Avec une légitime fierté, je constate, salue, soutiens et encourage la renaissance indéniable de notre armée. Nos militaires ont toujours honoré leur serment, malgré les contraintes majeures. Ils ont payé et continuent de payer le prix ultime du sacrifice pour la Nation depuis de longues années en raison de la crise meurtrière qui frappe notre pays.
Ces paroles du Capitaine Sékou Traoré (que son âme repose en paix) illustrent le dévouement des FAMas pour la Nation. En s’adressant aux élèves-maîtres de l’Institut de Formation des Maîtres d’Aguel’hoc en janvier 2012, peu de temps avant la chute du camp militaire et le massacre des valeureux fils du pays, il déclarait à peu près ceci : « Vous serez peut-être épargnés par l’ennemi. Soyez les témoins du sacrifice ultime des soldats du Mali présents ce jour-là à Aguel’hoc. Allez dire partout que nous avons manqué de nourriture et même de munitions, mais jamais de combativité ! »
Je m’incline respectueusement devant la mémoire de nos soldats tombés au champ d’honneur, souhaite un prompt rétablissement aux blessés et loue grandement le sacrifice de ceux qui sont engagés sur le front pour notre sécurité et la sauvegarde de la patrie. Mon soutien envers notre Armée est donc sans équivoque, surtout à un moment où un rapport onusien lui porte de graves accusations.
En tant que citoyen malien, soucieux de justice, la lecture du rapport des Nations Unies sur les évènements de Moura est très troublante. La gravité des faits mentionnés dans le rapport exige notre attention. En tant qu’apprenti technicien des droits humains et familier avec la méthodologie des rapports des Nations Unies, j’invite mes concitoyens à la vigilance et demande que la vérité soit établie.
Bien entendu, il convient de reconnaître que les rapports internationaux ne sont pas toujours irréprochables. Malheureusement, l’histoire nous a souvent montré que les faits peuvent être manipulés pour servir des intérêts divers.
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Cependant, il est important de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Les simples dénégations ne constituent pas une option face à la gravité des allégations. Il est de notre devoir, en tant que nation, de chercher la vérité et de demander que justice soit rendue.
Dans cette optique, il est de la responsabilité du gouvernement de mener à bien les enquêtes en cours et de garantir leur transparence. Même si l’on considère le rapport onusien comme étant partial, on devrait inciter à mener des enquêtes crédibles au sein des juridictions maliennes, notamment par le biais du pôle judiciaire spécialisé, dont la compétence a été élargie pour inclure les faits allégués. La raison est toute simple : personne ne devrait être plus soucieux du bien-être et de la protection des Maliens que l’État malien lui-même.
Nous devons garder à l’esprit que seule la garantie de la justice peut nous permettre de construire une paix durable, où chaque citoyen peut vivre en toute sécurité et où le respect de la vie humaine est une valeur fondamentale.
Les études démontrent que les exactions commises contre les populations civiles les poussent à rejoindre les rangs des terroristes. Cela est illustré par l’enracinement de la crise, qui devient un cycle infernal d’allégations d’atrocités et d’attaques sans fin. Afin de briser ce cycle, il est important d’établir la justice et de mettre fin à l’impunité. Il ne peut y avoir de paix durable si les populations civiles n’ont pas confiance aux forces de sécurité.
Le véritable patriotisme exige que nous défendions nos institutions, que nous protégions la vie humaine et que nous recherchions la vérité, quelles que soient les circonstances. Seul cet engagement envers la justice et la transparence peut garantir une paix durable. La nécessité d’une enquête indépendante n’est donc pas une option, mais une obligation morale et patriotique.
Seule la justice peut désarmer les cœurs envahis de rancœurs nées des frustrations !
Que Dieu nous accorde la sagesse de discerner ce qui est bon et juste pour notre pays ; qu’il nous donne le courage de le défendre et la volonté de le mettre en œuvre en toutes circonstances.
Qu’Allah bénisse le Mali.
Maitre Malick Coulibaly,
Ancien ministre