Depuis l'annonce de la fin de la mission de la MINUSMA au Mali, la ville de Bamako est prise d'assaut par les discussions dans les familles, les lieux de travail, les rencontres informelles et même lors des marches. Nous avons approché les citoyens ordinaires pour recueillir leurs opinions.
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Retrait de la MINUSMA de Ménaka : Quel bilan ?

La MINUSMA a officiellement fermé son camp de Ménaka le 25 août 2023, Après les fermetures des camps de Goundam, Ber et Ogossagou. Ceci marque la fin de la première phase de son retrait de notre pays. Quel bilan quand on sait le rôle majeur joué par la mission dans la zone ?

Le processus de retrait de la MINUSMA s’inscrit dans le cadre de la résolution 2690 du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptée le 30 juin 2023. Cette résolution prévoit un retrait « coordonné, ordonné et sécurisé » de la MINUSMA, devant être achevé d’ici le 31 décembre 2023, avec le début de la liquidation de la Mission en janvier 2024.

En juillet 2013, la MINUSMA a été déployée dans le pays pour soutenir le processus de paix et la restauration de l’autorité de l’État. La Mission a rapidement établi une base à Ménaka, une région située dans la zone des trois frontières avec le Burkina Faso et le Niger, dans le nord-est du Mali. En 2017, la base de la MINUSMA à Ménaka a été renforcée pour mieux appuyer la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali (APR), protéger les civils et soutenir la restauration de l’autorité de l’État.

Avec l’augmentation de la violence observée en mars 2022, la MINUSMA a intensifié ses opérations dans la région, notamment en déployant des casques bleus supplémentaires en provenance de la base de la Mission à Ansongo, dans la région de Gao, et en mobilisant des moyens supplémentaires, y compris aériens. La coordination avec les Forces de défense et de sécurité maliennes a également été renforcée, notamment par la réalisation de patrouilles conjointes impliquant la police malienne et l’unité de police constituée togolaise présente à Ménaka.

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Restauration de l’autorité de l’État

Les patrouilles de la MINUSMA, menées au plus près des populations, ont été l’occasion de leur apporter un soutien concret, notamment des consultations médicales gratuites et des dons de médicaments, de vivres et d’ustensiles. Les casques bleus ont ainsi renforcé leur présence dans la région grâce à des opérations de grande envergure, telles que l’opération « Seka ». Durant cette période, les éléments du contingent du Niger ont effectué près de 1200 patrouilles, avec un rythme soutenu de plus de 15 patrouilles par semaine dans la ville de Ménaka. UNPOL avait ainsi une présence rassurante au marché hebdomadaire de la ville, favorisant la relance de l’économie locale. Des patrouilles régulières ont également été menées avec les gendarmes et policiers maliens.

À Ménaka, les policiers des Nations unies, en collaboration avec leurs homologues maliens, ont également initié les communautés au concept de Police de proximité, conformément aux recommandations de l’APR. Cette approche vise à placer le citoyen au centre de la production de la sécurité, en favorisant le dialogue et la collaboration avec les forces de l’ordre.

Dans le respect de la politique de diligence des Nations unies en matière de droits de l’homme, UNPOL a contribué au renforcement des capacités techniques des forces de sécurité maliennes grâce à des formations et à la fourniture d’équipements. Plusieurs réalisations notables de la MINUSMA à cet égard comprennent la réhabilitation du Commissariat de police de la ville, inauguré en octobre 2016, ainsi que la construction et l’équipement de la préfecture et de la brigade de gendarmerie de Ménaka. De plus, la MINUSMA a réhabilité et équipé le palais de justice et la maison de correction de Ménaka, tout en contribuant au déploiement du juge de paix pour sa prise de service.

Stabilisation

Pour encourager les efforts de stabilisation dans la région, de 2016 à 2023, la Mission de l’ONU a investi près de quatre milliards de francs CFA dans la réalisation de 38 projets visant à renforcer les capacités de la société civile et des autorités locales, ainsi qu’à construire et réhabiliter des infrastructures communautaires dans les domaines de la santé, de la sécurité et de l’éducation. Cette allocation budgétaire a également permis de lancer des activités génératrices de revenus, de faciliter le retour des services sociaux de base et de soutenir la production agricole. Les investissements de la MINUSMA ont également contribué à améliorer l’éclairage public et à soutenir les radios communautaires. De plus, 625 millions de francs CFA ont été alloués à des projets humanitaires et de développement.

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D’autres projets à impact rapide, financés par le Fonds fiduciaire de la MINUSMA, ont également soutenu les populations, notamment par la rénovation d’écoles et de centres de santé, la création d’emplois pour les jeunes et la distribution de kits agricoles aux familles. La Mission a également apporté un soutien significatif au renforcement des capacités des acteurs locaux, favorisant ainsi une meilleure gouvernance et la confiance entre les administrés et les autorités locales. Plus de 900 personnes, notamment des femmes et des jeunes, ont directement bénéficié de ces actions de renforcement des capacités. Afin de réduire les conflits communautaires liés à l’accès aux ressources naturelles, telle que l’eau, la MINUSMA a investi plus de 100 millions de francs CFA, notamment en mai 2021, dans la création et la réhabilitation de systèmes d’adduction d’eau desservant l’ensemble des quartiers de la ville de Ménaka, ainsi que les populations dans un rayon de 30 kilomètres.

Action humanitaire

Pour permettre aux organisations humanitaires d’accéder en toute sécurité aux communautés vulnérables, la MINUSMA a sécurisé la piste d’atterrissage de Ménaka et organisé des patrouilles régulières autour des sites de déplacés internes. En plus de faciliter l’aide humanitaire, elle est également intervenue directement pour secourir les populations en détresse.

À titre d’exemple, en août 2015, une équipe de la MINUSMA s’était mobilisée à partir de Gao pour venir en aide aux sinistrés de la ville de Ménaka qui venaient de subir des inondations sans précédent. Entre mars 2022 et mars 2023, la situation sécuritaire s’est considérablement détériorée, entraînant le déplacement de 78 500 personnes en quête de refuge, aggravant ainsi les besoins des communautés hôtes déjà fragilisées. En collaboration avec le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), la MINUSMA a fourni des abris à un millier de ménages en installant des tentes. En mars 2023, le contingent nigérien a distribué en urgence plusieurs milliers de litres d’eau potable aux familles déplacées par les violences dans le cercle de Tindermène. Cette action a été un maillon essentiel dans la chaîne de l’assistance fournie par les agences humanitaires à cette population, majoritairement composée de femmes et d’enfants.

Après plus d’une décennie de présence au Mali, la mission onusienne, malgré les contestations, a su s’imposer dans la partie septentrionale de notre pays. Les réalisations accomplies ont contribué à une reprise progressive des activités.

Ahmadou Sékou Kanta avec la MINUSMA

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