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Retrait « sans délai » de Barkhane : Bamako intransigeant, Paris dans la défiance

La fièvre ne cesse de monter entre Bamako et Paris. Alors que le pouvoir de Bamako exige le retrait « sans délai », des forces Barkhane et Takuba du territoire national, « sous la supervision des Autorités maliennes », le Président Macron oppose son niet au point de s’imbiber dans une espèce de défiance envers le pouvoir de la Transition incarné par colonel Assimi Goïta. 

La brouille entre Bamako et Paris est loin de connaître un dénouement heureux. En effet, le 17 février 2022, le Président français Emmanuel Macron a annoncé le retrait des forces militaires de Barkhane et Takuba, en mission de sécurisation et de lutte contre le terrorisme. « En raison des multiples obstructions des autorités de transition maliennes, le Canada et les États Européens opérant aux côtés de l’opération Barkhane et au sein de la Task Force Takuba estiment que les conditions politiques, opérationnelles et juridiques ne sont plus réunies pour poursuivre efficacement leur engagement militaire actuel dans la lutte contre le terrorisme au Mali et ont donc décidé d’entreprendre le retrait coordonné du territoire malien de leurs moyens militaires respectifs dédiés à ces opérations », ont déclaré conjointement les partenaires du Mali sur la lutte contre la menace terroriste et le soutien à la paix et à la sécurité au Sahel et en Afrique de l’Ouest, à la veille du Sommet de Bruxelles entre l’Union européenne et l’Union africaine.

Cette décision de retrait, qui fait « aux annonces unilatérales de la France, le 03 juin 2021, de la suspension des opérations conjointes avec les Forces Armées Maliennes et le 10 juin 2021 de la fin de l’opération Barkhane, sans préavis et sans consultation préalable de la partie malienne », et que Bamako juge d’unilatérale » est selon les autorités de la Transition, une « violation des accords liant la France et le Mali et impliquant d’autres partenaires ».

Dans son communiqué N°019 du vendredi 18 février 2022, le Gouvernement de la transition estime que ces décisions unilatérales constituent des violations flagrantes du cadre juridique liant la France et le Mali.

Barkhane en deçà des attentes

Toutes les opérations engagées par la France au Mali contre le terrorisme ou le djihadisme, depuis 2013, n’ont pas atteint leurs objectifs. Selon le Ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Porte-parole du Gouvernement, Colonel Abdoulaye MAIGA « les résultats obtenus et annoncés officiellement par les Autorités françaises, n’ont pas été satisfaisants, ni en 2013 avec l’opération Serval (détruire le terrorisme, restaurer l’autorité de l’Etat malien sur l’ensemble du territoire national, faire appliquer les résolutions de l’ONU) ni en 2016 avec l’Opération Barkhane (lutter contre le terrorisme, aider à faire monter l’Armée malienne en puissance, intervenir en faveur des populations) ».

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Le ministre Maïga a regretté que malgré la présence de l’Opération Barkhane et des forces internationales, de 2013 à 2021, le Mali a risqué la partition et la menace terroriste initialement localisée au Nord du Mali, s’est répandue sur l’ensemble du territoire national. « Le Gouvernement du Mali rappelle que l’Opération Serval n’aurait pas été nécessaire si l’OTAN n’était pas intervenue en Libye en 2011. Cette intervention qui a fondamentalement modifié la donne sécuritaire dans la région et dans laquelle la France a joué un rôle actif de premier plan et au grand dam des Africains, est à la base des problèmes sécuritaires actuels du Mali en particulier et du Sahel en général », a persisté le porte-parole du Gouvernement malien.

Quid du retour à l’ordre constitutionnel ?

Contrairement aux allégations relatives à la dégradation de la situation sécuritaire, a indiqué le ministre Maïga, les autorités de la Transition, dans l’exercice de leur droit souverain, ont entrepris des actions volontaristes pour diversifier les partenariats, consenti d’énormes efforts, permettant ainsi la montée en puissance des forces armées maliennes et l’amélioration significative de la situation sécuritaire sur le terrain, depuis 6 mois, notamment, en vue de créer les conditions de la tenue d’élections.

Et le porte-parole de faire que le Gouvernement a, en outre, mis en place un mécanisme de concertation visant à adopter un chronogramme consensuel, en rapport avec la CEDEAO, I’UA, I’ONU et certains pays de la région, pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel.

En réplique à ce retrait dit unilatéral, « le Gouvernement invite les Autorités françaises à retirer, sans délai, les forces Barkhane et Takuba du territoire national, sous la supervision des Autorités maliennes ». Ceci, « au regard de ces manquements répétés des accords de défense ».

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Tout en restant attaché aux valeurs de dignité, le Gouvernement de la Transition reconnait les sacrifices consentis pour la lutte contre le terrorisme et s’incline devant la mémoire des victimes de l’insécurité, civiles et militaires, maliennes et étrangères. Aussi ré-affirme-t-il sa disponibilité à renforcer davantage le dialogue et la coopération avec les partenaires soucieux de la prise en compte des intérêts vitaux du Mali dans le respect de la souveraineté nationale et de la dignité du peuple malien.

Macron dans la défiance

Comme une réponse du berger à la bergère, le Président français oppose son niet aux injonctions de Bamako, lors d’une conférence de presse à la fin du 6e sommet UE – Union africaine à Bruxelles. « Nous avons annoncé la ré-articulation du dispositif et il s’appliquera en bon ordre afin d’assurer la sécurité de la mission des Nations unies et de toutes les forces déployées au Mali. Je ne transigerai pas une seconde sur leur sécurité », a averti Emmanuel Macron. Une sorte de défiance envers les autorités de la Transition, quand on sait souverain l’Etat du Mali

Au regard des positions tranchées, Bamako et Paris sont su bord de la rupture totale, à laquelle les autorités de la Transition se seraient déjà préparées. L’orientation de la coopération vers la Russie permet aux autorités aux affaires à Bamako d’amorcer la reconquête des zones du territoire longtemps aux mains des forces djihado-terroristes, malgré par l’Opération Barkhane.

Cyril Roc DACK/ Icimali.com

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