Dans le cadre du changement radical de la loi française sur le patrimoine pour redonner à l’Afrique une partie de son patrimoine culturel, un rapport commandé par le président Emmanuel Macron a été homologué en mars dernier. Par ce rapport, la France réclame, via Macron, au Sénégal de rendre 26 œuvres au Bénin. En réponse à cela, le ministre de la Culture du Sénégal, Abdou Latif Coulibaly, riposte en disant à la France de lui restituer les 10.000 pièces qui sont censées être originaires du Sénégal.
«Si 10 000 pièces sont originaires du Sénégal, nous souhaitons avoir les 10 000 pièces ». C’est en ces termes que le ministre de la Culture du Sénégal, Abdou Latif Coulibaly, a riposté à Macron. Cela, juste après la publication dudit rapport sur le patrimoine africain sous le commandement de Macron qui a pris une décision réclamant aux Sénégalais de rendre les 26 œuvres appartenant aux Béninois.
En plus de la première réponse, le Ministre sénégalais n’a pas tardé d’ajouter ceci lors de la présentation à la presse du Musée des civilisations noires : « Nous sommes disposés à trouver des solutions avec la France. Si nous avons 10 000 pièces identifiées comme étant originaires du Sénégal, nous souhaitons avoir les 10.000 ».
Rappelons que Macron avait commandé en mars dernier un rapport à deux universitaires Felwine Sarr de l’université de Saint-Louis (Sénégal) et Bénédicte Savoy du collège de France. Comme annoncé lors de sa publication par l’Elysée, ce travail de réflexion mémorielle sur la colonisation consiste à faire une lueur sur les circonstances de captation patrimoniales et la spécificité du patrimoine de l’Afrique. Ainsi Stéphane Martin, le président du musée du Quai Branly-Jacques Chirac, où sont rassemblées 70 000 œuvres d’art africain sur les quelques 90 000 des collections publiques françaises, estime que le rapport a un problème principal dans la mesure où il met beaucoup trop les musées sur la touche au profit des spécialistes de la réparation mémorielle. Certes il y a eu des cadeaux faits librement comme le cas des grands chefs du Cameroun au médecin pierre Harter qui a fait les soins de leurs familles contre la lèpre, mais « il serait ainsi susceptible de restituer les dons aux musées provenant des personnes liées à la colonisation comme les administrateurs, médecins, militaires…ainsi qu’à leurs descendants et surtout tout ce qui a été collecté par des expéditions scientifiques », conclut Stéphane.
Mamadou Diarra
Le Pays