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Sidiki Kouyaté sur le Sommet G5-Sahel de Ndjamena : « Stop au génocide de la France au Mali ! »

Dans une déclaration liminaire à son meeting du 13 février 2021 au Carrefour des Jeunes, le Mouvement « Yèrèwolo Debout sur  les Remparts » dit « Stop au génocide de la France au Mali ! ». Intégralité de la déclaration lue par M. Sidiki Kouyaté.

Le lundi 13 janvier 2020, une rencontre s’est tenue à Pau entre les cinq chefs d’État des pays du G5 Sahel et celui de la France pour clarifier  leur  position et non celle des peuples de la région, du maintien ou non de la présence des forces militaires françaises dans les pays du G5 Sahel. Cette réponse à la montée d’un sentiment anticolonialiste français avait été réclamée par Emmanuel MACRON lors d’une conférence de presse à l‘issue d’un sommet de l’OTAN en novembre 2019, à Watford, près de Londres.

En prélude à ce sommet, le 10 janvier 2020, nous peuples de la région avions décidé de rejeter en bloc toute décision lâche voire contraire à l’expression de la volonté des masses populaires, revendiquant l’arrêt immédiat de ces pires massacres, par le retrait des forces étrangères dont les approches sont obsolètes, coûteuses, inefficaces, avec des conséquences plus insidieuses et dévastatrices.

Un témoignage de Dominique De VILLEPIN apporte une précision sur les dangers éminents des interventions militaires étrangères en ces termes : « … Il serait temps que les États-Unis et l’Europe tirent les leçons de l’expérience. Depuis l’Afghanistan, cela fait treize ans que nous avons multiplié les interventions militaires (Afghanistan,  Irak, Libye et Mali). En 2001, il y avait un foyer de crise terroriste central. Aujourd’hui il y en a près d’une quinzaine. C’est dire que nous les avons multipliés. Pourquoi ? Parce qu’aujourd’hui, L’État Islamique, c’est l’enfant monstrueux de l’inconstance et de l’arrogance de la politique occidentale. » BFMTV le 12 / 09/ 2014

Nous étions encore en 2014, quand M. De VILLEPIN dénonçait l’inefficacité de ces interventions militaires étrangères. Sept (07) ans après, nous assistons à un exemple typique de ce tableau sombre dans le Sahel. Il y a lieu de rappeler que ces interventions ont été toujours imposées à la caste politique au pouvoir qui abdique à toute demande de l’Elysée et qui à son tour l’impose au peuple. C’est la marche arrière suicidaire.

Voilà une des raisons fondamentales de la lutte que mène le peuple malien à travers de nombreux regroupements, associations, mouvements organisés et mobilisés au sein de la Plateforme Yèrèwolo Debout sur les Remparts.

Avant et après l’élection présidentielle en 2013, la seule ville qui échappait à la souveraineté nationale fondamentalement était Kidal par l’interposition de la force Serval qui a fait venir le MNLA du Burkina Faso et l’a installé à Kidal. C’est une stratégie pour la France de maintenir le statu-quo et donner le coup d’envoi pour la marche arrière suicidaire.

À l’époque dans les consciences populaires, l’Opération Serval a eu du succès. Aujourd’hui, paradoxalement, l’Opération Barkhane sombre dans les ornières de ce supposé succès. Le scénario est tel qu’une première opération a pu stopper l’avancée des « djihadistes » en route pour Bamako comme on le disait communément, et la deuxième ne parvient à enregistrer aucun succès. Bien que certains chefs d’État du Sahel et Emmanuel se montrent hostiles au cri de cœur de ces populations victimes, par la voix de MACRON, ils n’ont pas manqué, à Pau, de dénoncer l’absence de résultats en ces termes : « Il nous faut maintenant des résultats, nous n’avons pas le choix. »

Il semblerait qu’Emmanuel MACRON n’a pas encore tiré les leçons de l’expérience et il a encore une oreille distraite non seulement par rapport à la demande de son peuple, mais aussi et surtout à celle du peuple africain. Pour le président de la République française, ses troupes « resteront tant que les 5 chefs d’États du G5 Sahel n’auront pas formulé le vœu commun du départ de la France ».

À Pau, dans le sud-ouest de la France, ils ont signé une déclaration commune où ils ont exprimé le souhait de la poursuite de l’engagement militaire de la France au Sahel. Nous précisons qu’ils ont apposé ces signatures en leur nom et pour leur compte, car les attentes du peuple vont au-delà de ces mesures obsolètes et révolues.

La rencontre à Pau a mis sur la table quatre propositions à savoir :

–              Concentrer les actions militaires autour de la zone des frontières (Mali, Burkina Faso, Niger) ;

–              Renforcer la coopération ;

–              Restaurer la souveraineté ;

–              Faire du développement.

Pour ce faire, la France annonce l’envoi de 220 militaires supplémentaires pour appuyer la force Barkhane et sollicite en même temps une intervention militaire, le Takuba.

Or, pour le sommet prévu dans la capitale tchadienne, les 15 et 16 février 2021, la France prévoit une réduction de son effectif. C’est vraiment paradoxal.

Déjà en novembre 2018, lors du Forum de la Paix à Paris, à l’occasion de la commémoration du centenaire de la fin de la première guerre mondiale, M. MACRON avait souhaité la création d’une armée européenne. Le Takuba serait une expérimentation de cette  nouvelle force européenne qui aura pour théâtre d’opération le Sahel. Comme toujours, la force G5 Sahel est mise à la marge.

