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Usage du chicha ou le narguile : Une porte d’entrée du tabagisme

Généralement utilisée dans les restaurants, bars et dans certains lieux fermés accueillant du public, vendue dans les alimentations des stations de service et certaines alimentations de la ville, la chicha ou le narguilé semble être aujourd’hui la porte d’entrée vers le tabagisme.

Au Mali, nombreux sont ceux qui pensent que la chicha est un passe-temps, elle est fumée presque partout, dans les boîtes de nuit, les bars et restaurants, lors des cérémonies de mariage et de baptême, même dans les ruelles des quartiers par les jeunes. Ne connaissant pas les dangers que peut engendrer la chicha, certains parents donnent à leurs enfants de l’argent pour s’en procurer.

A l’insu des parents, il y a ceux qui mélangent de l’alcool dans le récipient d’eau du chicha ou le cannabis dans le tabac du chicha.

Selon une étude, une séance de 45 minutes délivre environ 20 fois plus de goudron, 2 fois plus de monoxyde de carbone, et 3 fois plus de nicotine qu’une cigarette. La nature du goudron est toutefois différente en raison d’une température de combustion plus basse. Selon une autre étude, « si 30 à 50 bouchées sont prises dans la même soirée par chicha, cela signifie que le consommateur prend autant de fumée qu’avec 40 cigarettes. Des mesures montrent que l’augmentation du monoxyde de carbone expiré à la fin d’une chicha est équivalente à celle observée lors de la consommation de 30 à 40 cigarettes».

Ceci les expose à une quantité de produits chimiques cancérogènes et de gaz dangereux (tel le monoxyde de carbone) élevée ainsi qu’une quantité importante de nicotine pouvant provoquer une dépendance.

Estimant que ces produits poussent les jeunes à la violence, le maire de la commune 4 de Bamako a interdit le 3 juillet 2019, la consommation de la chicha dans sa commune.

Malgré l’interdiction du maire de la commune, on constate toujours dans ledit quartier des jeunes avec leur pipe en train de fumer de la chicha au vu et au su de tout le monde dans les rues.

De simple passe temps, la chicha est devenue aujourd’hui une addiction pour la plupart des jeunes fumeurs.    « Fumer nous permet d’oublier certaines choses comme le manque de travail, les soucis dans la famille et beaucoup d’autres. Lorsque je fume le narguilé, je me sens en pleine forme », nous confie un jeune fumeur.

Salmana Tomboura, un revendeur de chicha et des arômes de chicha, nous témoigne que le narguilé est aujourd’hui l’une des choses les plus consommées par les jeunes. « Par semaine, je commande plus de 3 fois les arômes de chicha, 6 à 10 paquets par commande. La chicha, je peux en vendre 3 ou 5 par semaine. Je gagne beaucoup dans cette affaire de chicha ».

Cependant, des études cliniques de type cas-témoins, ont prouvé que l’utilisation de narguilé exposerait à un risque potentiel de cancer du poumon, de stérilité, de maladie coronarienne, de complications après extraction dentaire. D’après des études rétrospectives, il pourrait exister un risque de cancer de l’estomac et de gastrite.

Au niveau respiratoire, les fumeurs de narguilé peuvent présenter des symptômes relevant de la gêne respiratoire et de la bronchite chronique. Le passage du tuyau d’une bouche à l’autre peut également favoriser la transmission de maladies contagieuses, comme l’herpès, la tuberculose, l’hépatite ou encore la covid-19 L’usage d’un embout individuel jetable permet de réduire ces risques sans toutefois les éliminer.

En atmosphère confinée (Bar à chicha, il existe un risque environnemental lié à des taux élevés de monoxyde de carbone de 25 à 75 ppm. Des cas d’intoxication chez le personnel de ces bars ont été rapportés. En France, depuis le 1er janvier 2007, l’interdiction de fumer dans des lieux fermés accueillant du public s’applique à la chicha.

Oumar Sawadogo

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