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Primauté du ‘’moi’’ sur l’intérêt général : Le M5-RFP fragmenté !

Le divorce est désormais consommé entre la CMAS et le M5-RFP. Alors que la première organisation soutient les conclusions de la concertation nationale, le second les rejette en bloc. La ligne de fracture est donc tracée.

Le moi ou rien. Toujours le moi sur l’intérêt général! La branche politique du M5-RFP ne manque de la faire valoir insidieusement chaque fois qu’une occasion s’offre pour la sortie de crise sociopolitique, comme cela a été le cas lors des concertations nationales du 10 au 12 sept 2020 sur la transition politique.

En effet, les rideaux sont tombés sur ce rendez-vous historique le samedi 12 septembre entre les forces vives de la nation. Il a été décidé en grandes ligne que le Président et le vice-président de la transition seront désignés par un collège sous la direction du CNSP, un Gouvernement de 25 membres dirigé par un Premier ministre nommé par le Président de la transition conformément à la constitution du 25 février 1992, un Conseil National de Transition (CNT) composé de 121 membres représentant l’ensemble des acteurs nationaux et dont son président désigné par ses pairs, et la durée de la transition fixée à 18 mois.

Ces conclusions sont saluées par la majorité des Maliens qui souhaitent d’ailleurs voir à la tête de la transition un militaire issu de la junte. « Il y a des faiblesses dans la charte mais il y a un minimum pour commencer », soutient l’ancien Premier ministre Moussa Mara, président du parti Yelema (Changement).

Mais, le mouvement de contestation ayant conduit au coup d’Etat contre le Président démocratiquement Ibrahim Boubacar Kéita, part divisé sur lesdites conclusions. « Je soutiens le CNSP et je soutiens cette charte de la transition malienne », a déclaré le coordinateur de la CMAS, Issa Kaou Djim. Qui rompt toute collaboration avec « les politiciens du M5-RFP » qui « veulent avoir dans la transition ce qu’ils ne peuvent pas avoir dans l’élection ». « Ça ne marchera pas, martèle-t-il. Il faut qu’on se dise la vérité, le M5-RFP n’existe plus. On s’était réuni pour la démission d’IBK et ça c’est actée. Maintenant, je soutiens le CNSP. Il faut que les politiciens du M5-RFP se préparent pour les élections à venir, c’est juste dans 18 mois.»

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La CMAS sera rejoint par le mouvement EMK du cinéaste Cheick Oumar Sissoko, qui, à travers un point de presse tenu le dimanche 13 septembre 2020, s’est désolidarisé du communiqué lu par Choguel au nom du M5 RFP. EMK affirme soutenir la charte de transition et estime que les erreurs peuvent être corrigées.

Du côté de la branche politique du M5-RFP, le discours frise la rupture, elle se démarque des conclusions de la concertation. « Ce n’est pas démocratique du tout. Le rapport général a été charcuté et ne correspond pas à ce qui a été dit dans les groupes de travail », s’est offusqué Mme Sy Kadiatou Sow, ex-ministre, ancienne gouverneure de Bamako, qui peste : « Nous n’adhérons pas à cette charte».

Et Dr Choguel Kokala Maïga de renchérir : « Le M5-RFP rejette les conclusions de la concertation nationale ». Le M5-RFP reproche à la Charte le rajout des éléments qui n’ont jamais été soumis à débats notamment « les prérogatives du Vice-président de la transition, la composition et le mode de désignation des membres du collège de désignation du Président de la transition, l’acte fixant la clé de répartition entre les composantes du Conseil National de Transition ».

M5-RFP jusqu’à quand ?

La question reste posée. Au lendemain du coup d’Etat, le M5-RFP est le premier à saluer cet acte imprescriptible. L’imam Mahmoud Dicko est l’autorité morale à avoir reçu le CNSP qui, d’ailleurs, ont rejoint les manifestations du mouvement au meeting d’au lendemain du coup d’Etat. Depuis, c’est la lutte pour le fauteuil de Koulouba sans passer par les urnes. Sous la conduite de Choguel, une délégation du M5-RFP s’est invitée à Kati où elle a exigée du CNSP que le mouvement soit traité de partenaire privilégié dans la gestion de la transition.

Sur tout autre angle, une forme de guéguerre ronge le M5-RFP. Chacun des leaders politiques prêche pour sa paroisse, en ce qui concerne le fauteuil de Koulouba.

Cyril Adohoun

L’Observatoire

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