Barkhane
Actualité UNE

L’ambassadeur de France sommé de quitter le Mali : Le revers de Barkhane explose Bamako et Paris

Alors que l’ambassadeur de France à Bamako, SEM Joël MEYER, a été sommé de quitter le territoire national dans un délai de 72 heures, hier lundi 31 janvier, Paris serait en passe de prendre une décision similaire. Ceci est une conséquence directe de l’échec de la force française Barkhane, véritable outil diplomatique de la France au Sahel, engagée dans la lutte contre le terrorisme, depuis août 2014.

La guerre ouverte entre Bamako et Paris sur le plan diplomatique a atteint donc son point culminant.La tension était vive entre les deux pays depuis la sortie « ratée » de Jean Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de France, contre les autorités de la transition malienne. En effet, Jean-Yves Le Drian, a qualifiéles autorités au pouvoirà Bamako d’illégitimes, qui prennent des « mesures irresponsables », suite à l’injonction au Danemark de retirer ses troupes de Takubadu territoire malien.

Entre temps, Bamako semble avoir mesuré et analysé les contours des propos discourtois de M. Jean Yves Le Drian, à l’égard des autorités maliennes.La réplique sage et mesurée de son homologue malien, Abdoulaye Diop, ne s’est pas fait attendre.

A LIRE AUSSI

Sanctions contre le Mali : l’Union européenne brise l’embargo et fait la leçon à la Cedeao

En réponse, hier lundi 31 janvier 2022, l’ambassadeur français à Bamako, SEM Joëlle MEYER, a été convoqué par le ministre malien des Affaires étrangères à Koulouba. Une convocation qui a été suivie par une notification de la décision du gouvernement, lui demandant de quitter le sol malien dans les 72 heures qui suivent.

«Cette mesure fait suite aux propos hostiles et outrageux du ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères tenus récemment et à la récurrence de tels propos par les autorités françaises à l’égard des Autorités maliennes, en dépit des protestations maintes fois élevées », précise le communiqué officiel publié à cet effet. « Le Gouvernement du Mali condamne vigoureusement et rejette ces propos qui sont contraires au développement de relations amicales entre nations. Le Gouvernement de la République du Mali réitère sa disponibilité à maintenir le dialogue et poursuivre la coopération avec l’ensemble de ses partenaires internationaux y compris la France, dans le respect mutuel et sur la base du principe cardinal de non-ingérence, conformément aux aspirations légitimes du Peuple Malien », ajoute le même communiqué.

Des antécédents  

Il faut rappeler que c’est la première fois depuis l’avènement de la démocratie dans notre pays, que le pouvoir en place invite un ambassadeur français à quitter le territoire du Mali.

 En octobre 2021, le ministre Abdoulaye Diop avait convoqué l’ambassadeur français après les propos jugés ‘’regrettables et inamicaux’’, tenus par le président Emmanuel Macron à l’encontre des autorités de la transition malienne, pour lui exprimer son mécontentement et son indignation.

En effet, selon des observateurs indépendants, la situation tendue entre le Mali et la France peut s’expliquer par les actions, jugées inefficaces, des forces armées françaises, présentes au Mali dans le cadre de la lutte contre les ennemis de la paix depuis 2012, au temps de l’opération Serval et Épervier.

Rebaptisée Barkhane, en août 2014, l’opération militaire menée au Mali et au Sahel par l’Armée française, avec une aide secondaire d’armées alliées, visant à lutter contre les groupes armés salafistes djihadistes dans toute la région du Sahel, ne semble pas apporter jusque-là les résultats escomptés, aux yeux des populations locales, contraintes au déplacement massif, à cause de l’insécurité grandissante, et des autorités nationales.

On se rappelle, à son début, Barkhane totalisait un effectif de 3000 militaires, 200 véhicules logistiques, 200 blindés, 4 drones, 6 avions de combat, une dizaine d’avions de transport et une vingtaine d’hélicoptères. Le nombre des effectifs a augmenté par la suite : début 2018, 4500 sont mobilisés dans l’opération Barkhane. En février 2020, les effectifs passent de 4500 à 5100 hommes sur le terrain malien et sahélien.

En comparaison de ces importants moyens sur le terrain, les résultats obtenus par la force Barkhane sont alarmants : les groupes armés terroristes continuent de poursuivre leurs opérations de déstabilisation de la région. Deux coups d’Etat enregistrés, au Mali et au Burkina Faso, en moins de deux ans, qui selon plusieurs observateurs, trouvent leur justification dans la mauvaise gestion de la situation sécuritaire et l’inadéquation des réponses apportées par les présidents victimes de coup d’Etat.

En somme, la rupture diplomatique entre Bamako et Paris est la conséquence de manque de résultats de la Force Barkhane sur le théâtre des opérations. Si elle avait réussi, l’on n’en sera pas là.

Ousmane Morba

L’Observatoire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *