Aguibou Bouaré- président CNDH-Mali
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Affaire de « massacre » à Moura: La CNDH-Mali, les USA et l’UE montent au créneau

Alors que les autorités militaires maliennes affirment avoir tués 203 combattants des GAT et interpelé 51 personnes lors de l’opération d’opportunité aéroterrestre de grande envergure menée du 23 au 31 mars 2022 dans la zone de Moura à 17 kilomètres au Nord-est de Kouakourou dans le cercle de Djenné, la CNDH-Mali, le Département d’Etat américain et l’UE expriment leurs inquiétudes et exigent une enquête indépendante.

Une opération d’opportunité aéroterrestre de grande envergure menée du 23 au 31 mars 2022 dans la zone de Moura à 17 kilomètres au Nord-est de Kouakourou dans le cercle de Djenné a permis aux Forces Armées Maliennes (FAMa) de tuer 203 combattants des GAT tués et d’interpeller 51 personnes.

Ce bilan très applaudi par la majorité des Maliens est vu sous un autre angle par les structures de Droits de l’Homme et certaines chancelleries occidentales qui n’ont pas tardé à réagir. Inquiet, le Haut représentant de l’Union Européenne, Josep Borrell, parle de « violences à Moura » « menées par les forces armées maliennes accompagnées d’éléments russes ».« Ces nouvelles allégations d’exactions, suite aux événements de Nampala, Dogofry et Diabaly sur lesquels les éléments d’enquête préliminaire n’ont pas encore été rendus publics affaiblissent davantage la stabilité et mettent en danger la coexistence entre différentes communautés », a déclaré M. Borell.

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Aux dires de Josep Borrell, « la lutte contre le terrorisme ne peut en aucun cas justifier des violations massives des droits de l’homme ». Il a poursuivi que le comportement exemplaire de l’Etat et de ses forces de sécurité dont le mandat premier est de protéger les populations civiles ne peut souffrir d’aucune exception. Il est de même pour l’impunité qui « doit être combattue avec sévérité et la plus grande urgence ».

Même son de cloche du côté des USA qui dit suivre « les récits extrêmement troublants d’un grand nombre de personnes tuées ». « Nous sommes préoccupés par le fait que de nombreux rapports suggèrent que les auteurs étaient des forces irresponsables du groupe Wagner soutenu par le Kremlin. D’autres rapports affirment que les Forces armées maliennes (FAMa) avaient ciblé des éléments de groupes extrémistes violents connus.

Les autorités françaises ne sont pas restées muettes sur la question, malgré la crise diplomatique entre Bamako et Paris. Dans une déclaration, le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères « s’inquiète de la multiplication des exactions au centre du Mali depuis le début de l’année 2022 et de l’impunité dans laquelle celles-ci se déroulent ». A en croire le Quai d’Orsay, « la lutte contre les groupes terroristes qui opèrent au Sahel ne saurait en aucun cas justifier des violations des droits de l’Homme. Les violences indiscriminées contre les populations civiles ne font que renforcer ces groupes ».

Nécessité d’enquêtes

L’ouverture rapide d’enquêtes nationales pour établir les responsabilités de ces actes s’avère nécessaire, réclame la CNDH-Mali. « L’objectif, c’est de faire respecter les règles de Droits de la Guerre. Il s’agit simplement d’amener les éléments sur le terrain à respecter ces règles. S’il y a des informations selon lesquelles ces règles ne sont pas respectées, les organisations de défense des Droits de l’Homme demandent tout simplement à ce qu’il y ait une commission d’enquêtes indépendante et crédible, qui puisse attester la véracité des informations reçues. Ce n’est pas outre mesure d’aller contre l’intérêt d’un Etat, ou de discréditer un État ou bien de saper le moral des troupes. Il s’agit tout simplement de vérifier si les règles de Droits internationales humanitaires ont été ou non respectées sur le terrain », a déclaré son président Aguibou Bouaré.

Pareil du côté des chancelleries occidentales. Selon les USA, « ces rapports contradictoires illustrent le besoin urgent pour les autorités de transition maliennes de donner aux enquêteurs impartiaux un accès libre, sans entrave et en toute sécurité à la zone où ces événements tragiques se sont déroulés. L’accès immédiat aux témoins oculaires et aux nombreuses personnes qui seraient sous la garde du gouvernement est essentiel pour remettre les pendules à l’heure ».

Ainsi, le pays de Joe Biden appelle le gouvernement de transition du Mali à accorder l’accès à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) afin de mener une enquête rigoureuse comme mandaté par le Conseil de sécurité de l’ONU. « L’incapacité à fournir un compte rendu complet et crédible des faits et de la responsabilité ne servira qu’à semer la division dans la société malienne, à saper la crédibilité, la légitimité et la réputation de la FAMa, à pousser les communautés entre les mains de groupes extrémistes violents et à créer les conditions pour plus de violence », préviennent les USA.

Aussi pour le Haut Représentant de l’UE que pour Paris, il est essentiel « que la MINUSMA puisse avoir accès aux lieux des événements afin d’épauler les autorités de transition dans leur enquête » et « que les conclusions de ces enquêtes soient rendues publiques afin que les responsables soient traduits devant la justice ».

CDA

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