Choguel Kokalla Maïga- Premier ministre du Mali
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Mali : Condamnations et appels à la démission du PM Choguel, le Président Assimi interpelé

Les jours de Kokalla Maïga à la Primature semble de nouveau compter. Les partis ou regroupements politiques, et non des moindres, à savoir Yelema, l’ADEMA-PASJ et le Cadre d’échange des partis politiques pour la réussite de la Transition condamnent le Premier ministre dont ils réclament la « démission » pour ses « déclarations qui divisent les Maliens à un moment où » ils ont « plus que jamais besoin d’une union nationale ».

Il n’est plus un secret pour personne, la plaie devient de plus en plus béante entre le Chef du Gouvernement, Dr Choguel Kokalla Maïga, et une frange importante de la classe politique. Pour cause, ses multiples déclarations qui, selon ses adversaires politiques, sont plus « clivantes » que « rassembleuses ». La dernière en date, qui a mis le feu aux poudres, est celle appelant certains acteurs politiques du pays qu’il qualifie de « Forces du changement » à se préparer pour gagner les prochaines élections générales en vue d’empêcher le retour des « Forces du Mal ».

En effet, du 14 au 19 juillet dernier, le Premier ministre Choguel a eu à la Primature des rencontres avec le Pôle Politique du Consensus (PPC) de Jeamille Bittar, le regroupement de partis politiques dit Non alignés de Boubacar Diallo, les membres du Comité Stratégique du M5-RFP, l’Alliance pour la Refondation (AR), la Coordination des Associations, Mouvements, Plateformes, Syndicats libres et indépendants, et l’Union pour la Sauvegarde de la République (USR) de Nouhoum Togo. Comme « cette mobilisation forte du 14 janvier (2022 contre la CEDEAO, ndlr), c’est la même tendance qui doit être maintenue jusqu’aux différentes élections pour que les différentes élections qui viennent : les municipales, les législatives et les présidentielles soient gagnées par les forces de changement », a déclaré le Premier ministre Choguel.

Des condamnations

Il n’en fallait point pour réveiller les vieux démons. Cette sortie du Premier ministre a été accueillie avec « stupéfaction ». Pour le parti Yelema « Le changement », « ces déclarations divisent les Maliens à un moment où » le peuple a « plus que jamais besoin d’une union nationale afin d’aider notre pays à répondre aux nombreux défis pour lesquels les résultats tardent à venir ».

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Dans son communiqué N°011/07-2022, signé de son président Dr Youssouf Diawara, le parti « rappelle au Chef du gouvernement que le temps des compétitions électorales viendra et que les seuls combats qui vaillent aujourd’hui sont ceux de l’unité et le consensus indispensables pour l’atteinte des missions assignées à la transition ». Aussi, le parti rappelle au Premier Ministre Maïga que « sa fonction exige de lui, une équidistance absolue entre tous les acteurs socio-politiques du pays. A cet effet, il l’invite à travailler avec un esprit d’Inclusivité, de Transparence et de co-construction comme orienté par le Président de la Transition et invite ce dernier à veiller au respect de ses prescriptions ».

Le Cadre d’échange des Partis et Regroupements de partis politiques pour une transition réussie au Mali « déplore », de son côté, « ces propos qui ne siéent pas pour un responsable conduisant une Transition neutre et consensuelle ».

L’Adéma-Parti Africain pour la Solidarité et la Justice (Adéma-PASJ) n’a pas mâché ses mots « suite à une telle déclaration malencontreuse, terreau de la division et de conflits pré ou post-électoraux ». Pour le parti des Abeilles, « le Premier ministre, Choguel Kokala Maïga, n’est plus crédible » et par conséquent « ne saurait être considéré comme l’interlocuteur idéal pour la suite du processus d’une transition de rassemblement et de paix sociale ».

Appel à la démission de Choguel

Alors que le parti Yelema a passé sous silence la démission du Premier ministre Choguel, le Cadre d’échange des Partis et Regroupements de partis politiques pour une transition réussie au Mali et l’ADEMA-PASJ ont haussé le ton. « Le Cadre demande la démission immédiate de ce Premier Ministre Clanique, agissant contre l’esprit de la Transition », peut-on lire dans sa déclaration N°004.

