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Arrêté d’interdiction du Gouverneur de Bamako : Mépris des droits constitutionnels et recul de la démocratie au Mali

Communiqué de presse conjoint de 51 Organisations de défense de droits humains et Association de victimes

Bamako, le 07 Décembre 2018: Nos organisations de défense de droits humains et Associations de victimes condamnent fermement la récente décision du Gouverneur du District de Bamako d’interdire des manifestations et réunions publiques au nom de l’instauration de l’état d’urgence en 2015 qui constitue une mesure disproportionnée et en violation flagrante de la constitution malienne et des engagements internationaux du Mali.

Hier, 06 décembre 2018, le Gouverneur du District de Bamako a fait publier un arrêté (N°057 /GBD.CAB daté du 04 décembre 2018) « portant réglementation de certaines zones et lieux sensibles dans le District de Bamako») venant interdire toute manifestation dans la plupart des lieux habituellement dévolus à l’expression publique. Cet arrêté intervient après l’annonce de plusieurs manifestations pacifiques dont celle des organisations de défense de droits humains et Associations de victimes prévue le 11 décembre 2018.

Nos organisations considèrent cet acte comme gravissime et attentatoire aux libertés de réunion, d’expression et de manifestation consacrées à l’article 5 de la constitution du Mali et à l’article 20 de la déclaration Universelle des droits de l’Homme qui prévoient le droit à la réunion et association pacifique. L’invocation de l’instauration de l’état d’urgence décrété en 2015 pour interdire de telles manifestations pacifiques, constitue une mesure disproportionnée par rapport à des droits fondamentaux. Cet acte est de nature à mettre en péril la démocratie malienne chèrement acquise en 1991 au prix du sang.

Nos organisations prennent pour témoins l’opinion nationale et internationale de la velléité affichée du Gouvernement du Mali de porter un coup dur aux libertés fondamentales et à la démocratie.

Nos organisations demeurent profondément préoccupées par les atteintes récurrentes aux libertés de presse, d’expression et de manifestation sous le couvert de l’état d’urgence appliqué de façon discriminatoire et sélective.

Nos organisations regrettent en particulier qu’au lieu d’apporter des réponses adéquates, de se montrer ouvert au dialogue face à la contestation sociale actuelle et aux revendications légitimes, le Gouvernement multiplie les réactions, réformes et décisions impopulaires, illégitimes, voire illégales à certains égards.

Nos organisations exhortent le Président de la République, le Premier ministre à engager le dialogue avec toutes les forces vives de la nation, notamment la société civile, les syndicats et les partis politiques de tout bord dans un souci d’apaisement.

Nos organisations restent convaincues que le dialogue social mené de façon pédagogique dans le cadre du règlement des conflits sociaux et politiques est gage d’un climat de paix au Mali et de renforcement de confiance des citoyens dans les institutions.

Fait à Bamako, le 07 décembre 2018

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