Déclaration liminaire de la conférence de presse des parties signataires de la déclaration du 31 mars 2024
Maison de la presse, 20 novembre 2024
Le 20 Juin 2024, onze (11) de nos camarades politiques que sont: Moustapha DICKO et Yaya SANGARÉ (Adema-PASJ), Amidou MAÏGA (RPM), Abderhamane KORERA (ASMA-CFP), Moulaye HAÏDARA (PDES), Samba COULIBALY (NEMA), Mamadou TRAORE (UNION), Mamadou TRAORÉ dit Le Roi (ALTERNATIVE POUR LE MALI), Laya Amadou GUINDO (ADRP), Mohamed Aly BATHILY (M5RFP-MALI KURA), Malley CAMARA (CNDR) ont été arrêtés lors d’une réunion dans un domicile privé et placés sous mandat de dépôt le 24 juin 2024, accusés de tentative d’atteinte à la sûreté intérieure de l’État, de trouble à l’ordre public, et d’opposition à l’exercice de l’autorité légitime.
Depuis cinq mois aujourd’hui (153 jours), les parties signataires de la déclaration du 31 mars suivent de près ce processus judiciaire de la détention prolongée de nos camarades. Cette situation fait suite à un appel incompréhensible du parquet du Tribunal de Grande Instance de la Commune V de Bamako, opposé à l’ordonnance de mise en liberté conditionnelle prononcée par le juge d’instruction en leur faveur.
Pourtant, en tenant la réunion, nos camarades n’ont enfreint aucun décret ni aucune loi. Ils n’ont absolument pas violé le décret, qui se réfère à l’ordonnance du 28 mars 1958 et dont le champ d’action exclut explicitement les réunions privées. D’ailleurs, c’est au juge de déterminer si ce décret a été enfreint et si la loi a été transgressée
Si malgré la décision de ce juge de les libérer, nos camarades ont gardé prison, nous ne pourrons plus les considérer que comme des prisonniers politiques.
Leur seul tort, c’est de s’être battus pour la démocratie chèrement acquise par le peuple malien et pour le retour à l’ordre constitutionnel.
Leur détention devient d’autant plus incongrue que depuis le 10 juillet 2024, le décret illégal et anticonstitutionnel, censé être à la base de leur incarcération, prétexte abandonné ensuite, est abrogé; les activités politiques ayant repris droit de cité depuis.
Soucieuses du maintien de la paix sociale et de l’apaisement du climat politique national, les parties signataires de la déclaration du 31 mars 2024 ont privilégié la voie du dialogue avec les autorités politiques et judiciaires du pays, par l’implication des facilitateurs sociaux dans le respect de nos valeurs sociales et culturelles, mais aussi du fonctionnement des institutions en place.
Les parties signataires de la déclaration du 31 mars 2024 saluent les leaders religieux et toutes les bonnes volontés, pour leurs actions de médiation auprès des plus hautes autorités du pays, à la demande des partis et mouvements politiques, pour un dénouement heureux de cette crise qui n’a que trop duré.
Aussi, félicitent-elles les responsables des partis et organisations politiques signataires de la déclaration pour les différentes démarches de facilitation et de médiation auprès de différentes autorités du pays qui ont bien voulu les recevoir et les écouter. Qu’elles en soient aussi remerciées !
Cependant, malgré toutes ces actions de diplomatie politique et sociale, nos camarades viennent à nouveau de voir leur demande de mise en liberté rejetée, cette fois-ci par la Cour d’Appel, le 12 novembre 2024.
Les Parties Signataires de la déclaration du 31 mars 2024, considérant cet acharnement incompréhensible contre des leaders politiques dans l’exercice démocratique de leurs droits constitutionnels:
en appellent aux Autorités de la Transition, pour qu’elles libèrent dans les meilleurs délais tous les détenus politiques, les 11 camarades, Ras Bath, Rose la vie chère, Étienne, Ben le Cerveau, Clément, Issa Kaou N’Djim;
dénoncent l’instrumentalisation politique de la HAC dans ses missions de régulation du secteur de l’information et de la communication;
prennent à témoin l’opinion publique nationale et internationale de leur longue patience et hélas de la détention indéfiniment prolongée des 11 camarades;
dénoncent la gestion lente de ce dossier qui s’apparente à des manœuvres dilatoires pour faire durer le supplice de chefs de famille qui n’ont posé aucun acte contre la République.
Les parties signataires déplorent que pendant que les voix dissidentes sont étouffées, la situation. sécuritaire au Mali se détériore davantage, marquée par des attaques terroristes récentes dans le centre du pays, notamment à Bandiagara.
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Parallèlement, la misère s’abat sur les ménages et les entreprises, exacerbée par la crise énergétique, toute chose qui obscurcit l’horizon économique du Mali.
Les coupures d’électricité fréquentes et l’absence de solutions durables plongent le pays dans une incertitude totale quant à son avenir.
La guerre n’étant pas une finalité, il est impératif de réussir l’union des Maliens et le retour de la paix, pour garantir un avenir meilleur à notre nation.
Les Parties Signataires de l’historique Déclaration Commune du 31 mars 2024 rappellent, par la présente, la pressante demande du peuple malien au retour à l’ordre constitutionnel et au respect des droits, de tous les droits démocratiques réinscrits dans le marbre de la Constitution du 22 juillet 2023, héritage des acquis de la Révolution de Mars 1991.
Ces acquis, que sont, entre autres, la liberté d’expression et d’opinion, la liberté de réunion, la liberté d’aller et venir, la non violation du domicile privé, sont intangibles mais quotidiennement remis en cause dans ce pays depuis plus de 4 ans, et où, de plus en plus, la pensée unique a droit de cité.
Les Parties signataires de la déclaration du 31 mars 2024, attachées aux valeurs de la démocratie et de la République, ne peuvent pas s’accommoder des pratiques de remise en cause des acquis démocratiques, des restrictions des libertés individuelles et collectives et du musellement des partis politiques de notre pays, plus longtemps.
Elles se réservent le droit d’user de tous les moyens démocratiques et pacifiques pour obtenir la libération inconditionnelle des onze leaders politiques et se déclarent solidaires de tous ceux qui sont injustement privés de liberté pour ce qu’ils disent ou ce qu’ils pensent.
Elles exigent la libération de tous les détenus politiques et le retour des exilés
Dans ce sens, elles appellent tous les Maliens, démocrates de l’intérieur et de la Diaspora, à se joindre à leur lutte pour exiger la libération des onze (11) responsables politiques qui croupissent en prison depuis 5 mois.
Que Dieu bénisse et protège notre patrie commune !
Fait à Bamako le 20 Novembre 2024
LES PARTIES SIGNATAIRES