Aguibou Bouaré- président CNDH-Mali
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2021, une année des « arrestations et détentions arbitraires » selon Aguibou Bouaré de la CNDH-Mali

 La 13è édition du symposium national sur les droits de l’Homme au Mali a servi de tribune au président de la CNDH Mali de dresser un état des lieux de droits de l’Homme en 2021 caractérisée en substance par « des arrestations et détentions arbitraires ainsi que des allégations de disparition forcée, d’atteintes à la présomption d’innocence, à la liberté d’expression et d’opinion ».

Cette 13è édition du symposium s’inscrit dans le cadre de la célébration de la Journée internationale des droits de l’Homme, marquant l’anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Il se veut à la fois un état des lieux de la situation des droits humains, et un cadre de rappel des engagements régionaux et internationaux de notre pays.

Selon le président de la CNDH-Mali, l’occasion est propice d’insister sur l’obligation principale pesant sur l’Etat de respecter et faire respecter les droits fondamentaux sur le territoire national et de sensibiliser les acteurs de la défense, de la sécurité, de la justice, des organisations de la société civile, entre autres, en vue d’une collaboration renforcée. « Cette synergie d’actions est gage de plus d’efficacité, de redevabilité et de respect des règles et normes en matière de droits humains », a souligné M. Aguibou Bouaré.

Rappelant que les droits de l’Homme ne sont pas une œuvre de charité, le président de la CNDH-Mali martèle que ceux-ci « sont loin d’être une faveur que les Etats accordent aux citoyens », mais « au contraire, une obligation fondamentale à la charge de l’Etat, principal débiteur, à l’égard de toute personne résidant ou se trouvant sur le sol Malien ».

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« Les violations et abus souvent graves des droits de l’Homme que connaît notre pays ne devraient et ne sauraient rester impunis. Oui ! la lutte contre l’impunité, doit être au cœur de nos préoccupations ! Elle doit être au centre de nos occupations. Elle doit être mise en œuvre par un appareil judiciaire plus performant, juste et équitable Cette lutte noble doit contribuer à la construction du nouveau Mali, un Mali meilleur, un Mali dans lequel la justice prend le pas sur l’arbitraire et l’impunité !», a-t-il justifié.

Toutefois, l’organisation de défense des droits de l’Homme salue les efforts du Gouvernement pour la protection des droits de l’Homme malgré le contexte sécuritaire volatile, marqué par des atteintes sans précédent aux droits humains, sans oublier les plus Hautes autorités dans l’accompagnement des mécanismes nationaux de protection des droits de l’Homme au regard, entre autres, l’appui à l’institution nationale des droits de l’Homme, la CNDH.

Le président de la CNDH-Mali n’a pas passé inaperçues les nombreuses initiatives salutaires du Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, notamment la lettre circulaire instruisant les Procureurs de mieux réprimer les infractions en lien avec l’esclavage par ascendance, les lettres circulaires recommandant successivement la diligence dans le traitement des affaires judiciaires et le respect des bonnes pratiques en matière de distribution de la justice, l’organisation des assises spéciales dans le cadre de la lutte contre la corruption et la délinquance financière. « L’organisation des sessions du Tribunal Militaire est à encourager, en vue de sanctionner les violations des règles du droit international humanitaire perpétrées par certains éléments des forces de défense et de sécurité », a exprimé M. Bouaré. Qui a, par conséquent, invité le Ministère de la Justice « à un suivi rigoureux de la mise en œuvre, en particulier, de la circulaire relative à l’esclavage, face à une résistance néfaste de certains Procureurs notamment dans la Région de Kayes ».

Une 2021 arbitraire

Le président de la CNDH a fait un état des dieux de l’année 2021. L’ensemble du territoire national semble désormais dans l’œil du cyclone de l’hydre terroriste ! Au-delà de la crise sécuritaire sans précédent à laquelle est confronté le Mali, « caractérisée par d’indicibles violations et abus des droits de l’Homme dans le Nord mais surtout le Centre du pays ». S’y ajoutent les atteintes au droit à la vie, à l’intégrité physique et à la sécurité, très légion, sans oublier la pratique de l’esclavage par ascendance et ses manifestations violentes et attentatoires à la dignité humaine, les violences sexuelles et sexistes sur les femmes et les filles sur le théâtre des opérations de lutte contre le terrorisme.

« Des arrestations et détentions arbitraires ainsi que des allégations de disparition forcée ont été dénoncées courant 2021. Des allégations d’atteintes à la présomption d’innocence, à la liberté d’expression et d’opinion ont été enregistrées durant la même période. De menaces sérieuses semblent peser sur la liberté d’expression et d’opinion dans un contexte de crispation et de clivage socio-politique », a insisté le président de la CNDH-Mali.

M. Aguibou Bouaré a aussi déploré des atteintes aux droits à la santé et à l’alimentation de certains détenus, en les empêchant d’accéder à des soins de santé que leurs états recommandent, la surpopulation carcérale aggravée par l’émission quasi- systématique de mandats de dépôt tendant à remettre en cause un des principes sacro-saints de la procédure pénale à savoir « la liberté comme principe, la détention l’exception ». Dans la lutte contre l’impunité que la CNDH salue, M. Aguibou Bouaré a rappelé que le Juge d’instruction « instruit à charge et à décharge » pour le respect des exigences d’indépendance, d’impartialité, de procès juste et équitable.

Des prisons inappropriées ?

Parlant de la situation carcérale et des personnes détenues, le président de la CNDH-Mali reste inquiète de « la surpopulation carcérale, la corruption en milieu carcéral, les mauvaises conditions d’hygiène, l’absence d’infirmerie dans la plupart des maisons d’arrêt au Mali, des cas de traitements inhumains ou dégradants, y compris des cas de torture à déplorer au niveau de certaines maisons d’arrêt, et dans les lieux officieux de ‘’détention’’ de la Sécurité d’Etat désormais appelée ANSE, Agence Nationale de la Sécurité d’Etat ».

Cyril Roc DACK/ Icimali.com

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