en milieu universitaire et son plan d’actions. Cette rencontre a réuni le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, celui de l’Education nationale, plusieurs autres membres du gouvernement, de responsables de l’université, de la sécurité nationale et d’acteurs de la société civile, tous impliqués dans la gestion de l’école malienne.

Moctar Ouane a rappelé la place prépondérante de l’école comme « lieu de transmission des valeurs et des savoirs », dans l’éducation des enfants. Cette école malienne, jadis enviée dans toute la sous-région, offre malheureusement aujourd’hui un triste spectacle qui « questionne sur l’avenir même de la nation ».

En effet, elle est gangrenée par une « violence endémique, entretenue et utilisée comme mode d’action par des groupes d’étudiants, qui est en passe de compromettre toutes les politiques éducatives de notre pays ». Au fil des ans, l’espace scolaire, a regretté le Chef du Gouvernement, « est devenu hautement criminogène » ; en cela que des armes de toutes sortes y circulent, que le trafic et la consommation de stupéfiants y prospèrent, alimentant vandalismes, agressions, humiliations et viols, perpétrés au quotidien sur d’autres étudiants, sur des professeurs ou sur le personnel administratif et technique.

Le Premier a déploré « qu’au moment où certains pays inaugurent des bibliothèques ou des centres d’excellence, que nous en soyons réduits au Mali à pleurer nos morts, ces élèves, étudiants, enseignants victimes d’actes de violences dans un espace qui a pour vocation, de cultiver la fraternité, l’esprit de tolérance et l’ouverture d’esprit. »

Ce tableau sombre et l’échec de nombreuses initiatives visant à juguler le phénomène ont amené les autorités de la Transition à penser « la refonte du système scolaire ».

Cyril Adohoun

L’Observatoire

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