La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) devient de plus en plus un sujet controversé. Entre ceux qui exigent son départ et ceux qui s’y opposent, l’Etat reste le seul arbitre. Pour le président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH)-Mali, « la présence ou le départ de la MINUSMA n'aura aucun impact sur l'obligation de l'Etat du Mali à respecter ses obligations nationales et ses engagements internationaux en matière de droits humains ».
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Aguibou Bouaré sur le retrait ou non de la MINUSMA : « Aucun impact sur l’obligation de l’Etat »

La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) devient de plus en plus un sujet controversé. Entre ceux qui exigent son départ et ceux qui s’y opposent, l’Etat reste le seul arbitre. Pour le président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH)-Mali, « la présence ou le départ de la MINUSMA n’aura aucun impact sur l’obligation de l’Etat du Mali à respecter ses obligations nationales et ses engagements internationaux en matière de droits humains ».

Alors que le mandat de la MINUSMA expire le 30 juin prochain et que l’on s’achemine vers son renouvellement pour an, des voix s’élèvent ces derniers jours pour exiger son départ. Aussi bien à Bamako que dans certaines capitales régionales ou autres localités, des manifestations à l’instar de Yerewolo Débout sur les Remparts ou les jets de pierres sur certaines patrouilles de la mission deviennent légion. Ce regain de tension contre la mission onusienne s’explique par l’aggravation de la situation sécuritaire ces deux dernières semaines.

En effet, le samedi 22 avril dernier, le Mali a été secoué par une série d’événements qui dépasse l’entendement. Ce jour-là dans la matinée, une attaque à la voiture piégée a visé la base aérienne 102 de Sévaré, mais le véhicule bourré d’explosifs n’a pas atteint sa cible. Le bilan provisoire, selon le chef de l’exécutif régional, fait état de 9 morts et 61 blessés civils, ainsi que de nombreux dégâts matériels. Les blessés ont été admis à l’hôpital Somine Dolo.

Plus tard dans la journée, aux alentours de 13h10, un hélicoptère d’attaque des forces armées maliennes s’est écrasé sur une maison à Missabougou, un quartier résidentiel de Bamako. Les trois membres de l’équipage ont perdu leur vie.

En outre, une attaque terroriste a été dirigée contre une patrouille de ravitaillement de l’armée à Mourdiah, dans la région de Nara, vers 10 heures ce samedi-là, avant d’être neutralisée par les FAMa.

Par ailleurs, il convient de rappeler que plus tôt dans la semaine, soit le 18 avril, un convoi de la mission des œuvres sociales de la Présidence de la République est tombé dans une embuscade sur l’axe Guiré-Nara, faisant quatre morts.

Une certaine opinion y voit derrière ces séries d’attaques la main de la MINUSMA pour s’ériger en acteur incontournable dans la gestion de la crise qui secoue le pays, mais aussi contraindre les autorités de la transition à proroger son mandat. Mais, certains intellectuels, à l’instar du président de la CNDH Mali, ne laissent pas séduire par la rue ou la propagande.

Se prononçant sur la question de la Minusma, en sa qualité de juriste, légaliste, défenseur des droits humains, le président Aguibou Bouaré de la CNDH, rappelle d’entrée de jeu, que la MINUSMA est au Mali suite à une résolution des Nations Unies avec, bien entendu, l’accord du Mali et que son mandat a, du reste, été renouvelé plusieurs fois avec la même autorisation. Jusqu’à preuve du contraire, soutient-il, « le Mali est un Etat membre de l’organisation des Nations Unies », donc soumis à la Charte des Nations Unies.

Pour rafraîchir les mémoires Malien lambda, le président de la CNDH Mali rappelle également que des soldats, policiers et autres membres des Forces de Défense et de Sécurité du Mali ont participé et continuent de participer à des missions des Nations Unies dans d’autres pays à travers le monde.

Certes Aguibou Bouaré dit avoir conscience que la MINUSMA à l’image de toutes les organisations du monde, y compris les États, « n’est pas parfaite ». Mais, « l’on ne devrait pas méconnaître ses efforts accomplis, « par rigueur et honnêteté intellectuelles ». « La critique objective, les observations et autres suggestions sont les droits fondamentaux pour tout citoyen disposant du droit de participer à la gestion des affaires publiques soit personnellement soit par l’intermédiaire de ses représentants légitimes », a-t-il souligné.

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Défenseur des Droits humains comme le devoir le lui impose, le président de la CNDH-Mali reconnaît que manifester pacifiquement, sans troubler l’ordre public, est un droit fondamental, mais « sans imposer la pensée unique ». Allusion est ainsi faite à ceux qui pensent que seule leur voix doit porter sur la question de la MINUSMA, réduisant ipso facto toute voix contraire. On se rappelle qu’à l’opposé des manifestations à Bamako demandant le départ de la MINUSMA, Gao et Tombouctou ont opposé leur niet. Aussi, il est légion de constater que toute personne ou entité qui défend la MINUSMA aujourd’hui est traitée de tous les noms d’oiseaux de mauvais augure.

Pour le président de la CNDH, les procédures réglementaires existent, connues des autorités de la transition, « permettant à un Etat de ne pas renouveler le mandat d’une mission des Nations Unies ». « Je ne peux que m’en tenir à la légalité et contribuer à ne pas induire en erreur ni les autorités ni les populations à majorité analphabète ; c’est cela rendre service à son pays et aux gouvernants », a soutenu Aguibou Bouaré.

Sur la question de la présence ou le départ de la MINUSMA, le président de la CNDH-Mali est formel, cela « n’aura aucun impact sur l’obligation de l’Etat du Mali à respecter ses obligations nationales et ses engagements internationaux en matière de droits humains ». Car, des structures internationales comme le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies, et le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme disposent des mécanismes appropriés pour continuer à veiller sur le respect et la protection des droits de l’Homme même dans les pays où n’existent pas de missions multidimensionnelles pour le maintien de la paix et la stabilité.

« Cela doit être compris afin que les non avertis ne se fassent pas d’illusions sur l’importance des missions de respect et de protection des droits de l’Homme », a martelé Aguibou Bouaré.

La conviction, estime le président de l’institution des Droits de l’Homme, demeure que le Mali a « besoin de synergie d’actions avec tout partenaire crédible pour mieux lutter contre le terrorisme dans le respect des droits de l’Homme et du droit international humanitaire ».

La voix du président de la CNDH-Mali sera-t-elle audible ? Les prochains jours nous édifieront.

 Cyril Adohoun

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