Le remaniement du samedi dernier au soir, sent tout sauf un acte concerté entre acteurs de premier plan. Il n’annonce pas moins, l’épée de Damoclès qui pèse sur le Vieux léopard qui jurait détenir les remèdes à tous les maux du Mali, avant de sombrer dans les diatribes en lieu et place de sa baguette magique.
Tout se serait passé ainsi et depuis toujours sous cette transition (Un Assimi Goïta qui fait et défait) si le M5 avec Choguel en tête, n’avait pas emmerdé les militaires dans la première phase de la transition.
Comme à ce samedi soir où le studio de l’ortm est investi par le Secrétaire Général adjoint de la présidence, tenant en main, un décret qu’il ne laisse personne découvrir avant les Maliens au début du journal, il fallait défenestrer tous ceux qui peuvent constituer une force d’éternels et insatiables plaignards, susceptible d’être favorable au Premier ministre « je peux tout et rien », le pousser, devant le fait accompli, à signer un décret qu’il ne découvre qu’après lecture à la télévision nationale, histoire de convaincre sa suite qu’il a trahi, puis, le les faire suivre sans préavis par un autre communiqué, après la promulgation de la nouvelle Constitution. Connaissant son goût à la chose qu’il chérit avec excès, les militaires savaient que le Vieil animal politique aux théories rébarbatives, allait signer le document, pourvu qu’il ne le décime pas au présent.
Eu égard à sa boulimie du pouvoir, son attitude ne peut être que justifiable comme le pensent ses pires adversaires. Mais le voir avaler autant de couleuvres, au point de se fier au sourire d’un militaire est ce qui est des plus étranges. Lui qui se targue d’être à la fois un digne héritier du dictateur général Moussa Traoré et pas moins celui du marxiste scientifique Modibo Keita.
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Le constat qui ne peut que décevoir les militaires est surtout l’impopularité croissante du M5 que Choguel et alliés prétendent représenter, faisant ainsi valoir leur légitimité par le biais d’un honteux chantage à peine voilé, en rappel aux mobilisations historiques organisées par le mouvement. Car, il faut être de la planète mars pour ne pas se rendre à l’évidence qu’entre le départ d’IBK et nos jours, le contraste est immense : d’où l’incapacité de ce mouvement siégeant au gouvernement à mobiliser sa prétendue base pour soutenir le projet référendaire, apparaissant à la limite comme l’initiative des simples militaires qui ne peuvent que se sentir seuls durant toute la campagne référendaire, s’ils décident d’avouer leur état d’esprit.
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D’autant plus qu’avec tout son courage politique et sa connaissance tant vantée des racines de la rébellion, Choguel n’a pu aider ses amis Colonels à redorer leur blason par l’obtention de l’adhésion de la classe politique dans sa majorité au projet référendaire, dans un premier temps et dans un second, à tenir le scrutin à Kidal, ne serait-ce que de manière symbolique. Alors, que vaut-il vraiment aux yeux de fringants jeunes militaires qui savent que leur pouvoir ne tient encore que parce qu’ils ont réussi à la fois à jouer sur la fibre patriotique par la victimisation à outrance à l’égard de l’extérieur d’une part, et promis aux Maliens de faire la guerre tant voulue par les plus nostalgiques d’un passé glorieux d’un pays autrefois foyer des empires, d’autre part ? Ceci explique cela.
Intervenue de manière furtive, la méthode avec laquelle les Maliens se sont réveillés dimanche avec un nouveau gouvernement, est tout sauf habituelle. Au point qu’il ne fut cas d’aucune fuite. Ce n’est ni plus ni moins ce qui est enseigné dans les grandes académies militaires : pour éviter les surprises désagréables, soyez le premier à cogner l’adversaire. Et d’aventure, il est connu qu’un officier peut se permettre de perdre, mais pas d’être surpris. Un seul signal : l’armée reprend son pouvoir d’août 2020.
Issiaka Tamboura
Le Soft