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Coup de force du 25 mai 2021 : Et si Bah N’Daw parlait ?

Alors que c’est la version des militaires qui fait foi jusqu’ici dans le dossier du coup de force du 25 mai dernier, celle du président destitué de la Transition, Bah N’Daw, est la partie immergée de l’iceberg que la soldatesque de Kati tente de cacher.

Démis de leurs prorogatives de Président et de Premier ministre de la Transition, Bah N’Daw et Moctar Oaune vivent en résidence surveillée, depuis leur libération à Kati. La junte au pouvoir, dirigée par Colonel Assimi Goïta, a avancé une kyrielle d’arguments accablants, faisant du Président de la Transition l’obstacle au bon déroulement du processus de la Transition.

Dans sa première sortie à la suite du coup d’Etat, l’homme fort de Kati, aujourd’hui Président de la Transition, jette l’anathème sur Bah N’Daw qui a, selon lui, « dans la foulée et de façon unilatérale, accepté la démission du gouvernement et reconduit immédiatement le premier ministre avec pour mandat d’aller à la formation d’un nouveau gouvernement ».

La conséquence a été, poursuit Colonel Goïta, une consternation générale marquée par la persistance des grèves de l’Union nationale des Travailleurs du Mali (UNTM), dont l’issue est finalement une grève illimitée. Cet état de fait constitue une véritable asphyxie de l’économique malienne et partant, la garantie d’une instabilité aux conséquences incommensurables.

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Et le nouveau locataire de Koulouba d’accabler l’ex-Président de la Transition, arguant que dans les démarches de constitution d’un nouveau gouvernement, le premier ministre nouvellement reconduit a établi une liste de gouvernement en accord avec le président de la Transition sans concertation avec lui, le vice-président, en charge des prérogatives à lui conférées par la charte à savoir la Défense et la Sécurité.

« Une telle démarche témoigne d’une volonté manifeste du président de la transition et du premier ministre d’aller vers une violation de la charte de transition, contrairement au serment prêté lors de son investiture le 25 septembre 2020 », martèle Colonel Goïta, jusqu’à alors Vice-Président.

En conférence de presse, le mercredi 26 mai 2021, le Commandant Baba Cissé, alors Conseiller spécial du Vice-Président Assimi Goïta, est revenu à la charge contre le Président déchu.

« À chaque fois que le Vice-Président Assimi Goïta a pris des initiatives allant dans le sens du renforcement de la sécurité de nos concitoyens, il en était empêché par le Président Ba N’Daw officiellement et officieusement. Quand le Colonel Assimi Goïta a demandé que soient poursuivies les personnes qui ont détourné une partie de l’argent destinée à la loi d’orientation et de programmation militaire ( LOPM ), il n’a pas été entendu. Lorsque le Vice-Président a demandé à ce qu’une enquête soit ouverte pour poursuivre les délinquants en col blanc du régime IBK, cela ne s’est pas fait, il a été bloqué dans son initiative », avait justifié Commandant Cissé.

Ces accusations font de Bah N’Daw l’oiseau de mauvais augure, un traitre qui veut saboter le processus. Entre la stabilité et le chao, il faut choisir la stabilité, a justifié le nouvel homme fort de Koulouba. Ce qui sous-entend que Bah N’Daw symbolisait jusque-là le « chao» vers lequel la Transition se dirigeait si rien n’est.

En résidence surveillé, l’ex-Président de la Transition serait réduit au silence, même si d’aucuns clament qu’il est en liberté. Des sources bien introduites nous ont confié qu’il n’a jamais été démis.

  » C’est le Président Bah N’Daw même qui, ne supportant pas la pression de la junte, a décidé de jeter l’éponge. Des personnalités civiles et militaires l’ont vainement supplié à rester aux affaires mais d’accepter de faire démissionner Ouane  », a-t-on recoupé. Mais pour Bah N’Daw, jamais il ne courbera l’échine face aux jeunes juste sous prétexte qu’ils l’ont hissé à la présidence. Et, un jour proche, un de ses proches persifle qu’il parlera pour rétablir son honneur.

Cyrille Adohoun

Le SOFT

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