Bamako, – Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta s’est recueilli vendredi sur les tombes des 37 habitants du village peul de Koulogon (centre) tués le 1er janvier dans une attaque attribuée à des chasseurs traditionnels dogons, promettant que ce crime ne resterait pas impuni.
« Nous sommes venus vous voir et vous dire que l’Etat malien est à vos côtés, présenter les condoléances de la nation et vous assurer que ce crime ne restera pas impuni », a déclaré M. Keïta aux populations de Koulogon, qui
n’avaient pas été averties de sa visite.
Arrivé en hélicoptère avec des élus locaux et des responsables de l’armée, le président a « visité le cimetière pour se recueillir sur les tombes des victimes » et a « donné une enveloppe et des vivres pour les habitants », a raconté un notable du village, Souleymane Diallo, joint par l’AFP par téléphone.
« Nous ne voulons pas que les militaires quittent la zone, parce que les bandits sont capables de revenir. Nous avons peur pour notre sécurité », a ajouté M. Diallo, alors qu’au moins 46 civils ont été tués entre mardi et mercredi dans des affrontements intercommunautaires au Burkina Faso voisin.
L’attaque de Koulogon a été attribuée par les autorités à des « hommes armés habillés en tenue de chasseurs traditionnels dozos », qui prétendent protéger les Dogons contre les Peuls. Le bilan officiel est de 37 morts, plusieurs blessés et de nombreuses maisons incendiées.
Sept « suspects » ont été interpellés, ainsi que 24 hommes ayant mené peu après une attaque dans un village proche, Bobosso, lors d’une opération au cours de laquelle un « assaillant » a été tué, selon le gouvernement, qui a
annoncé le lancement prochain d’ »opérations de grande envergure ».
Une équipe d’enquêteurs de la mission de l’ONU au Mali (Minusma) doit aussi prochainement se rendre sur place. La France s’est dite « préoccupée par l’augmentation des meurtres et violences graves à l’encontre des civils » dans le centre du Mali, où les violences intercommunautaires ont fait plus de 500 morts civils en 2018, selon l’ONU.
– L’ONU condamne –
« Je condamne fermement ces attaques contre les civils dans le village de Koulogon peul et demande à ce que les auteurs puissent en répondre », a déclaré Joanne Adamson, représentante spéciale adjointe du secrétaire général des Nations Unies au Mali.
Depuis l’apparition il y a quatre ans dans le centre du groupe jihadiste du prédicateur peul Amadou Koufa, les violences se multiplient entre les Peuls, traditionnellement éleveurs, et les ethnies bambara et dogon, pratiquant
majoritairement l’agriculture. Les Peuls dénoncent des exactions de la part de groupes de chasseurs, tolérées voire encouragées selon eux au nom de la lutte contre les jihadistes par les autorités ou l’armée, ce que dément le
gouvernement.
Amadou Koufa a été tué fin novembre dans une opération militaire française soutenue par l’armée malienne, selon Paris et Bamako. Le Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maïga, a annoncé fin décembre l’extension au centre du pays d’un programme de désarmement des milices d’autodéfense et des combattants jihadistes qui n’a pas donné de résultat jusqu’à présent.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, à la faveur de la déroute de l’armée face à la rébellion à dominante touareg, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Les jihadistes ont été en grande partie chassés du nord du Mali ou dispersés à la suite du lancement en janvier 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire, qui se poursuit actuellement. Cependant, les violences jihadistes ont non seulement persisté, mais se sont propagées vers le centre et le sud du Mali, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, se mêlant souvent à des conflits intercommunautaires.
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AFP