Et Pr Marimantia Diarra d’enfoncer en réitérant la même « demande au premier ministre, Monsieur Choguel Kokala MAÏGA, Président du Mouvement Patriotique pour le Renouveau (MPR), de faire preuve de courage pour démissionner de ses fonctions sans délai, afin de mieux se consacrer exclusivement, à la préparation des prochaines élections générales, à égalité de chances avec les responsables et militants des autres formations politiques en compétition ».

Président Assimi interpelé !

Dans leurs divers communiqués, ces partis ou regroupements de partis réaffirment leur disponibilité à soutenir la réussite de la transition, dans la franchise et la sincérité, mais aussi le Président Assimi « dans la vérité et dans la transparence », en vue de faire face aux multiples défis politique, socio-économique et sécuritaire auxquels le pays est confronté, et cela sans malices de diversion ou de distraction.

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Le parti Yelema de l’ancien Premier ministre Moussa Mara « invite l’ensemble de la société malienne à ne pas céder aux petits calculs et à ne penser qu’au Mali au-delà duquel rien ne vaut ».

Afin de terminer la transition dans la sérénité, le calme pour un Mali apaisé, le cadre des Partis et Regroupements Politiques demande au Président de la Transition de « veiller à ce que la Transition soit une période neutre entre tous les acteurs Politiques du Pays ».

Quant à l’ADEMA-PASJ, qui se dit « outrée par ces propos tendancieux qui risquent de mettre dos-á-dos les Maliens dans un contexte déjà éprouvant pour notre pays », le Président Assimi Goïta se doit de « jouer pleinement son rôle constitutionnel de garant de l’unité nationale, de la paix et de la cohésion sociale, pour permettre l’organisation d’élections démocratiques, libres, inclusives, transparentes et apaisées ».

Choguel face aux tempêtes ?

La question reste posée. Ces appels incessants et concordants à la démission ne sont pas nouveaux. D’aucuns prédisaient la fin du Gouvernement Choguel juste au lendemain de la fête de Tabaski du 9 juillet dernier. Le camouflet du Conseil National de Transition (CNT) asséné au Gouvernement via la nouvelle Loi électorale dont le projet a été quasi « toiletté » et sa promulgation par le Président de la Transition auraient sonné le glas de l’équipe gouvernementale en place. Mais des circonstances nouvelles dont l’affaire des 49 militaires ivoiriens arrêtés à l’aéroport de Bamako ont orienté les priorités du Président Assimi. Il ne faut pas  aussi oublier que la stratégie de diversion a dominé entretemps les débats dans un Mali sous sanctions.

Le Premier ministre Choguel sait que le marigot politique est loin d’être calme. Il doit encore faire face au regroupement politique EPM, Espérance Nouvelle-Jigiya Kura, ARP, NVPM, ASMA-CFP, ICAP, YELEMA, ADRP, CNDR, Parti Mali Emergence et CVCRT, à l’Adéma-PASJ, à Yelema. Sans oublier certains hommes en treillis, « quatre colonels » affirme-t-on, qui ne veulent plus de lui à la Cité Administrative de Bamako.

Quelques jours auparavant, c’était l’imam Mahmoud Dicko qui était monté au créneau, lors de sa cérémonie d’hommage à ses compagnons victimes des événements des 10, 11, 12 juillet 2O2O, et à toutes les victimes civiles et militaires tombées pour le Mali. Se prononçant sur la marche de la transition, il dira : « Notre pays a connu plusieurs phases, notamment la révolution, le parachèvement, la rectification. Maintenant, il reste la phase qui, pour moi, est décisive. Celle du redressement. »

Somme toute, tous se liguent contre le Premier ministre. Tout comme l’imam Dicko selon lequel ni « à lui seul ne peut pas, le président Assimi Goïta non plus, encore moins le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga », mais « le devoir et l’obligation » de se « mettre ensemble pour redresser cette situation », l’ADEMA-PSJ « en appelle au sens patriotique de l’ensemble de la classe politique et des Organisations de la Société civile pour unir leurs efforts afin de sortir le pays de l’impasse dans laquelle il est plongé depuis trop longtemps ».

Le Président Assimi est-il prêt aujourd’hui à faire sauter son fusible ? Apparemment non!

Cyril Roc DACK/ Icimali.com

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