Par ailleurs, pour M. MACRON, ceux qui demandent le départ de la France sont au service d’autres puissances étrangères. Fait-il allusion aux États-Unis qui estiment que la MINISMA n’est pas la réponse aux menaces terroristes croissantes ?

Pour plus de précision, les États-Unis ont réclamé, le  mercredi 15 janvier 2020, au Conseil de Sécurité de l’ONU, lors d’une séance consacrée au Mali, une réduction et une refondation de la mission de maintien de la paix au Mali. Ils demandent «  une approche alternative pour faire face à l’instabilité croissante ».

L’ambassadrice américaine adjointe à l’ONU, Cherith Norman Chalet, a souhaité que « la MINUSMA concentre désormais ses efforts sur la protection des civils plutôt que sur la mise en œuvre de l’Accord pour la paix qui semble échouer ».

À vrai dire, cet échec était prévisible. Pour preuve, l’ancien diplomate français en  l’occurrence Nicolas Normand avait tiré sur la sonnette d’alarme bien avant  en précisant que « cet Accord est une forme de prime à la  violence ».

Mesdames et Messieurs, soldats de la paix !

Les inquiétudes au sujet de l’Accord d’Alger 2015, ne cessent de croître. Récemment, dans une des publications de MEDIAPART en date du 16 décembre 2019, Joseph Brunet-Jailly a jeté un faisceau de lumière sur le danger imminent qui plane sur le Sahel. Il a précisé sur des pages de cet organe : « La situation sécuritaire, politique, et sociale du Mali pourrait bientôt aboutir à une immense zone de non-droit au cœur du Sahel. Tel est le résultat de l’accord d’Alger, et des conditions dans lesquelles il a été préparé et signé. »

La France, entre « aide » au Mali et  « aide » au terrorisme,  partenaire clé des pays du G5 Sahel, sera au rendez-vous à ce sommet de N’Djamena. Mais bien avant, son ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves le Drian, a exprimé devant le Sénat français le mardi 09 février, ses attentes : «  Le sommet de N’Djamena doit être le sommet du sursaut diplomatique, du sursaut politique et du sursaut du développement afin de consolider les résultats des derniers mois. En tout cas, c’est ce que nous proposerons à nos partenaires »

Pour sa part, la ministre française des Armées, Florence Parly a  déclaré : « Notre enjeu est de réussir à transformer les gains et les victoires tactiques en progrès politiques et sociaux… Ce sera tout l’objet du sommet de N’Djamena. »

Quant au Sénateur Guillaume Gontard, N’Djamena doit être «  un tournant », car il trouve que «  le bilan de l’engagement français  nous laisse perplexes. Le coût financier a été accru. Nous sommes passés de 520 millions en 2014  à un milliard d’euro en 2020. »

En outre, la France défendra, certainement, même à N’Djamena, sa  position de ne pas dialoguer avec les prétendus ‘’djihadistes’’ au Mali.

« On ne négocie pas avec les terroristes. On les combat » a déclaré  Jean-Yves le Drian encore devant le Sénat français le mardi dernier.

Le tableau est vraiment sombre. Finalement, c’est la France qui décide de tout  à son seul profit au détriment des intérêts  supérieurs des  peuples de la région.

 Par ailleurs, la diplomatie française  annonce   l’extension de la menace terroriste vers les pays riverains du Golfe de Guinée.

Mesdames et Messieurs combattantes et combattants de la liberté !

Sur toute la ligne, l’échec de la France est patent. Les options, qu’elles soient politiques, diplomatiques  ou militaires émanant de l’Elysée souffrent d’incohérence  et d’arrogance. En conséquence, aucune solution endogène n’a prospéré au cœur de ces tourbillons de propositions.

Il serait judicieux que ce sommet se penche vers le désarmement des irrédentistes de l’entreprise terroriste ‘’ Azawad’’. Il devrait servir de  levier pour briser le statu-quo pour permettre à l’État du Mali de prendre son droit sur la ville de Kidal.

À présent, le Mali est pris entre les tenailles du colonialisme et du terrorisme du fait de la politique africaine de la France.

Soucieux du danger de cette  politique, nous exigeons le retrait de la force Barkhane du territoire malien.

Nous exigeons également l’abrogation de l’accord-piège entre le Mali et la France en matière de défense.

Dans un futur immédiat,  précisément le 26 mars prochain, d’autres chantiers seront explorés pour faire entendre notre voix pour rendre à notre nation sa souveraineté, son indépendance des accords diaboliques, car ils sont sans fondement rationnel.

Cependant, s’agissant de l’Accord d’Alger, la communauté internationale ne cesse de faire de la pression depuis sous IBK sur le pouvoir pour la mise en œuvre d’un accord  qui asphyxie la liberté, bafoue la justice et sème donc la misère au Mali. Ainsi, elle marche sur les pas des autorités françaises, dans une folle entreprise de recolonisation.

A cet effet, nous lançons un appel pressant à tous les dignes filles et fils du Mali pour la mobilisation patriotique du 26 mars 2021.

Comme l’a dit le très haut camarade président Modibo KEITA : « Lorsque les acteurs d’une cause deviennent spectateurs ; ça sera le festival des brigands. »

Stop au génocide de la France au Mali !

A bas la FrançAfrique !

 Vive le Mali uni et souverain !

Vive Afrique !

Bamako, le 13 février 2021.

Yèrèwolo Debout sur les Remparts

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