L’esclavage des enfants devient de plus en plus préoccupante en Afrique, malgré les efforts des gouvernements. Au Mali, le constat est amer au regard du contexte sécuritaire. La Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH)-Mali n’a pas tardé à inviter le Gouvernement de la transition à mettre les bouchées doubles contre le phénomène.
Le 16 avril 1995, un jeune Pakistanais de 12 ans nommé Iqbal Masih a été assassiné pour avoir dénoncé l’esclavage des enfants. Vendu par ses parents à l’âge de quatre ans, il a été réduit à l’état d’enfant-esclave pendant six ans avant de s’échapper et de devenir un militant pour les droits de l’homme. Chaque année depuis sa mort, la journée mondiale contre l’esclavage des enfants est célébrée en hommage à Iqbal Masih et pour rappeler au monde que l’esclavage des enfants est toujours une triste réalité dans de nombreuses régions.
L’objectif de cette journée est de sensibiliser le public à l’existence de formes contemporaines d’esclavage telles que la traite des êtres humains, l’exploitation sexuelle, le travail des enfants, les mariages forcés et le recrutement forcé d’enfants dans les conflits armés.
Quid de l’Afrique ?
L’esclavage des enfants en Afrique est une réalité cruelle et inacceptable qui persiste dans de nombreux pays malgré les efforts des organisations internationales pour y mettre fin. Le 16 avril de chaque année, la Journée Mondiale contre l’Esclavage des Enfants est célébrée pour sensibiliser le monde à cette question et faire pression sur les gouvernements pour qu’ils prennent des mesures concrètes pour protéger les enfants de cette forme de violence et de traite.
Les enfants sont souvent vendus ou enlevés par des trafiquants pour être utilisés dans des travaux forcés, des mariages forcés
L’Afrique est l’une des régions les plus touchées par cette pratique honteuse. Selon les estimations de l’Organisation internationale du travail, près de 10 millions d’enfants travaillent dans des conditions dangereuses en Afrique subsaharienne, tandis que l’UNICEF estime que 1 enfant sur 4 est victime de travail forcé dans certains pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale.
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Le Niger est un autre pays africain où l’esclavage des enfants est une pratique courante. Les enfants y sont souvent vendus à des trafiquants pour être utilisés dans des mines d’or ou dans des plantations de coton. Les filles sont souvent victimes de mariages forcés ou de prostitution.
Au Bénin, les enfants sont souvent envoyés dans des familles d’accueil pour travailler comme domestiques. Cette pratique est appelée « vidomegon » et est considérée comme une tradition. Les enfants sont soumis à des travaux pénibles et sont souvent maltraités.
Constat amer de la CNDH- Mali
Selon Aguibou Bouaré, président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) au Mali, dans sa déclaration à l’occasion du 16 avril 2023, l’esclavage moderne est un terme générique qui couvre des pratiques telles que le travail forcé, la servitude pour dettes, le mariage forcé et la traite des êtres humains. Ces pratiques sont souvent le résultat de menaces, de violence, de coercition, de tromperie et/ou d’abus de pouvoir, et les victimes sont souvent incapables de refuser ou de quitter leur situation.
Le Mali est l’un des pays les plus touchés par cette pratique. Des milliers d’enfants y sont contraints à la mendicité ou sont vendus comme esclaves domestiques. De nombreux enfants maliens sont également victimes de déplacements forcés suite aux conflits qui secouent le pays depuis plusieurs années. La situation est d’autant plus préoccupante que l’esclavage moderne n’est pas encore défini dans la loi malienne.
Au Mali, la journée Mondiale contre l’esclavage des enfants est célébrée dans un contexte où des milliers d’enfants sont dans les rues pour mendier, soit pour leurs parents, soit pour leurs maîtres. Ces enfants sont également victimes des déplacements forcés suite aux conflits multiformes que le Mali connaît. Cette pratique, assimilable à la traite des personnes, est interdite par l’article 4 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui stipule que « Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude ; l’esclavage et la traite sont interdits sous toutes leurs formes ».
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Pour cette occasion, la CNDH invite le gouvernement à lutter contre le travail des enfants, prendre toutes les dispositions adéquates pour mettre à l’abri de toute forme d’esclavage les enfants victimes de déplacement forcé, et prendre des dispositions pour lutter contre la mendicité des enfants. Pour la CNDH, la protection des droits de l’homme est une responsabilité partagée.
Nécessité de renforcer les lois
En fin de compte, la journée mondiale contre l’esclavage des enfants est une occasion de se rappeler que l’esclavage des enfants est toujours une réalité dans de nombreuses régions du monde et que des actions doivent être prises pour éradiquer cette pratique inhumaine. Il est important de se rappeler la vie d’Iqbal Masih et de continuer à travailler pour un monde où tous les enfants peuvent vivre en sécurité et en liberté.
Les gouvernements africains ont pris des mesures pour lutter contre l’esclavage des enfants, mais il reste beaucoup à faire pour éradiquer cette pratique. Les lois doivent être renforcées et appliquées de manière stricte, les trafiquants doivent être poursuivis et les victimes doivent être protégées et soutenues.
Les organisations internationales et les ONG travaillent également pour sensibiliser le public à cette question et pour aider les enfants victimes de l’esclavage à retrouver leur liberté et leur dignité. Les gouvernements, les entreprises et la société civile doivent unir leurs forces pour mettre fin à l’esclavage des enfants en Afrique et dans le monde entier. C’est une question de justice et de droits de l’homme, mais surtout, c’est une question de respect de la dignité humaine et de l’enfance.
Cyril Roc DACK/ Icimali.com