La crise énergétique que traverse le Mali préoccupe au plus haut point les acteurs économiques et politiques du pays. Mossadeck Bally, président du Conseil national du patronat du Mali (CNPM), a récemment exposé une série de propositions structurées en trois axes pour résoudre durablement ce problème et mettre le pays sur la voie d’une énergie stable et compétitive.
Une privatisation ciblée pour améliorer la production
Mossadeck Bally préconise une privatisation accrue dans la production d’énergie. Selon lui, les producteurs indépendants, regroupés sous le terme de JPP (Jeunes Producteurs Privés), peuvent produire à des coûts moindres et avec une meilleure efficacité que les structures étatiques. Toutefois, il insiste sur le maintien du transport de l’énergie dans le giron de l’État, à travers une réforme en profondeur de l’Énergie du Mali (EDM). Cette réforme inclurait une gestion conforme aux normes de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA).
Une réforme en profondeur de l’EDM
Le président du CNPM appelle à une restructuration complète de l’EDM. Parmi les mesures phares qu’il propose, figurent le recrutement d’un directeur général (DG) sur la base d’un processus de candidature transparent, excluant toute ingérence ministérielle. Par ailleurs, il suggère que l’État prenne en charge les dettes accumulées par l’EDM, afin d’assainir son bilan financier. Selon lui, ces dettes freinent les réformes nécessaires et aggravent les pertes, estimées entre 20 et 25 % de la production énergétique actuelle sur les réseaux.
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Privatiser la distribution et moderniser les infrastructures
En aval, Mossadeck Bally milite pour une privatisation de la distribution et de la commercialisation de l’énergie, accompagnée d’un renouvellement des infrastructures. Il estime que la stabilité et la rentabilité du secteur énergétique sont essentielles pour attirer des investisseurs étrangers et relancer l’économie nationale. « On ne peut pas attirer d’investisseurs sans énergie stable », souligne-t-il.
Ces réformes ambitieuses nécessitent du temps, mais surtout une vision claire et une volonté politique forte. Mossadeck Bally rappelle que d’autres pays confrontés à des crises similaires ont su transformer leurs défis énergétiques en opportunités. « Avec une réelle détermination, le Mali peut suivre cet exemple et résoudre durablement son problème énergétique », affirme-t-il.
Cette prise de position met en lumière l’urgence de réformes structurelles pour permettre au Mali de répondre à ses besoins énergétiques croissants et de renforcer sa compétitivité économique. Reste à savoir si les autorités maliennes sauront saisir cette opportunité pour engager le pays sur la voie de la transition énergétique.
Issa TANGARA / Icimali.com